La Croyance Toute croyance est-elle irrationnelle ? Tweeter !function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+'://platform.twitter.com/widgets.js';fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document, 'script', 'twitter-wjs');

  • Cours et Etudes d'oeuvres
  • La Croyance

Introduction

I- la croyance comme insuffisamment fondée et opposée au savoir

II- La croyance comme assentiment

A- Les diverses formes de croyance analysées ci-dessus ne peuvent être dites toutes irrationnelles (en tout cas pas au même degré !)

B- La croyance comme assentiment –en quel sens la croyance peut être dite irrationnelle

III- Comment sauver les croyances les plus irrationnelles de l’absurdité ?

A- Est-ce que la croyance inductive est contraire aux normes logiques les plus élémentaires ?

B- Quelles croyances peuvent alors être dites irrationnelles ?

Annexe I : l’explication de la religion chez Marx et Nietzsche

Annexe II : l’argument du pari de pascal

Bibliographie

La croyance, communément, est assimilée à une attitude " irrationnelle ", i.e., contraire à la raison.

Exemples : " je crois aux soucoupes volantes " ; " je crois qu’il existe des filtres magiques pour séduire les femmes "… ; cf. aussi les croyances religieuses, les superstitions, les miracles, la crédulité, etc.

Quand elle n’est pas à proprement parler irrationnelle, elle est de toute façon critiquée, en tant qu’elle s’oppose au savoir, de deux manières possibles :

  • soit elle est un faux savoir  : exemple : " dans l’Antiquité, on croyait que la terre était immobile au centre du monde ; aujourd’hui, on sait que la terre tourne autour du soleil " (NB : ici, le sens du mot croyance est proche du premier sens)
  • soit elle est un savoir douteux  : " je crois qu’il va pleuvoir " ; " je crois que Jeanne va venir ce soir " (sous-entendu : je n’en suis pas certain  ; j’en suis plus ou moins certain).

On nomme la première forme de croyance (celle qui est proprement irrationnelle) superstition , ou crédulité . On nomme la seconde, plus précisément, opinion . Ce qui est commun à ces deux espèces de croyances, c’est qu’on ne semble pas avoir de raisons, ou bien pas de raisons suffisantes, en tout cas, de croire.

La question initiale, celle de savoir si toutes les croyances sont irrationnelles, peut donc se prendre en un double sens  : les croyances peuvent être dites irrationnelles parce qu’elles sont absurdes , et parce qu’elles s’opposent à la raison, ou bien parce qu’elles sont insuffisamment fondées , parce qu’on n’a pas de raisons suffisantes pour y adhérer.

Nous allons donc nous demander si toute croyance est automatiquement, de par sa nature même de croyance, absurde et/ ou insuffisamment fondée. Toute croyance est-elle dénuée de raison ?

I- la croyance comme insuffisamment fondée et opposée au savoir  

Pourquoi dit-on généralement que la croyance est irrationnelle, comme si une croyance, du fait même d’être une croyance, était irrationnelle ? Pour le savoir, il nous suffit de définir la croyance. Nous allons voir qu’elle est quelque chose de négatif.

Il y a plusieurs sens du mot " croyance " :

Au sens large, on peut définir la croyance comme suit : c’est un état mental qui porte à donner son assentiment à une certaine représentation, ou à porter un jugement dont la vérité objective n’est pas garantie et qui n’est pas accompagné d’un sentiment subjectif de certitude. En ce sens, elle est synonyme d’ opinion .

Croire quelque chose, c’est donc, semble-t-il, assentir à quelque chose, sans pourtant en être certain. La croyance, dans son acception générale, s’oppose donc au savoir en tant qu’elle est seulement plus ou moins vraie (= probable).

Ainsi peut-on faire varier les degrés de croyance selon le rapport entre la garantie objective et la conviction subjective (et ces degrés iront du moins certain au plus certain) :

On voit donc, à travers ce tableau, que les représentations auxquelles on accorde sa créance sont plus ou moins garanties, et qu’on croit plus ou moins fermement ce que l’on croit, avec un sentiment subjectif qui peut aller de l’incertitude complète à la certitude totale. A chaque fois, il y a un certain écart entre les données et garanties objectives , et le sentiment subjectif par lequel on adhère (croit) à ces données. Les croyances sont alors plus ou moins fondées, mais, à ce qu’il semble, elles ne sont jamais entièrement fondées.

La croyance est donc négative et irrationnelle du fait qu’elle est un faux savoir, et un savoir insuffisamment fondé. La croyance est synonyme, dans le pire des cas, de superstition, et dans le meilleur des cas, d’opinion. Elle est ainsi irrationnelle au sens où elle est une adhésion à une idée fausse (sorte d’illusion), ou bien à une idée peu probable ou très incertaine. La plupart du temps, en effet, il semble que nous n’avons aucune raison ou en tout cas aucune raison valide, d’adhérer à ce à quoi nous croyons.

On peut appeler cette conception de la nature de la croyance une épistémologie dogmatique. Ses deux plus grands représentants sont : Platon (partie II) ( République , Livre VII) et Descartes ( Règles pour la direction de l’esprit , et Méditations métaphysiques , Méditation première). Si chez Platon, en effet, savoir et croyance s’opposent strictement (notre croyance ne peut être savoir et notre savoir ne peut être une croyance), chez Descartes, il en va de même : ainsi décide-t-il, pour rechercher la vérité, de faire comme si ce qui est seulement probable (même très probable) était faux.

A- Les diverses formes de croyance analysées ci-dessus ne peuvent être dites toutes irrationnelles (en tout cas pas au même degré !)

Nous venons de dire que toutes les croyances sont plus ou moins irrationnelles, car elles ne sont jamais entièrement fondées. Mais insistons maintenant sur le " plus ou moins ", qui est ici important. On montrera alors qu’il y a quand même y avoir une différence entre :

  • croire qu’il va pleuvoir alors que l’on voit des nuages arriver, ou que la météo l’a annoncé la veille, et qu’on est au mois de mars
  • croire qu’il va pleuvoir alors qu’on est en plein désert en plein été ou que la météo a annoncé un vaste anticyclone.

Plus encore, entre croire (1) ou même (2), et

(3) croire que les soucoupes volantes existent alors que je sais que la science contredit toute possibilité d’existence ailleurs que sur la terre…

Si notre dernier exemple paraît effectivement contraire à la raison , en tant qu’il est dénué de toute raison et repose même sur une contradiction, le premier exemple paraît quand à lui rationnel. On ne peut comprendre comment on peut croire, adhérer à une représentation, tout en sachant pertinemment qu’elle est fausse, qu’elle est improbable, alors qu’on peut tout à fait comprendre qu’on puisse adhérer à une représentation probable, qui repose sur des données objectives. On ne se contredit que dans le premier cas, qui seul est absurde.

C’est qu’il ne faut pas se tromper d’adversaire : de quelle(s) croyance(s) parlons-nous effectivement, quand nous décrétons les croyances ou le phénomène de croyance irrationnel (le)s ? Il ne s’agit en fait pas, nous allons le montrer, de toute croyance. Le phénomène de la croyance n’est en lui-même nullement opposé à la raison ou au savoir.

B- La croyance comme assentiment –en quel sens la croyance peut être dite irrationnelle

La croyance s’oppose-t-elle nécessairement au savoir ? Est-elle nécessairement irrationnelle ? Pour répondre à cette question, analysons le texte suivant de Hume :

Dans ce texte, Hume définit la croyance. Elle n’est autre que la propension de l’esprit à affirmer ce qu’il conçoit. Il ajoute que ce caractère essentiel des croyances fait qu’elles ont un lien essentiel avec nos actions  : le rôle des croyances est de produire des actions, des comportements.

Toute croyance a donc deux caractéristiques essentielles : elle est à la fois

  • une idée vive associée à une impression présente, et

2) une propension à l’action (c’est-à-dire : une croyance est une attitude, qui se " voit " dans votre comportement quotidien –cela signifie que la croyance est un des " moteurs " de notre action et donc de la vie).

1) La croyance comme assentiment

Analysons le premier point, et ses conséquences sur la distinction faite dans la première partie entre " croire " et " savoir ". La croyance n’est autre que la façon dont agissent sur nous certaines idées. Certaines idées font sur nous l’effet d’être vraies, et d’autres, l’effet d’être fausses ou fictives.

Nous affirmons les premières sortes d’idées, et nous rejetons les secondes. Hume ne dit pas que les premières sont des connaissances et les secondes des croyances, comme on pourrait, suite à la première partie, s’y attendre. Il définit au contraire les premières sortes d’idées comme des croyances, et les secondes, comme des fictions de l’imagination, des rêves, etc. Croire, c’est le mécanisme de notre esprit par lequel nous tenons quelque chose pour vrai.

Ainsi, par exemple, quand je lis un livre d’histoire, je crois que ce que l’on me raconte a réellement existé ; mais quand je lis un conte de fées, je ne crois pas ce que l’on me raconte, je " sens " que ce n’est qu’une fiction. Ou encore, je " sens " qu’une théorie scientifique est " vraie ", alors qu’un mythe n’est qu’une fiction.

Si donc on considère la croyance comme consistant à tenir quelque chose pour vrai, comme la qualité de l’esprit qui nous fait assentir à quelque chose, elle peut tout à fait être opposée comme être en accord avec le savoir. Parfois, nous assentons à quelque chose avec une garantie objective, parfois non. C’est tout ! Ce n’est pas la croyance en tant que telle qui est opposée au savoir ou qui est irrationnelle, mais seulement certaines croyances.

La croyance ne consiste donc nullement, en soi, à adhérer à quelque chose sans en être certain.

On peut même dire que savoir et croyance ne se dissocient pas :

  • on ne peut savoir quelque chose sans y croire : en ce sens, le savoir n’exclut pas la croyance, et repose même en un certain sens sur elle (je ne peux pas " savoir " que la terre tourne autour du soleil, si je n’y " crois " pas !)
  • mais encore, notre croyance peut être un savoir, par exemple dans le cas des croyances scientifiques (ibido)

2) La croyance comme propension à l’action –exemple : l’induction

Pour étudier le second point, nous allons prendre l’exemple privilégié par Hume dans ses écrits : il s’agit de l’induction. C’est la croyance qui est à la base de toutes nos actions quotidiennes, et qui est donc empirique (elle concerne l’expérience).

La plupart de nos comportements reposent sur la croyance en l’uniformité et en la régularité du cours de la nature, et sur la confiance en cette régularité : telles causes ayant causé tel effet dans le passé, et ayant jusqu’à maintenant produit tel effet, elles produiront toujours, à l’avenir, tels effets.

Ainsi, étant donné que j’ai toujours constaté que le feu brûle, je ne vais jamais approcher ma main sur le feu, car je " sais " (je crois, plutôt !) que le feu brûle.

Cette tendance de l’esprit, fondée sur l’habitude, est la croyance. La croyance causale est ce qui fait que vous pouvez avec tant d’assurance sortir de chez vous pour aller attendre votre bus à un arrêt de bus (car qui vous dit qu’en vous plaçant à tel endroit vous allez pouvoir prendre un bus, sinon la croyance en l’uniformité du monde) ? Ou bien, pour reprendre l’exemple ci-dessus, c’est ce qui vous fait emporter votre parapluie quand le bulletin météo annonce de la pluie (même si ce n’est que probable : la météo se trompe, finalement, assez souvent, mais ce qu’elle nous dit du temps ne repose pas sur des données subjectives, comme la magie, mais sur des données objectives, comme la science).

Problème : cette croyance, nous montre Hume, est irrationnelle. En quel sens ? Au sens où elle n’est pas fondée sur des raisons ou ne repose pas sur un raisonnement valide. En effet (cf. cours théorie et expérience, première partie, pour plus de détails), dans ce raisonnement, nous allons du particulier au général. Logiquement, il n’est donc pas valide. Ce n’est pas parce qu’on a toujours vu quelque chose, parce qu’on a l’habitude de quelque chose, que cette chose va se reproduire infailliblement. Nous n’avons donc, apparemment, pas de bonnes raisons d’avoir cette croyance. Elle est donc irrationnelle.

NB : attention ! vous voyez ici que si la croyance est tenue pour être irrationnelle, ce n’est pas au sens où elle est absurde, et du côté du délire, de la crédulité, de la superstition. C’est parce qu’elle ne repose pas sur un raisonnement valide, parce qu’elle n’est pas suffisamment garantie rationnellement, et donc, parce qu’elle s’oppose au savoir.

3) Le caractère passif et involontaire de la croyance –la distinction entre " cause " et " raison " de la croyance

Mais il y a une autre raison pour laquelle la croyance peut être tenue, si on s’en tient à la définition humienne, pour irrationnelle. Comment en venons-nous à croire que les mêmes causes produisent les mêmes effets, et à avoir confiance en l’expérience ? Ce n’est vraisemblablement pas par décision ; je ne me dis pas : " tiens, j’ai constaté que les mêmes causes produisent les mêmes effets, donc, je vais croire en l’uniformité de la nature ". Cette réflexion, vous pouvez bien sûr la faire, mais je pense qu’elle est seconde par rapport à votre croyance. Ie : vous pouvez l’avoir, quand vous réfléchissez sur les fondements de votre croyance. Mais dans la vie, vous n’allez pas réfléchir sur vos croyances. La croyance, vous l’avez, c’est tout. Ie : vous ne décidez pas de l’avoir, vous ne pouvez rien y faire du tout. Certaines données, certaines représentations, à force de se reproduire, vont tout simplement agir sur vous d’une manière tellement forte (c’est la force de l’habitude "), que vous allez y croire. Vous n’en êtes même pas spécialement conscients.

Bref : la croyance ne se forme pas par décision volontaire , mais par l’effet de mécanismes naturels dont la base est constituée par les impressions reçues par l’esprit. Elle échappe donc au contrôle du sujet. C’est en ce sens qu’elle paraît effectivement être irrationnelle : elle n’a pas son origine dans la raison, mais elle est causée .

Il convient ici de nous arrêter sur cette distinction entre la cause et la raison des croyances.

  • La cause des croyances : mode d’explication de nos actions ou représentations qui recourt à des causes, ie, à quelque chose d’extérieur à l’agent, qui agit sur lui sans qu’il y puisse quelque chose, et sans même qu’il en soit conscient ; c’est irrationnel car ce n’est pas le sujet qui est à l’origine des effets causés.
  • La raison des croyances : on dit qu’une action ou une représentation a des raisons, et non des causes, quand l’agent en est l’origine, quand il peut en donner des " motifs " : " j’ai fait ou je pense cela, parce que (= raison, motif) ". Ici, l’agent décide de ces motifs et raisons, elles ne lui viennent pas de l’extérieur. Le savoir scientifique entrerait dans cette catégorie, car il est acquis de manière critique.

Quand on peut donner des raisons ou des motifs à une action ou à une représentation, on les dit alors "  justifiées  " ; par contre, quand on ne peut en donner que des causes, on les dit seulement " expliquées  ". Faites donc bien attention : le terme d’expliquer s’applique aux actions et représentations dont on cherche les causes.

Exemple :

Le géocentrisme, in cours révolution copernicienne : ici, non seulement nous sommes habitués à cette croyance selon laquelle la terre ne tourne pas, mais cette croyance est encore liée à d’autres croyances, qui peuvent être des causes de cette croyance

III- Comment sauver les croyances les plus irrationnelles de l’absurdité ?

A- Est-ce que la croyance inductive est contraire aux normes logiques les plus élémentaires ?

Les croyances semblent donc être irrationnelles. Mais ne nous y trompons pas.

Reprenons la croyance inductive tant critiquée par Hume. Est-elle irrationnelle, au sens, cette fois, où elle serait contraire aux règles élémentaires de la logique, c’est-à-dire encore, absurde ? Est-il irrationnel d’adhérer à quelque chose de probable, et de fortement probable ? Ne serait-il pas plutôt irrationnel de refuser ce principe ?

Même Hume, finalement, ne peut pas s’opposer à l’affirmation selon laquelle nos inductions passées nous fournissent des raisons de croire en quelque chose de probable. Nous avons quand même des raisons, et des bonnes raisons, de croire en quelque chose de probable ! Plus quelque chose arrive régulièrement, et s’est passé de multiples fois, dans des circonstances diverses, etc., plus nous avons de " raisons " (…) de croire en elles. Plus elles sont donc rationnelles. Pourquoi la rationalité serait-elle tout entière dans le mode déductivement valide de raisonnement ?

De plus, en ce qui concerne les croyances que nous sommes " causés " à avoir, et que nous n’acquérons donc pas rationnellement, en connaissance de cause, ne faut-il pas dire que, si elle ont des causes (sociales, en général), c’est qu’elles sont explicables, et ont un sens ? Certes, on ne les choisit pas, et sont en ce sens là irrationnelles. Mais elles ne sont pas irrationnelles au sens d’absurdes. Elles le seraient si les croyances en vigueur dans la société où apparaissent ces croyances sont en contradiction avec la nouvelle, ou si le sujet entretient d’autres croyances absolument contradictoires. Ainsi peut-on sauver les croyances comme le géocentrisme (cf. ci-dessus, et cours révolution copernicienne) de l’absurdité, et donc, en ce sens, de l’irrationalité.

B- Quelles croyances peuvent alors être dites irrationnelles ?

Ce qui fait problème, ce n’est donc pas de savoir comment des gens peuvent croire des choses qui bénéficient de preuves, ou même qui sont probables : cela n’est pas opposé au savoir, et est rationnel, puisque nous avons alors des raisons d’assentir/ de croire.

Mais comment les gens peuvent croire des choses incroyables, et des choses qu’ils savent être incroyables ? Comment l’esprit peut-il adhérer ce qu’il tient comme faux et improbable ? Ici, il y a contradiction logique. C’est de ce phénomène que l’on parle donc quand on critique les croyances, quand on en parle en un sens négatif.

Nous allons maintenant analyser les croyances qui paraîtraient être irrationnelles au sens de proprement contraires aux normes logiques élémentaires. Chaque fois, nous essaierons de voir si, comme précédemment avec l’induction et le géocentrisme, nous pouvons trouver un moyen de les sauver de l’absurdité.

1) Exemple 1 : l’intempérance  

Partons d’un exemple : vous décidez que, étant donné que vous devez maigrir, à la fois pour être en bonne santé et pour être beau, il est préférable de ne pas manger de gâteaux au chocolat, et qu’il vaut mieux vaut manger de la salade ; les plats arrivent, et, bien que sachant distinguer ce qui est bien et ce qui est mal, vous choisissez le gâteau.

a) Caractère irrationnel de l’intempérance

C’est ce qu’on nomme la " faiblesse de la volonté ", ou l’" intempérance " : cas dans lesquels on décide qu’une action est la meilleure et qu’on n’accomplit pas cette action, mais qu’on accomplit la pire. On croit a, mais on décide pourtant d’agir conformément à a.

b) Comment sauver ce comportement de l’irrationalité?

Pour rendre compte de cette " contradiction ", de cette irrationalité, on explique en général cette attitude en recourant à la passion  : la volonté de l’agent intempérant est faible parce qu’elle est soumise à un désir plus fort, et l’agent qui se trompe lui-même le fait parce que, ayant une certaine croyance, il désire avoir la croyance opposée. Cette attitude est irrationnelle parce que la raison est ici absente ou soumise au désir, aux passions.

Dans cet exemple, l’irrationalité de l’acte est plus ou moins sauvée, par ce recours à la passion et aux désirs. Elle est sauvée au sens où dès lors, l’acte a une explication. Il se fonde sur des causes. Il n’est pas irrationnel au sens où il est contradictoire, insensé. Mais seulement au sens où il est passif. Ce qui, somme toute, n’est qu’une irrationalité faible.

Prenons un exemple où l’irrationalité semble cette fois plus forte.

2) Exemple 2 : l’illusion amoureuse  

a) Caractère irrationnel de l’illusion amoureuse

Prenons maintenant un autre exemple, tout aussi courant que le premier. Un amoureux transi croit que la femme qu’il aime ne l’aime pas, et il a de bonnes raisons de le croire (elle lui renvoie ses lettres, refuse de le voir, etc.). Mais il croit en même temps qu’elle l’aime, et s’obstine à lui écrire, à lui envoyer des fleurs, etc.

Ici, l’agent a une croyance irrationnelle car il croit en même temps que p et non p. Il y a véritable irrationalité, au sens de remise en question des règles élémentaires de la logique.

b) Comment sauver ce comportement de l’irrationalité ?

Pourtant, on peut tenter une fois encore d’expliquer cette croyance par le recours à la passion : le jeune homme amoureux a simplement " mis entre parenthèses ", ou repoussé, la croyance que l’objet aimé ne l’aime pas, et " mis en avant " la croyance qu’elle l’aime.

Soit. Mais ces croyances sont quand même irrationnelles : quand même, comment l’agent peut-il croire une proposition et continuer de croire la proposition contradictoire ? Comment un seul et même esprit peut continuer d’entretenir ces deux croyances ?

Solution : le recours à la théorie freudienne de l’ inconscient  : il faut scinder l’esprit en deux et supposer que l’une des deux parties " trompe " l’autre. Ainsi, il y aurait en notre esprit des croyances conscientes et des croyances inconscientes. Les croyances inconscientes seraient refoulées et par conséquent soustraites à la conscience. Dès lors, on peut comprendre que quelqu’un puisse croire à la fois que p et que non p. Il n’est pas conscient de cette contradiction. Nulle absurdité, ici : cette attitude a bien un sens.

Problème, toutefois, de cette solution : ne faut-il pas supposer alors que l’inconscient est conscient, puisqu’il ment ? Cf. la critique sartrienne de l’inconscient freudien : la mauvaise foi, in cours sur l'Inconscient . Mais Sartre estime encore parvenir à expliquer ces attitudes troublantes dans lesquelles la croyance semble contradictoire.

Quant à lui, P. Engel, dans son article sur Les croyances , décrit la croyance contradictoire de notre deuxième exemple comme incluant non seulement deux croyances mais également deux attitudes distinctes du sujet vis-à-vis de ses croyances : l’une des croyances est non volontaire et causée par l’évidence empirique (la jeune fille n’aime pas le jeune homme), alors que l’autre est volontaire et fait l’objet d’une acceptation (la jeune fille l’aime). C’est le fait de vouloir croire la deuxième croyance, contradictoire par rapport à la première, qui est ici irrationnel. Toutefois : cette attitude n’est pas nécessairement irrationnelle au sens où elle peut avoir des raisons subjectives . Ces raisons subjectives sont : l’amour du jeune homme, l’espoir que la jeune fille puisse un jour l’aimer en retour : sorte d’auto-défense psychologique (= ne pas déprimer, ne pas se suicider)…

Si donc on est ici en présence d’une croyance irrationnelle, son irrationalité est, dirons-nous encore, " faible ". Elle n’est en effet nullement absurde, car elle s’explique et se fonde même sur l’individualité/ subjectivité de celui qui l’entretient.

3) Exemple 3 : que faire des croyances religieuses ?

Enfin, il nous faut aborder ici les croyances religieuses. On les déclare en effet souvent irrationnelles. Pourra-t-on les sauver, comme on vient plus ou moins de sauver de l’irrationalité, en tout cas, au sens d’absurdité, les deux modes de croyances précédents ?

Pour y répondre,

a) Demandons-nous d’abord pourquoi les croyances religieuses sont dites irrationnelles.

C’est que celui qui croit en Dieu ne semble avoir, pour un observateur extérieur, aucune bonne raison de croire en son existence :

  • il n’y a en effet aucune donnée empirique certaine : les seules que le croyant essaie d’avancer en faveur de l’existence de Dieu peuvent en effet toutes être contestées – ces données sont : les témoignages de ceux qui ont " vu ", les prophètes, les mystiques, ou les témoins des miracles (religion révélée) ; ou bien l’ordre et l’arrangement harmonieux du monde (théologie naturelle)
  • il n’y a de plus aucune preuve démonstrative certaine (théologie rationnelle).

Pour ces deux points, reportez-vous à l’exposition et à la critique que j’en ai faite dans le cours sur la religion.

S’il n’y a aucune preuve évidente de l’existence de Dieu, alors, la foi religieuse est au mieux seulement probable, et en général, d’une probabilité infiniment faible. Dès lors, il semble que la croyance religieuse fasse partie de nos croyances les plus irrationnelles. Elle serait en effet une sorte d’auto-aveuglement (ou aveuglement volontaire). On croirait en Dieu parce qu’on veut/ désire y croire, malgré le manque de données évidentes en faveur de cette croyance. On adhérerait à quelque chose qu’on " sait " en même temps infiniment peu probable.

Il semble alors que la religion est irrationnelle en soi, car elle n’est pas fondée en raison. Elle ne peut être due à des " raisons ". On peut montrer alors qu’elle n’est due qu’à des " causes ". Elle n’est qu’un savoir erroné, un mode illusoire de représentation de la réalité.

Cf. la trilogie des maîtres du soupçon : Freud, Nietzsche, Marx ; et Spinoza, TTP , Préface, et Ethique , Livre I, Appendice (Spinoza explique la superstition en général, et la religion, par une cause : la crainte –qui est fondée dans une cause ultime : la nature humaine).

Ayant étudié dans le cours sur l’inconscient la théorie freudienne, je vais ici exposer l’ explication de la croyance en Dieu que donne Freud. La religion est pour lui la satisfaction sublimée du complexe d’Œdipe .

La religion est une illusion. Mais ce n’est pas une illusion sociale comme chez Marx, ni une illusion produite par le ressentiment comme chez Nietzsche, mais la satisfaction sublimée du complexe d’Œdipe.

L’enfant cherche le secours du père. Il a besoin de lui à la fois pour satisfaire ses besoins strictement matériels, mais aussi pour satisfaire des désirs d’ordre purement sexuel. Ce besoin et ce désir ne sont pas éliminés à l’âge adulte. Dieu prend alors la place d’un père naturel. Il est à la fois bienveillant, protecteur, et exigeant.

La religion apporte des réponses à toutes les angoisses, à toutes les " inconnues " de l’existence, et a donc une fonction apaisante. L’inconscient s’y trouve satisfait à l’intérieur d’un cadre socialement acceptable (c’est la sublimation).

Ici, la religion est irrationnelle car elle est causée. Elle est certes explicable, mais pas justifiable. L’irrationalité est encore une irrationalité faible (cf. recours à une nature humaine, ou à l’inconscient), mais elle est bien présente.

b) Peut-on sauver la croyance religieuse de l’irrationalité ? –l’argument du pari de Pascal

On peut d’abord reprendre les critiques selon lesquelles la croyance religieuse est une illusion. Cela signifie qu’elle se fonde sur des raisons subjectives , mais sans être fondée objectivement.

Mais ne peut-on pas dire, dès lors, que cette illusion est fondée dans le sujet qui y croit ? Cf. fait que celui qui croit profondément en Dieu et qui agit de la façon indiquée par la tradition pour gagner le salut, a profondément besoin de cela pour supporter la vie. La vie est douée, à travers sa croyance en un Dieu, d’un sens, et son individualité s’écroulerait sans cela. Or, si la religion lui donne un équilibre et un équilibre de surcroît vital, elle est en ce sens, me semble-t-il, rationnelle. Elle ne peut être irrationnelle que si elle détruit le sujet qui y adhère, puisque le moyen (croire en Dieu) serait alors justement contradictoire avec la fin (ne pas être anéanti par l’absence de sens de l’existence).

C’est le cas, bien entendu,  des religions aliénantes, qui visent presque à détruire toute individualité et en tout cas la raison individuelle de chacun ... Mais je n’insiste pas sur celles-ci, car cela serait injuste, je pense, de croire que c’est là l’essence même de la religion.

De plus, ces raisons subjectives peuvent tout à fait avoir un fondement objectif , rationnel (i.e. = une raison valable, et suffisante), comme le montre avec brio le célèbre argument du pari de Pascal (in Pensées , Br, Fr. 233).

Voici cet argument : puisque la probabilité que Dieu existe est non nulle, et puisque le gain de celui qui croit en l’existence de Dieu sera infiniment grand si cette croyance est vraie, et si la mise est finie, un agent qui voudra maximiser son gain aura tout intérêt à croire en l’existence de Dieu. Dans cet argument du pari, une probabilité basse est contrebalancée par une utilité élevée. Si on estime qu’il est rationnel pour un agent d’agir en fonction de ce qu’il juge le plus utile et le plus probable, alors, il est plus rationnel pour lui de croire en l’existence de Dieu que de ne pas y croire…

A partir du moment, donc, où n’est pas sûr que les croyances religieuses sont fausses, il faut agir de telle sorte qu’on ne risque pas de perdre la vérité (le salut, plus précisément). Dès lors, il devient rationnel de croire … en dépit de l’absence d’évidences !

Mais qu’on ne s’y trompe pas : notre thèse ne rejoint pas un quelconque relativisme, pour lequel toutes les croyances se valent, et donc, finalement, aucune croyance ne serait irrationnelle. Pour reprendre l’exemple de P. Engel, le cas que nous venons de décrire n’est nullement comparable à celui-ci : croire en l’existence du monstre du Loch Ness, au cas où celui-ci existerait.

Mais comment, me direz-vous, faire la différence ? C’est que, à la différence du cas précédent, si la religion était fausse, nous perdrions un bien vital. Entendons-nous : si l’existence du monstre du Loch Ness peut menacer votre vie ainsi que celle peut-être du monde entier, elle ne peut vous sauver, ie, vous donner la vie éternelle, contrairement à l’existence en Dieu, qui, au cas où il existerait, pourrait vous priver de cette vie éternelle si vous n’y avez pas cru… De plus, croyance en Dieu vous fournissant un point d’appui, vous permettant de supporter l’existence, elle ne peut mener qu’à la sauvegarde de l’espèce et aux progrès de l’humanité. Qu’importe donc que la religion soit fausse : ce qui est important c’est qu’elle soit utile et en ce sens, d’ailleurs, elle devient, non pas vraie, comme le dirait, en bon utilitariste, James ; mais rationnelle. Cette fois, elle n’est plus seulement rationnelle subjectivement seulement mais subjectivement et objectivement.

Mais je le rappelle : je ne défends pas la religion en soi. Je défends la " bonne " religion, celle qui n’est (ne serait, car existe-t-elle ?) pas oppressive, aliénante. Car on ne voit pas en quoi celle-là pourrait bien être utile à l’humanité et source de progrès (c’est bien ce que nous montre l’histoire !).

Contre l’opinion commune et immédiate selon laquelle les croyances sont irrationnelles et négatives, nous en sommes arrivés à dire que peu de croyances sont vraiment irrationnelles. Les croyances irrationnelles à proprement parler sont celles qui relèvent d’une contradiction notoire, qui vont contre l’évidence, contre ce dont par ailleurs nous sommes pourtant conscients. Encore peut-on la plupart du temps les relier à d’autres croyances, qui, elles, sont mieux fondées, ou les relier à des causes. Ce qui revient à dire que, si certes elles ne relèvent pas d’un raisonnement, et donc, de la raison, elles ne sont pas irrationnelles au sens d’absurde, puisqu’elles s’expliquent, elles ont un sens. C’est ce qui rend possible à l’historien de faire une histoire des croyances.

Annexe I : l’explication de la religion chez Marx et Nietzsche

1) Marx : la religion comme illusion sociale

La thèse essentielle de Marx est la suivante : la religion, et donc Dieu, sont des productions de l’homme. Ce qui est réel, dans la vie humaine, ce sont les rapports politiques et économiques que les hommes entretiennent entre eux. La religion résulte donc de ces rapports. Elle va être le moyen qu’ont ceux qui profitent de ces rapports pour pérenniser leurs privilèges. La religion, en effet, va inverser la conscience que les hommes ont d’eux-mêmes. Elle va " déréaliser " ce qui est réellement vécu (les rapports sociaux et économiques) et donner une réalité à un monde fantastique, imaginaire, qui compensera les difficultés de la vie ici-bas.

La religion est une conséquence des rapports d’oppression qui règnent dans la société bourgeoise et capitaliste, mais elle est aussi une mise en cause de cette oppression sous une forme fantasmée : au lieu de chercher à transformer le monde, l’opprimé espère, pour plus tard, la réalisation de son désir de bonheur. Toutes les souffrances d’ici-bas seront compensées dans un autre monde. L’expression " la religion est l’opium du peuple " signifie donc que la religion joue le rôle d’un anesthésiant des souffrances de la créature opprimée.

Marx considère donc que la critique de la religion est la première étape d’une mise en cause des rapports de production économique qui sont responsables de l’exploitation sociale, et donc, de l’oppression. Faire disparaître la religion, c’est s’assurer que tous les problèmes humains devraient être résolus par une nouvelle organisation sociale. Pour qu’une nouvelle organisation sociale apparaisse, il est absolument indispensable que les hommes considèrent leur vie terrestre seulement comme un passage.

Marx reprend la thèse de Feuerbach selon laquelle Dieu, c’est l’homme idéalisé par l’homme. Les attributs divins (omniscience, toute-puissance, bonté, miséricorde) sont en fait des qualités humaines idéalisées, i.e., pensées sans toutes les limitations que l’homme connaît. L’essence de Dieu, pour Feuerbach, est donc la nature humaine fantasmée et projetée dans un au-delà. Prendre conscience de cela, c’est passer de l’illusion à la raison. L’homme s’aperçoit alors qu’il est seul, sans Dieu, et qu’il doit organiser le monde de façon à ce qu’il puisse satisfaire ses désirs. La critique de la religion conduit donc au matérialisme athée.

2) Nietzsche : la religion comme illusion produite par le ressentiment

La religion est pour lui l’imposition d’un monde imaginaire. Ce monde est analysable en termes de causes, de faits, de psychologie, de réalité, comme le monde réel, sauf que tout y est imaginaire.

Exemples : dans ce monde imaginaire, Dieu sera cause de tout, ou bien le pardon des péchés sera l’effet de la miséricorde divine.

La religion est donc un lexique grâce auquel on peut désigner des entités fictives.

Pourquoi l’homme produit-il une religion ? Ce n’est plus, comme chez Marx, pour occulter les rapports de production économique et l’oppression sociale. En revanche, il s’agit toujours d’une compensation. La religion est essentiellement un mensonge à soi-même. Celui qui souffre, celui qui est incapable de faire preuve de force vitale, celui qui est faible, incapable de jouir, l’impuissant, va chercher à dévaloriser la vie, la force, la puissance. Son ressentiment s’exprime donc dans la religion. Il va donner de la valeur à tout ce qui est faible, triste, etc.

La religion est donc la morale des esclaves, i.e., la justification théorique de la faiblesse et de l’impuissance

Annexe II : l’argument du pari de pascal

En cette vie, nous pouvons connaître l’existence de Dieu par la raison. Le libertin, qui veut s’adonner à une vie dans laquelle il s’adonnerait à tous les plaisirs, sans se soucier de son " salut ", s’appuie sur cela pour fonder objectivement son choix moral. Pascal lui répond ici au contraire : si la raison n’y peut rien déterminer, alors, parions. Il va attirer l’attention de l’athée qu’il veut convertir sur ce qu’il est sage de faire quand on joue.

Un joueur se trouve entre deux partis à prendre. S’il y a des deux côtés une chance égale de gagner et de perdre, il ne peut que, ou bien s’abstenir, ou bien se fier au seul hasard. Mais s’il n’y a d’un côté qu’une seule chance de gagner, tandis qu’il y en a deux de l’autre, il aura raison de parier dans le sens où sont les chances de gain les plus précieuses. Et si les chances de gain sont très grandes d’un des deux côtés et de celui-là seul, il serait fou de ne pas miser de ce côté-là.

La condition humaine est comparable à un jeu.

Suivant que nous devons croire à l’existence de Dieu, à l’immortalité de l’âme et aux règles austères de la morale chrétienne ou que nous devons n’y pas croire, notre vie doit être réglée d’une façon toute différente. Or, nous ne pouvons prouver ni l’un ni l’autre. La sagesse serait donc que nous nous abstenions sur ces sujets, de toute conviction, de tout jugement, de toute action. Seulement, une telle abstention est impossible, car " nous sommes embarqués ". Il faut donc fatalement que nous agissions comme si la religion était véritable ou que nous nous conduisions en dehors d’elle et contre elle. Que nous le désirions ou non, il nous faut prendre parti.

Mais alors quel parti prendre ? Agissons comme le joueur. Examinons celui qui risque de nous faire perdre le moins et de nous faire gagner le plus.

Or, si je parie contre la religion, qu’est-ce que je gagne ? Quelques années pour me distraire, et quelles distractions ! " Les maladies viennent ". Je risque pour cela de perdre un bonheur éternel et infini.

Si je parie pour la religion, qu’est-ce que je perds ? Rien. Car je mène une existence pleine des joies de l’honnêteté, de la droiture, de la charité, de la piété. Et je risque de gagner un bonheur éternel et infini. Ajoutons, ce que Pascal a sous-entendu, que si je me suis trompé en pariant pour la religion, je serai anéanti et je ne m’apercevrai pas de mon erreur, ce qui m’évitera de le regretter ; mais si je me suis trompé en pariant contre elle, je serai condamné à des regrets, et des remords éternels.

Comment donc hésiter ? Un calcul mathématique impose la solution : c’est pour la religion qu’il faut parier. Et il faut donc agir comme si on croyait. Il serait irrationnel, contraire à la raison, de ne pas le faire.

Aristote, Ethique à Nicomaque , Livre VII

Davidson, Paradoxes de l’irrationalité , Ed. de l’Eclat, 1991

Descartes, Règles pour la direction de l’esprit  ; Méditations métaphysiques , première méditation

P. Engel, Les croyances , article paru dans Les notions de philosophie , T. II, 1995, sous la direction de D. Kambouchner, Folio

Freud : cf. cours sur l'Inconscient

Hume, Traité de la nature humaine  ; Enquête sur l’entendement humain , Garnier Flammarion ; Histoire naturelle de la religion , Vrin ; Essais sur la religion naturelle ,

Pascal, Pensées , Ed. du Seuil, Trad. Br., Fr. 233

Platon, République , Livre VII

Spinoza, Tractatus Théologico-Politicus , Préface ; Ethique , Livre I, Appendice

Cours religion  ; passions  ; Révolution copernicienne

Dissertation Le rationnel et l’irrationnel

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Définition :

Une croyance est un ensemble de représentations ou d'idées auxquelles un sujet donne son adhésion parce qu'il les tient pour "vraies" c'est à dire conformes au réel.

La notion de croyance se scinde en deux volets : Le contenu de la croyance et l'adhésion du sujet ou la foi .

Le contenu de la croyance

 Les objets de croyance sont en réalité infiniment variés. Des petits lutins qui peupleraient nos forêts, à l'idéal de justice universelle, il existe tous les objets possibles et tous les degrés d'altitude. Sont objets de croyance :

Les sensations (je crois ce que je vois), les imaginations, les préjugés, les superstitions, les rumeurs, les opinions diverses, les illusions(je crois que ce que je désire existe réellement), les mythes, les explications religieuses du monde, les idéologies politiques…

Les valeurs comme la beauté, le bien, le progrès, l'égalité …et même la vérité.

Les hommes eux-mêmes. On peut croire en un individu particulier, en sa valeur, en sa sincérité.

La construction du verbe croire varie en fonction des contenus de la croyance : croire, croire que ..., croire en …, croire au …

Croire ses parents,  croire le gourou, croire son maître Platon, croire que la terre est plate, que les chats noirs portent malheur, croire en Dieu, croire en Satan, croire en Hitler, en l'homme, en l'art, en la vie éternelle, croire au Père Noël, croire au miracle…

Et même paradoxalement croire en la science ! (Cf. la secte des Raéliens).

Comment classer les croyances ?

Il existe toute une hiérarchie des contenus de croyances. Il existe  des croyances qui nous paraissent absurdes, d'autres plus acceptables, d'autres enfin tout à fait légitimes comme celle de croire en la dignité humaine. L'on pourrait être tenté d'opérer une classification par ordre d'importance ou de valeur.  Mais quel critère choisir qui ne relève pas  lui-même de la croyance ? Tout le monde sait bien que l'on classe dans les superstitions les croyances qui sont étrangères aux nôtres ! 

L'adhésion du sujet au contenu de sa croyance ou la foi .

Ce lien du sujet à l'objet de sa croyance relève plus du registre affectif que du registre intellectuel. Il se caractérise d'une part par une absence ou un degré peu élevé du filtre critique et par une intensité psychique qui se projette sur le contenu de la croyance.

Le filtre critique : Le sujet qui croit, fait confiance à son intuition, selon laquelle le contenu de sa croyance est vrai. Du coup, il accepte que sa croyance puisse échapper à toute vérification ou preuve. Pour lui la raison n'explique pas  tout. Il y a de l'irrationnel et il y a accès par sa foi. Cf. Pascal.

Or c'est précisément ce qui oppose traditionnellement la croyance à la science !

La science appartient au domaine du rationnel, du vérifié, du prouvé, du vraisemblable. 

Elle exige l'exercice permanent d'une activité critique, c'est à dire d'un filtre logique.

Certes, tous les croyants ne sont pas "crédules", c'est à dire sans aucun esprit critique, mais en dernière analyse, le fait que le contenu de leur croyance ne soit pas explicable rationnellement ni vérifiable, ne constitue pas  en soi un obstacle à leur foi.

L'intensité de la foi

Dans le phénomène de l'adhésion, le lien qui existe entre le sujet et l'objet de sa croyance est beaucoup plus affectif qu'intellectuel, même si le "croyant", dans n'importe quel domaine,  essaie de le justifier intellectuellement. Dans la foi, l'intensité psychique que le sujet concentre et projette sur l'objet de sa foi lui donne une aura, un relief, une force qu'il assimile à une certitude, à une conviction donc à une "vérité". En se référant à Freud, on pourrait dire que la foi est une sorte de relation d'amour sublimé à l'objet de la croyance. La foi peut prendre la forme d'une passion. Beaucoup d'hommes sont allés jusqu'à sacrifier leur vie pour témoigner de leur foi. (Les scientifiques n'éprouvent guère ce besoin ! Voir Galilée).

Cette fantastique énergie du "croyant" lui donne  une valeur de témoin exemplaire, un rayonnement, un charisme qui le rendent "fiable" aux yeux des autres et consolident son influence à travers le prosélytisme. On croit en un homme de foi, donc en ses croyances, et c'est le plus souvent de cette manière que les croyances se diffusent. Chacun devient à son tour un témoin et les croyances s'allument les unes aux autres par la communion des psychismes. 

Mais pourquoi s'attacher si fort à un objet de croyance ?  Quels besoins la croyance comble-t-elle ? Le besoin de certitude ? de repères ? de merveilleux ? de toute puissance ? d'immortalité ? ou tous les besoins à la fois ? Le plaisir de croire (et même celui de "faire semblant de croire") n'est-il pas  lié à une satisfaction imaginaire ou sublimée du désir ? Voir le succès de Harry Potter et celui du Seigneur de Anneaux qui réveillent chez l'homme moderne les antiques  croyances à la magie.

Nos croyances  personnelles ne sont-elles pas le reflet de nos besoins secrets les plus importants ?

Dans le cours qui suit nous examinerons quelques aspects de la croyance, d'abord la croyance religieuse et ses déviations superstitieuses , les négations de la religion (dans l'athéisme) qui peuvent être aussi des croyances, les croyances des sectes , et la mentalité magique .

La croyance

La foi se manifeste à travers le phénomène religieux .

La religion est un phénomène social universel .

J. Monod, dans son livre, le Hasard et la nécessité , explique ce caractère universel de la religion par la sélection. Un peuple religieux est animé d'une foi qui donne un sens à sa vie . La foi éradique son angoisse et dynamise ses énergies. Il a donc nécessairement plus de courage, de force et plus de cohésion qu'un peuple sans religion. Il résiste mieux dans le combat pour la vie. Ce sont les peuples religieux qui ont triomphé dans l'évolution historique.

La foi religieuse peut aider l'homme à atteindre les cimes de son être, à se dépasser lui-même dans la bonté et la générosité absolue, à trouver la paix et le bonheur intérieur, bref le tirer vers le haut. La religion peut aussi le mutiler, servir d'exutoire et d'excuse à sa perversité et l'entraîner vers le bas.

Au XXI°, plusieurs tendances contraires se dessinent dans le monde :

1- Une perte de vitesse des religions traditionnelles, et une désacralisation de la vie en général.

2- Une montée en flèche de l’islam et du bouddhisme en Orient et en Occident. Une montée en flèche du christianisme en Afrique.

3- L'apparition de comportements "religieux" qui déplacent le sacré vers des idéologies politiques, (la "religion" communiste), des objets, (l'automobile, son salon, ses rites), voire réinventent leur "sacré" dans des sectes .

Une religion se définit par :

1. L'adhésion à un ensemble de croyances (formulées sous forme de doctrines ou de dogmes) en un monde surnaturel :  la foi .

2. Le respect d'une morale :  la loi .

3. La pratique de rites collectifs.

4. L'appartenance à une communauté .

Problématique   

Le besoin de croire traduit-il l'immaturité de l’homme Celui-ci est-il à ce point inachevé, infantile, non autonome qu'il ait besoin d'un père idéal ? Ou bien ce besoin traduit-il sa conscience d’une dimension supérieure, d’une transcendance, d’un absolu qui le dépasse ? Est-il l'expression de sa perfectibilité ? La religion permet-elle à l’homme de progresser, développe-t-elle sa dignité, son sens moral, sa responsabilité, lui ouvre-t-elle un espace de liberté ? Les hommes de foi ou religieux témoignent-ils d'une expérience originale et sincère, ou bien sont-ils les complices d'une manipulation du sacré ? La religion ne mutile-t-elle pas l'homme en l'aliénant ? La foi peut-elle déraper vers la superstition et alimenter le fanatisme ? Le refus de la religion traduit-il une incompréhension de la spiritualité, un orgueil narcissique d’une conscience qui se prend pour le centre du monde ? Ou bien exprime-t-il une volonté de lucidité et du courage ? La science et la philosophie peuvent-elles remplacer la religion ? Ou bien la religion a-t-elle sa spécificité ? Est-elle un phénomène irréductible ?

Quelle est l'origine de la religion ?

A. Selon les anthropologues , après la découverte du feu, une brèche s'ouvre sur le monde invisible. En effet, la modification du rythme du sommeil a fait entrer l'homme dans le sommeil paradoxal, et donc dans un autre type de rêve plus complexe. Le remaniement du passé met en scène, comme s'ils étaient vivants, des proches décédés depuis longtemps. D'où la possibilité, pour les vivants, de croire que les esprits des morts reviennent "vraiment" les visiter. Il faut donc respecter les morts, par des gestes symboliques : les rites funéraires apparaissent. Ils ont sans doute pour fonction d'apaiser, d'apprivoiser l'esprit des morts, voire d'implorer leur protection. La crainte de la mort serait sans doute à l'origine de la croyance en général et des cultes.

B. Selon les psychologues , les croyances religieuses trouveraient leur sources dans les mécanismes psychiques. La religion serait le résultat de la projection de désirs non satisfaits . 

C. Selon les religieux , toute religion prend sa source dans une expérience mystique : Un contact soudain avec une présence puissante, lumineuse, aimante. Expérience unique, extraordinaire, bouleversante, vécue comme une révélation, transmutant la vie du sujet, et laissant une empreinte indélébile dans son esprit. Elle relève de l' ineffable .

Lorsque l'on parle de religion, deux questions se posent immédiatement :

1. De quelle religion s'agit-il ?

En dehors des cinq grandes religions (= celles qui comptent le plus d'adeptes), hindouisme, judaïsme, bouddhisme (qui au début n'est pas une religion), christianisme et islam, il existe des milliers d'autres religions dans le monde.

2. Quel est le plan considéré ?

En effet le phénomène religieux est protéiforme. Il se manifeste à plusieurs niveaux :

a. Plan spirituel , (monde intérieur) : la religion est l'expression d'une expérience mystique, rencontre personnelle avec le sacré, élan vers le divin, tension vers un dépassement vertical de soi-même, d'une foi authentique. Ce niveau correspond à ce que Bergson appelle " religion dynamique ".

b. Plan psychologique : la religion imprime une manière de penser, de sentir et de vivre. Elle s'enracine dans le psychisme. Elle fait partie du tissu  individuel et collectif .

c. Plan social , (monde extérieur) : la religion est une institution avec ses dogmes, ses rites, ses cultes, ses traditions, ses monuments, ses lois. " Religion statique " selon Bergson.

Selon le plan considéré, il est clair que toutes sortes de déviations, perversions et pathologies peuvent dériver du phénomène religieux ou se greffer sur lui. Nous en parlerons plus loin.

Il existe cinq "grandes" religions dans le monde. Elles décrivent avec des mots différents des  expériences "mystiques" voisines. Il n'est pas question de les étudier ici. Ce qui nous intéresse, c'est le phénomène religieux dans son ensemble. Néanmoins résumons succinctement ce qui les caractérise.

L'Hindouisme vient du brahmanisme, religion fondée sur le texte des Upanishads . Il existe un Soi universel ( Brahman ) auquel la conscience individuelle ( Atman ) peut se relier, à condition d'appartenir à la caste supérieure, celle des prêtres, les brahmanes, et de respecter le dharma (= la loi de l'univers et la morale). L'hindouisme part de ces croyances et ajoute un panthéon de divinités qu'il considère comme manifestations de LA divinité unique Brahman . L'hindouisme est un polythéisme apparent qui exprime en réalité un monothéisme ! D'abord, il existe trois dieux principaux : Brahma, Vishnou, Shiva, et ensuite des centaines de divinités subalternes. Les formes de la piété sont très nombreuses et variées.

Le Judaïsme est une religion fondée sur le livre : la Bible . Elle affirme l'existence d'un Etre suprême, unique (monothéisme), qui a créé le monde et le gouverne avec bonté et justice. Ce Dieu, Yahvé, a choisi le peuple d'Israël, les Hébreux, pour se manifester par la parole . Le prophète est l'intermédiaire entre Dieu et son peuple. Moïse est le premier prophète et le fondateur de la religion juive. Dieu s'est révélé à lui sur le mont Sinaï, et lui a donné les "tables de la loi" (= les dix commandements). D'autres prophètes, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel…complètent l'enseignement de Moïse. L'Ancien Testament est le récit de l'histoire du peuple d'Israël et de ses révélations. L'alliance avec Dieu se réalisera au moment où le Messie (= "celui qui est oint du Seigneur"), apparaîtra. 

Le Bouddhisme , à l'origine n'est pas une religion. Bouddha (V° avant J.C.) est un homme qui a vécu une expérience intérieure qu'il appelle "illumination". Celle-ci lui apporte la solution du problème de la souffrance universelle, et lui révèle les moyens de s'en libérer. Bouddha est d'abord un sage et un psychothérapeute ! Il insiste sur l'éveil de la conscience, la "justesse" des actions et des pensées, le détachement par rapport aux désirs, le renoncement à l'ego, la compassion universelle, etc. Bouddha n'est pas un dieu, il enseigne que chaque homme a en lui la possibilité de faire la même expérience que lui. Il a simplement indiqué la voie, celle du "milieu". Mais dés sa mort, il a été quasiment déifié par le peuple, et le bouddhisme est devenu une religion, avec ses croyances et ses rituels. Chaque culture l'a adapté à ses croyances et à ses coutumes... 

Le christianisme est une religion fondée sur la personne du Christ. Celui-ci a été reconnu, après sa "résurrection", par un petit groupe de Juifs, comme le Messie annoncé par les prophètes d'Israël. Pour les Chrétiens, le Christ est Dieu lui-même, s'incarnant et entrant dans l'histoire. L' Evangile , (= "bonne nouvelle"), propose d'offrir à l'humanité tout entière, une alliance avec Dieu, fondée sur l'amour et non plus sur la crainte. Chaque homme est appelé à y répondre en toute liberté, à travers un engagement personnel.

L'Islam est une religion fondée sur le Coran , qui contient les révélations faites par Dieu à Mahomet (Mohamed), (VII°), par l'intermédiaire de l'ange Gabriel. Dieu, Allah, est souverain,  transcendant, unique, "clément et miséricordieux". L'entrée dans la vie spirituelle exige le respect d'un morale parfaite : pauvreté, repentir, ascèse, piété, patience, humilité, crainte, espérance, amour, extinction de l'ego, contemplation du divin, et la pratique de rites, (ramadan, pèlerinage à la Mecque, etc.). 

Chacune de ces religions se ramifie et se subdivise en de nombreux courants religieux qui se nomment aussi "religion".

1. Etymologie  :

Le mot "religion" aurait une double étymologie :

- Religere signifie "relier". Ici il s'agirait d'un lien vertical avec le sacré, et d'un lien horizontal des hommes entre eux.

- Religio signifie "respect, vénération, sacré, adoration, croyance, culte". (Voir les textes de Cicéron.)

2. Définition  :

La notion de religion implique :

1. L'adhésion à un ensemble de croyances en un monde spirituel , surnaturel. Ce monde est soit peuplé de plusieurs dieux (polythéisme) ou d'un Dieu unique (monothéisme), soit sans Dieu. Dans la religion bouddhiste, cet univers est "pure luminosité de l'esprit". Les religieux ont fixé les modalités de ces croyances dans des dogmes . Cette adhésion est volontaire, c'est la FOI .

2. La pratique de rites qui comprennent les cultes, manières de célébrer le divin.

3. Le respect d'une morale qui définit le bien et le mal et impose donc des devoirs et des interdits.

La finalité de la religion est la communion avec le divin . son but est de relier verticalement les hommes au divin, et de relier horizontalement les hommes entre eux, dans une fraternité .

3.  Les composantes de la religion. 

 Le sacré (en général Dieu ), les croyances et les doctrines, la morale , les rites

A. Le sacré

Le sacré est le pivot essentiel de toute religion.

En latin sacer signifie "ce qui ne doit pas être touché ". La notion implique une idée de supériorité et le respect d'une distance .  Mais pourquoi ne pas avoir le droit de "toucher", ni avec le corps, ni avec le regard, ni même avec la pensée ? Il n'est permis ni de se représenter Dieu, ni même de le nommer dans la religion juive.

La crainte :   Le sacré est une puissance d’un autre ordre que celle du monde empirique ou existentiel. Une existence d'une intensité absolue et permanente. Elle est force TOUTE PUISSANTE , à la fois diffuse, dangereuse, terrifiante, et incompréhensible, un mysterium tremendum (mystère qui fait trembler de crainte et d’effroi). Cf Yahvé dans la Bible , sa puissance est terrible : déluge, feu sur le Sinaï : "Tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette ; il voyait les flammes de la montage fumante. A ce spectacle, le peuple tremblait, et se tenait dans l'éloignement. Ils dirent à Moïse : "Parle-nous toi-même, et nous t'écouterons ; mais que Dieu ne nous parle point, de peur que nous ne mourions .""  Ancien Testament , Exode , 20.

Voir l'épisode de Sodome et Gomorrhe...

En face du sacré, il convient de se prosterner face contre terre, lire les textes…

La fascination :

 En même temps que la crainte, le sacré exerce une fascination. Cf. mysterium fascinans . Le théologien R.Otto a forgé le terme "numineux" (du latin numen , la divinité) pour traduire cette ambivalence de l’émotion par rapport au sacré : crainte et vénération, respect.

D'où le désir "d’embrasser" le divin, de le " toucher " en annulant la distance qui nous sépare de lui. Dans la Bible , ( Genèse) , Adam et Eve touchent à l'arbre de la connaissance pour "devenir comme des dieux". Dans le discours d’Aristophane, (le Banquet de Platon), les hommes sont punis d'avoir tenté "d'escalader l’Olympe", pour rejoindre les dieux.

Mais trop s'approcher du sacré est un danger mortel . Adam et Eve en mourront, Icare en se brûlant les ailes au feu du soleil, tombe et se noie dans l'océan.

"Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face", La Rochefoucault.

Il apparaît nécessaire de gérer le rapport au sacré. C'est la fonction des rites : assurer un lien au sacré tout en maintenant une distance protectrice.

L'idée de Dieu est au cœur du sacré. La question de Dieu est constamment reformulée à travers les siècles. A défaut de le "sentir" les philosophes ont essayé de penser Dieu .

Etymologie

- Indo-européen : dei = briller, dyu = jour, deus = Dieu,  dies = jour, en latin, (di dans lundi etc.)… Le divin c'est d'abord une énergie qui brille et qui éclaire.

A l’origine les religions sont polythéistes . Les énergies sont multiples et personnifiées. (anthropomorphisme et même zoomorphisme). cf. en Inde le dieu Ganesh a une forme d’éléphant.

Puis il y a eu une évolution de la notion du divin vers une unification, une synthèse. Le monothéisme répond mieux au désir humain d’explication intelligible du monde. Dieu est devenu un principe d’ordre.

La notion de Dieu évolue à travers l'histoire

L’idée, ou le signifié de Dieu est très vague, varie en fonction des cultures, des individus, des époques. De l’Ancien Testament au Nouveau Testament , de très grandes différences apparaissent dans la conception du divin, si l'on s'en tient à une lecture superficielle des textes.

Par exemple, le Dieu de l'Ancien Testament , (le Dieu des Juifs) se définit comme un père qui inspire le respect , la crainte, le tremblement. Il exige des sacrifices (le fils d'Abraham). Il est caché , non représentable, il est interdit de s'en faire une image… Ses caractères sont très différents de ceux du Dieu du Nouveau Testament , (le Christ, Dieu des Chrétiens).

En effet, celui-ci est un fils qui accepte d'être humilié (frappé et crucifié) par les hommes. Il se " donne " en sacrifice. Il se montre en public. Il laisse l'empreinte de son visage sur le voile de Véronique, (d'où sans doute l'origine de l'iconographie religieuse).

Chez les philosophes également la conception de Dieu varie infiniment bien qu'ils tentent tous de "penser" Dieu à l'aide de la raison .

Les différentes preuves classiques de l’existence de Dieu (Notion de théologie)

1- Preuves physiques :

  - Preuve cosmologique : Dieu est cause du monde (cf. Platon, Aristote, philosophie judéo-chrétienne).

  - Preuve téléologique : Dieu est la fin (finalité) de l’univers. (cf. Hegel, T. de Chardin, St Thomas...)

2- Preuves métaphysiques :

- Preuve ontologique : "Dieu est ce dont rien de plus parfait ne peut être pensé" (Saint Anselme). Donc selon Anselme, Dieu existe. En effet, s’il n’existait pas, il lui manquerait une qualité, celle de l'existence, donc il ne serait pas parfait  !

- Descartes, prouve l'existence de Dieu à partir de l'idée de parfait. Nous avons tous en nous l'idée de la perfection. Nous ne pouvons pas en être la cause puisque nous sommes imparfaits. Donc, la cause de cette idée de perfection existe en dehors de nous, elle est Dieu. D'autres philosophes admettent cette preuve comme valable : Malebranche, Spinoza etc.

3- Preuves morales :

- Les postulats de la raison pratique. Selon Kant, les exigences de la "Raison Pratique", (la conscience morale gravée au fond de nous), qui s'expriment sous la forme des impératifs catégoriques, impliquent, non pas la réalité certaine d'une justice divine après la mort, mais l'espoir ferme qu'elle existe.

- Les intuitions de l'âme. Dieu apparaît à certains comme objet d'une certitude intérieure inébranlable. Sa présence est immédiatement reconnue. Cf. Rousseau, Bergson...

4. L'impossibilité de penser Dieu   ou  théologie négative ou "apophatique":

Plusieurs théologiens du Moyen Age affirment que tout ce que nous pouvons affirmer sur Dieu vient de nous. Nous concevons Dieu à l'image de ce que nous sommes. Dieu est absolument inconcevable. On ne peut absolument rien en dire qui ait une quelconque valeur. Cette théologie est une invite au silence. Cf. Clément d'Alexandrie II°, Denys l'Aréopagite, V°, Nicolas de Cues, Jean de la Croix, etc.

C. La foi, les croyances

 Si le sacré (ou le divin) est l'essentiel des croyances, il est accompagné d'une conception du monde qui explique l'origine du monde et de l'homme, la nature de Dieu, la composition du monde divin (anges, archanges…), l'origine du mal (Satan), la création de l'homme, son destin, son but, ses devoirs envers Dieu et les autres hommes,  le comportement de Dieu par rapport à l’homme, (son amour et sa bienveillance, mais aussi sa  justice et sa  sévérité), la destinée de l'homme après sa mort, la fin du monde, (Apocalypse)…

Le plus souvent ces croyances s'expriment à travers un langage symbolique mythique qui utilise des paraboles, des images. 

Il existe des " mythes morts ", ceux auxquels on ne croit plus, les mythes grecs par exemple et " mythes vivants ", ceux auxquels des religieux sont toujours attachés et qu'ils considèrent comme porteurs de vérité. Par exemple la Bible , l'Ancien Testament , pour les religieux juifs, chrétiens et musulmans) contemporains. Les Chrétiens ajoutent l'Evangile , et les Musulmans le Coran , nous l'avons vu plus haut.

D'autres "vérités" sont codifiées dans des doctrines ou dogmes , par le clergé. Les hommes religieux sont tenus d'adhérer à ces vérités.

Par exemple, pour les catholiques, le Credo   (en latin, "je crois"), résume l'essentiel de ce qu'un homme religieux doit croire.

 " Je crois en Dieu, le père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, est ressuscité, des morts, est monté au cieux le troisième jour après sa mort, est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts.  Je crois au St Esprit, à la sainte Eglise Catholique, à la communion des Saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen".

Dogme de "l'immaculée conception" de la vierge, de l'infaillibilité pontificale, etc.

Chaque religion constitue son corps de doctrines. Souvent, à l'intérieur d'une même religion, les doctrines divergent, les conceptions de l'eucharistie, de l'autorité du pape, de la nature de la vierge etc. diffèrent grandement  chez les Chrétiens. Les différents courants musulmans n'ont pas la même conception de la "prédestination", etc.  De la foi ou des croyances découle une morale.

D. La Morale

Dans la conception judéo-chrétienne, les devoirs de l’homme sont formulés sous la forme des "Dix commandements" (Décalogue) de l’Ancien Testament , Exode 20,  donnés à Moïse sur le Mont Sinaï  :

- 1 Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. [Monothéisme]

- 2 Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi l'Eternel, je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. [Iconoclasme = refus des images]

- 3 Tu ne prendras point le nom de l'Eternel en vain. [= tu ne "prononceras" pas]

- 4 Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Eternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. (....) [ Shabbat ou sabbat : samedi dans religion juive, dimanche dans religion chrétienne]

- 5 Honore ton père et ta mère....(...) [Respect des parents]

- 6 Tu ne tueras point.  [Interdiction  du meurtre]

- 7 Tu ne commettras point d'adultère.

- 8 Tu ne déroberas point. [Interdiction du vol]

- 9 Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain

- 10 Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain."

Ou encore : "Aime ton prochain comme toi-même". Beaucoup d'autres obligations et interdits s'ajoutent à ces lois.

E. Les rites

Les rites délimitent des " espaces sacrés ", distincts de l’espace profane (= quotidien, utilitaire). Les temples, les pyramides, les synagogues, les cathédrales, les mosquées avec plusieurs zones d’isolement, enceintes, murs, chœur, tabernacle...sont des espaces sacrés où l’on pénètre vêtu d’une certaine manière, avec une attitude de recueillement...

Les rites délimitent aussi des " temps sacrés ". Le sabbat, (vendredi, samedi, ou dimanche)  consacré à Dieu. Les fêtes, Pâques, Noël, Ramadan etc., durant lesquelles des gestes, toujours identiques sont accomplis : tenue, rituel de propreté, ou alimentaire, attitudes variées de postures, paroles, prières, cantiques, mantras(= sons sacrés) par exemple "AUM" en orient, lecture de textes sacrés, utilisations d'objets, chapelets, bougies, encens, moulins à prières etc..

La rectitude des gestes et des intentions est essentielle. Si le clivage entre le sacré et le profane est annulé, il y a impureté, souillure, profanation, blasphème. Par exemple vendre du coca dans une mosquée, pique-niquer dans une cathédrale etc. relève du sacrilège . Dans certains cas les religieux excluent le sujet de leur communauté, c'est l'excommunication .

Les rites permettent la médiation, la communication, le lien avec le monde surnaturel.

Ils permettent aussi de créer des liens entre les hommes et de tisser une communauté solide.

Pour le religieux authentique, le désir de communion avec le divin est gratuit , désintéressé. Elle  lui permet de régénérer son âme, de s'améliorer, de se perfectionner .

Mais ces mêmes rites risquent de figer la religion. Bergson distingue deux sortes de religions : l'une " dynamique ", issue de l'extase, de "l'Elan Vital", l'autre " statique ", close, figée, dénaturée par les institutions de la société. Elle est une "retombée" de l'élan vital. Cf. Les Deux Sources de la Morale et de la Religion.

D'autres croyances sont à la périphérie de la religion, mais ne sont pas religieuses au sens strict.

Un spiritualiste est un être humain qui accepte d'adhérer à des croyances en un monde surnaturel, mais sans adhérer aux dogmes, sans pratiquer les rites et sans appartenir à une communauté religieuse précise.

"Croyant non pratiquant". Il n'est pas religieux au sens strict puisqu'il ne pratique pas de rites et ne fréquente pas la communauté.

Un pharisien (au sens figuré), est un homme qui aime les rituels d’une religion et les pratique avec assiduité. Il privilégie la forme sur l'esprit. En outre souvent, sa conduite morale n'est pas en accord avec les valeurs de sa religion. Les rituels et les cultes peuvent avoir une grande valeur affective et esthétique pour certains. (Un mariage dans une cathédrale, au son des grandes orgues, a plus de classe que dans une mairie !)

Un mystique   est un être humain qui a fait l’expérience du mystère ! Il est "entré" dans ce monde surnaturel. Il a vécu un contact avec le divin, il a "rencontré Dieu". Donc, il n’a pas ou plus besoin des rites, ni de la communauté. Il n’est non pas relié de l’extérieur, mais lié intérieurement au divin. Il ne "croit" plus, il " sait " grâce à une révélation. Il sort des rituels. Son aventure est personnelle. Le plus souvent il s'isole et vit en ermite. (Les "érémétiques" étaient ces moines mystiques qui vivaient en solitaires dans le désert.) Il peut être fondateur d’une religion ou marginalisé par elle (si elle est trop statique).

Un philosophe peut croire ou ne pas croire en l’existence d'un monde surnaturel. Il ne pratique aucun rituel. Platon affirme l'existence d'un monde spirituel qu'il nomme "monde intelligible", et d'un Dieu. Cette croyance implique une morale, mais aucun rite précis.

Un sorcier (ou shaman ), pratiquant de la magie , n’est pas un religieux et pourtant, il a des croyances et il pratique des rites! Différences entre la religion et la pensée magique :

1. Croyances : Les sorcier croit qu’il existe des forces invisibles, le " MANA " ou les "esprits". Ces forces, loin d'être surnaturelles, circulent à travers la nature , elles n'ont pas les caractères du sacré. Elles sont manipulables.

2. Rites :  Certes, le sorcier utilise des rites. Mais ceux-ci sont personnels, transmis secrètement par un autre sorcier, dans le but de maîtriser ces forces. Aucun rite collectif.

3. La finalité de ces rites n'est pas du tout de se relier au divin dans une communion gratuite. Au contraire, le sorcier désire canaliser, utiliser, dominer ces forces dans le but d'en obtenir du pouvoir , soit pour faire le bien : " magie blanche ", soit pour faire le mal : " magie noire ". Ses offices ne sont pas gratuits, on le paie, on lui fait un cadeau. Idée de pacte, d’intérêt, de gain, de puissance, de commerce et d’efficacité concrète.

Le sorcier (ou Shaman) manipule la pensée symbolique. Il pense, et peut, agir sur la nature ou les êtres en manipulant des symboles. La pensée magique se fonde sur l'idée que l’énergie, ou les forces, circulent en empruntant des circuits analogiques (= des réseaux de ressemblances). Par exemple un cheveu d'un individu est un moyen pour se relier à son possesseur. L'action circule, ou se propage, par "résonance" ou "sympathie".

Il peut y avoir un rapport avec la religion, parce que souvent les sorciers manipulent des symboles religieux. Ils les croient plus efficaces, en raison de leur participation à la puissance du sacré.   Explication selon la psychanalyse

En manipulant les symboles (= signifiants), on manipule aussi les signifiés. Les signifiés des symboles sont eux-mêmes connectés à des représentations psychiques conscientes et surtout inconscientes. Ces représentations sont elles-mêmes reliées à des affects. Donc ces rites magiques symboliques sont en même temps des manipulations psychiques d'une très grande puissance. Le sorcier peut  déclencher chez son "client" ou chez sa "victime" (à condition qu'ils partagent le même langage symbolique) un processus psychique inconscient d'une efficacité absolue. L'étoffe psychique du consultant réagit et obéit aux ordres du langage symbolique à l'insu de sa volonté consciente. Ce processus s'appelle "causalité psychique". Nous l'avons déjà abordée dans le "meurtre archaïque", en anthropologie.]

Toutes ces attitudes ont un lien avec la religion, mais elles se situent en marge de la religion .

Il n'y a aucune homogénéité dans les religions, et l'on constate des glissements et des déviations dans toutes les directions. Aucune religion n'échappe à ces tiraillements, à ces morcellements, ni à ces marginalisations. Beaucoup plus graves sont les déviations qui engendrent de véritables "perversions" religieuses.

Représentons-nous la religion dans son ensemble comme un triangle :

Au sommet, le mystique (ou le prophète).

Celui qui a un contact direct avec le sacré. Son expérience est, au sens propre, "extra-ordinaire". Il n'existe aucun mot dans le vocabulaire ordinaire pour la traduire. Elle est ineffable . Or le mystique désire, par enthousiasme et par générosité, la communiquer à ses semblables. Il veut "dire" "l'indicible", tâche impossible, à moins d'utiliser un langage analogique, qui à l'aide d'images, de symboles, de paraboles ne peut que suggérer ce qu'il a "vu".   

Premier glissement : le décalage nécessaire entre le signifié (= le vécu de la révélation) et le signifiant (= sa traduction dans un code). Du signifié à son codage il y a déperdition de sens . Voir dans le cours de linguistique, le Langage , le § sur la communication. L'Esprit diffère nécessairement de la lettre. La lettre appauvrit l'Esprit.

Deuxième étage, les disciples .

Ceux qui ont vu, "entendu" et cru les paroles du mystique. Ils sont les premiers témoins et les premiers convertis. Ils veulent immortaliser ces paroles sacrées. Ils les écrivent . Ils sont à l'origines des textes sacrés, Ancien Testament , Nouveau testament, Coran …

Troisième étage, les prêtres , (fonction sacerdotale = "qui remplit la fonction sacrée").

Ils sont les intermédiaires entre le monde du sacré et le peuple. Il peut exister toute une hiérarchie entre eux. (Par exemple chez les Catholiques : le pape, les cardinaux, les archevêques, les évêques, les prêtres, etc.). Ils ont une grande autorité en ce qui concerne l'interprétation des textes sacrés. Ce sont eux qui élaborent la "doctrine" ou "dogme", c'est-à-dire l'ensemble des " vérités " auxquelles il faut croire. Le prêtre est investi d'une grande  puissance spirituelle en raison de son lien avec le sacré.

Troisième glissement :  l'ambivalence du pouvoir lié au sacré. Qui est le prêtre ? Quelles sont ses véritables motivations ? Sa vocation pour la prêtrise vient-elle d'un appel vivant, d'un élan vertical vers une spiritualité authentique, vers le divin ? Ou au contraire cette vocation ne peut-elle pas résulter d'une ruse de son inconscient, d'une confusion entre le sacré et la volonté de puissance ?  Nietzsche a montré combien l'exercice de la fonction sacerdotale pouvait être une fantastique satisfaction détournée et sublimée de la volonté de puissance et conduire à une féroce manipulation du sacré .

Exercice de la puissance sur les consciences, en imposant "La" vérité. Puissance sur la vie et sur la mort. L'histoire a souvent montré cette tragique perversion de la religion. (Au moment de l'Inquisition par exemple.)

 Quatrième étage, le peuple . L'ensemble des hommes qui n'ont pas eu de "révélation". L'expérience, la psychologie, la sociologie, l'épistémologie nous apprennent que le peuple dans l'ensemble réagit avec ignorance, crédulité, superstition et immaturité. Il est très facile à manipuler.

Derniers glissements au niveau du peuple.

- Son désir de certitude et son ignorance le conduisent facilement au dogmatisme : (confusion entre la foi qui est adhésion intérieure à une croyance et le dogmatisme qui est certitude absolue de détenir La vérité, et condamnation de toutes les autres croyances). Tendance de chaque peuple religieux à penser que sa religion est la seule détentrice de LA vérité, donc à se placer au-dessus des autres.

Le dogmatisme religieux est un terrible condensateur de violence (cf. R. Girard : La violence et le sacré ). Le dogmatisme engendre tout naturellement le fanatisme . Mourir pour son Dieu est un idéal indépassable !

- Sa crédulité, homo credulus , le conduit à la superstition   (confusion entre la spiritualité et la magie). Par exemple la pratique des "Indulgences" chez les Chrétiens, la fabrication de  "chèques pour l'au-delà" chez quelques Bouddhistes. La superstition fait croire qu'il faut établir un "commerce" avec le ciel !

Voici un "billet de banque à valoir pour l'autre monde", destiné à être brûlé devant un temple bouddhiste en Thaïlande : 

- Son immaturité et son sentiment d'insécurité le conduisent à s'abandonner totalement, avec confiance à ceux qui le guident et à les croire investis d'un pouvoir absolu comme s'ils étaient eux-mêmes des dieux. D'où la soumission et l' exploitation possibles et réelles du peuple par la religion. (Voir plus loin la conception de Marx)

Toutes ces médiations rendent inévitables les déviations . Et c'est par ses déviations et ses superstitions que la religion prête le flanc à tant de critiques.

Les sectes sont un exemple de déviation, elles sont des phénomènes para-religieux.

Les sectes : l'exploitation commerciale des croyances

Au départ toute religion apparaît comme une secte. Puis, elle se socialise et s'institutionnalise.

Aujourd'hui, des hommes ont compris qu'il pouvaient vendre du sacré et de la spiritualité de bazar. Le terme de secte s'est diabolisé. Il existe des milliers de sectes, certaines sont de simples communautés spirituelles, d'autres sont dangereuses.

Une "secte" est suspecte quand son "gourou", se prétendant mandaté par le divin, exige de ses adeptes : le sacrifice leur liberté , leur argent , leur soumission sexuelle , voire leur vie (suicides collectifs).

Les méthodes de recrutement utilisent des discours très persuasifs et efficaces dont les thèmes sont les suivants :

1. Le gourou a vu Dieu ou a été appelé par lui ou bien il a été en contact avec des extra-terrestres. Des secrets très importants lui ont été confiés.

2. La fin du monde " Apocalypse " est toute proche. Cette "révélation" engendre de la crainte, de l'angoisse voire de la terreur, à partir desquelles il est facile de manipuler le sujet.

3. Quelques " Elus " vont être sauvés . Justement le sujet en question ! Ces techniques flattent son orgueil et  le rassurent.

4. Tous ces êtres supérieurs aux autres, (ceux de la secte), sont incompris, opprimés, attaqués, persécutés par une société décadente, diabolique et perdue. Création d'un sentiment de paranoïa.

5. Il faut donc s'isoler du monde (couper tout contact avec la famille, la société, les médias), et se serrer les coudes.

6. Il faut renoncer à ses habitudes négatives et se soumettre parfaitement à une discipline de fer, qui est en réalité un conditionnement  :

- Très peu de sommeil , pour résister à la paresse.

- Jeûnes très fréquents pour purifier le corps. 

- Pratiquer les rites, souvent empruntés à des cultes religieux traditionnels et mettant en scène des symboles comme l'eau, le feu, le soleil… Appel au sacré .

- Apprentissage d'un vocabulaire ésotérique et répétition constante des mêmes formules.

- Aucune lecture personnelle. Tout ce qui vient de l'extérieur est faux et dangereux.

- Silence. Il faut se taire.

7. Dépendance économique : il faut donner son argent, tout sacrifier à la secte, ce sacrifice sera récompensé au centuple.

8. Soumission totale au gourou.

Fascination pour le "Maître", auquel on doit TOUT offrir : sa confiance absolue, ses services, son corps, son sexe, sa vie, sa mort… (Voir la secte de Gilbert Bourdin au Mandarom, dans le sud-est. Jim Jones aux U.S.A. 923 "suicidés, en 1978 etc., plus récemment l'affaire du "temple du soleil").

Les "faux gourous" font un profit personnel avec le désarroi et l'angoisse existentielle des hommes.

Un vrai "Maître ", s'il en existe, fonde sa communauté sur la valeur du respect réciproque. Il développe l'esprit critique de son disciple, le conduit à l'exercice de sa liberté , c'est-à-dire à se passer de lui-même (son Maître) ! Il ne lui demande pas d'argent, ne s'enrichit pas à son détriment. Le Maître est celui qui, ayant une réelle supériorité, (en spiritualité, en sagesse, en savoir, en philosophie …) offre toute sa richesse. Finalement, il annule l'inégalité et transforme son disciple en Maître, et surtout, il s'efface …

Les religions ont marqué et marquent les mentalités collectives et individuelles, même si les hommes ne les pratiquent plus depuis longtemps. Elles structurent les êtres jusque dans les détails les plus concrets de leur existence physique, affective, imaginative, intellectuelle, sociale… Elles engendrent des comportements typiques par rapport à la vie, à la mort, au plaisir et à la douleur, au sexe, à l'argent, au travail, à autrui, au temps… Il est possible qu'elles aient sacralisé des conduites, sélectionnées, conservées par l'usage à cause de leur utilité ou de leur efficacité à une époque donnée. Elles ont du interdire d'autres conduites, jugées nuisibles, en en faisant des tabous .   

A. Quelques aspects positifs

Plan pratique

Hygiène. Toutes les religions ont des rituels de purification par l'eau ou par le feu, des rituels alimentaires, (viande casher, aliments à ne pas mélanger, boissons interdites), périodes de jeûne. En Inde les prêtres avaient l'interdiction de manger dans des bols ébréchés, en outre ils devaient ébouillanter leur récipient avant toute utilisation. Leur repas, une fois terminé, devait être recouvert d'un tissu blanc pour le protéger de la "contagion" de n'importe quel regard. Des rituels de propreté corporelle ("pureté"). Des rituels (circoncision) et interdits sexuels freinent la contagion des maladies sexuelles. Les positions et mouvement de certaines prières exigent un travail sur le corps. Par exemple la prière de l'Islam, six fois par jour, fait travailler tous les muscles du corps.

Plan psychologique

Les prières et les méditations exigent de véritables temps de pause et ont un pouvoir calme et de relaxation, (production d'ondes "alpha" selon les chercheurs). La musique sacrée peut exercer un pouvoir de guérison, voir aujourd'hui les ouvrages de musicothérapies. L'affirmation que Dieu est toujours présent et voit tout, permet une communication quasi ininterrompue. Le croyant n'est jamais véritablement seul. Cette présence aimante bienveillante peut lui donner espoir et force. Chez le catholique, l'institution de la confession fonctionne comme une soupape de sécurité, face à l'angoisse et à la culpabilité. Les psychanalystes ont mis en évidence un lien très étroit entre le bouddhisme et la psychanalyse au point de voir dans le bouddhisme une véritable méthode psychothérapeutique.

En donnant à ses croyants une vision cohérente du monde, et surtout un sens à leur propre vie, la religion permet une diminution de l'angoisse , donc une meilleure canalisation et une gestion plus efficace des énergies. Elle dynamise l'énergie en proposant une finalité.

Plan sociologique

La religion maintient la cohésion du groupe par un ensemble d'interdits limitant l'agressivité et la violence entre coreligionnaires et des rites et traditions favorisant les liens, fêtes, mariages, communauté.

Les hospices, les écoles, les orphelinats ont été fondés en premier par les religieux, dans toutes les religions.

Chaque religion, au moins à l'intérieur d'elle-même, exige le respect du "prochain", en tant que créature de Dieu, donc frère. Si chaque être humain est le reflet de dieu, alors une véritable  justice (= respect de la dignité de chaque homme) peut exister. Le Christ, dans l'Evangile , valorise la dignité de la femme. Le Bouddha a des disciples femmes. Le Coran reconnaît le femme comme une personne ayant des droits.

La menace d'une punition divine a pour fonction de maintenir l'être humain dans le "droit chemin" et de contenir la délinquance. 

Plan culturel

Pour louer Dieu, les artistes ont déployé le maximum de leur génie et de leur habileté technique. L'art sacré est un trésor de l'humanité. (Voir ce que Freud dit du processus de sublimation).

Les religions participent à l'augmentation et à la conservation du patrimoine culturel. En Occident, durant tout le Moyen Age, les moines ont recopié et conservé tous les manuscrits de l'Antiquité (littérature, science, philosophie). Voir le film Au Nom de la Rose .

En Orient, les "Brahmin" (= prêtres du brahmanisme), transmettent et étudient toute la production intellectuelle de l'Inde : poésie, cosmologie, médecine, littérature, philosophie…

Les monastères tibétains sont de véritables universités.

Plan économico-politique

Valorisation du travail : "Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front" (chez les Judéo-chrétiens), donc la religion favorise le développement d'une certaine richesse économique.

Cependant, le rôle de la religion est à double tranchant. En effet un rite, positif au départ, peut se retourner en son contraire, ou avoir simultanément des effets bénéfiques et pervers.

B. Quelques aspects négatifs

Si l'eau est polluée (comme c'est le cas en Inde) alors, les rituels de purification par l'eau deviennent causes de contamination (amibes). Si la consommation de viande est interdite, (en Orient les animaux ont une âme, puisqu'ils peuvent être la réincarnation d'un humain), le manque de protéines affaiblit la population!

Les tabous concernant la vie sexuelle engendrent des névroses et des perversions, avec tout leur cortège de symptômes. Voir tout le cours sur la psychanalyse.  

Le système de croyances peut couper l'homme du réel.

Chaque groupe religieux en affirmant sa supériorité sur les autres religions, se coupe de la "communauté" universelle, crée un phénomène de rejet et engendre de l'hostilité.

Les croyances évoluent souvent vers le dogmatisme. La violence est canalisée, et d'autant plus intense qu'elle se met au service du "sacré". Voir les thèses de R.Girard sur les liens entre la violence et le sacré.

Les guerres de religion sont parmi les plus féroces!

Mépris de celui qui n'appartient pas à la même religion.

Malgré les textes, les différentes religions, témoignent  d'une réelle misogynie et d'hypocrisie par rapport aux femmes : la femme est digne et respectable à condition d'accepter un rôle de servante (de Dieu certes, mais surtout de l'homme). En Inde sa supériorité spirituelle implique l'acceptation d'une infériorité existentielle. Des auteurs chrétiens se sont même demandé si la femme avait une âme. (Lire Les quatre femmes de Dieu , Guy Bechtel (éd. Plon 2000)

A quelques variantes près toutes les grandes religions ont la même conception, sauf le bouddhisme à son origine, mais quand il devient une religion, il n'échappe pas à la règle. Cf. la position extrémiste des Talibans

En Occident, conservation du patrimoine, mais blocage du progrès scientifique. L'Eglise refuse la dissection, la théorie de Galilée, puis celle de Darwin. Il faut attendre le XX° pour que ces deux derniers soient réhabilités.

Plan esthétique

Souvent la religion a freiné et canalisé le génie des artistes par une censure très sévère.

Plan socio-politique

La religion est un instrument possible (et réel) d'oppression et de répression. Elle justifie toutes les sortes d'Inquisitions. Selon Marx elle justifie et consolide toutes les inégalités. Si tout est voulu par Dieu, alors les hommes doivent accepter leur destin. Ils doivent avoir le courage et la patience de supporter leurs souffrances. Ils seront récompensés dans l'au-delà. Selon Marx la religion est "l'opium du peuple" en ce sens qu'elle endort les hommes, et permet aux dominants de les exploiter sans dédommagement. Elle est donc le mensonge des forts contre les faibles, afin de les affaiblir encore plus. La religion ne profite qu'aux exploitants.   

1. Les matérialistes de l'Antiquité : Démocrite, Epicure, Lucrèce.

Tout est fait d'atomes. Tout se défait à la mort. L'âme est faite d'atomes subtils qui se désagrègent eux aussi à la mort. Les dieux ne s'occupent pas de nous. Ils sont en partie créés par notre imagination. La mort n'est pas à craindre puisque lorsqu'elle est là, nous ne sommes plus là !

"L'ignorance et la peur sont les deux pivots de la religion", Lucrèce, Le Bon Sens ,X.

2. Spinoza   affirme que la religion est "l'asile de l'ignorance". Les hommes prêtent à Dieu leurs propres passions.

Lire le Traité théologico-politicus .

Marx part d'une conception de Feuerbach (philosophie allemand) selon lequel la religion est la projection d'un rêve, inventé par la classe dominante. Le peuple est malheureux, pauvre ignorant et sans espoir. Il convient donc de lui redonner du courage en lui faisant accepter sa vie misérable, en l'embellissant de l'intérieur,  en lui offrant l'espoir d'une vie future parfaite, à condition qu'il soit vertueux , honnête, patient, humble, obéissant et travailleur .  Une soumission totale de la classe laborieuse s'obtient en quelque sorte à peu de frais et rapporte "gros" à la classe dominante. La religion est un "opium" pour Marx puisqu'elle fait faire de beaux rêves, affaiblit de plus en plus le sens critique, anéantit tout esprit de révolte et paralyse tout progrès social. Elle est donc un poison. Cette soumission s'obtient à l'aide de formules telles que : "Bienheureux les pauvres, le royaume des cieux est à eux", ou encore, "Esclaves, demeurez soumis à vos maîtres car toute autorité vient de Dieu." Paul, Epître aux Corinthiens.

Réflexion critique : en Inde, la caste des brahmin (prêtres) n'est pas la plus riche. Les prêtres en effet n'ont pas le droit de gagner de l'argent.

Le Bouddha refuse l'argent. Les moines bouddhistes font vœu de pauvreté.

Le Christ appartient à une classe pauvre, dans un état dominé par les Romains.

4. Le matérialisme nietzschéen

Tous les hommes ont peur de la mort. Ils s'inventent un monde au-delà de ce monde afin de ne pas mourir. Nietzsche critique simultanément les platoniciens et les croyants et les appelle "Les hallucinés de l'arrière-monde". La religion est l'expression de la lâcheté humaine, elle a "donné du poison à boire à Eros". Pour Nietzsche il faut avoir le courage d'accepter la mort, et de renoncer à la croyance en Dieu. "Dieu est mort", il faut sacraliser la vie et la matière, et croire en l'homme.

5. L'athéisme freudien

L'insécurité de la vie engendre le malaise, la peur et l'angoisse. L'être humain projette la figure d'un père idéal, à partir de la conception qu'il avait de son père au moment de sa toute petite enfance (père pré-oedipien). Ce père lui paraissait détenir le savoir absolu et la toute puissance. (Cf. l'expression des petits : "Moi, mon père…"). Cette image survalorisée du père est projetée dans l'au-delà, et fabrique de toute pièce un être parfait, omniscient, tout puissant et protecteur : Dieu le Père. La religion procède d'une illusion, c'est-à-dire de la dérivation d'un désir infantile.

La religion crée des interdits et surtout des tabous. Le tabou empoisonne la pulsion de vie. Elle est, en grande partie, responsable des névroses de l'homme occidental. Mais en même temps, la religion crée des rituels dont la fonction est de diluer l'angoisse et de l'apaiser. Elle enferme donc les religieux dans une dépendance dont ils ne peuvent se délivrer eux-mêmes.

A côté de cette critique (et explication) psychologique, Freud propose , dans Moïse et le monothéisme , une explication anthropologique : la religion dériverait du meurtre du père archaïque. 

Nécessité, pour Freud, de se désillusionner, de se dégager de la religion et d'accéder à la lucidité, pour devenir adulte.

Marx, Nietzsche et Freud sont les trois "Maîtres du soupçon", selon l'expression de Paul Ricoeur.

La religion est un phénomène irréductible. Elle apparaît dés que l'homme se trouve en face du cosmos. Comme un "Poucet" perdu et désorienté dans sa forêt, l'être humain cherche à se relier à une existence invisible. C'est par le symbole d'abord qu'il exprime son intuition de la transcendance.

- L'Ecole de Franckfort, (néo-marxiste) accepte de reconnaître comme caractéristique fondamentale de l'homme, d'être un Homo symbolicus . Elle reconnaît le symbole comme une force et lui donne la valeur de ce que Winnicott appelait "l'objet transitionnel", (objet qui fonctionne comme un lien entre le nouveau-né et sa mère). 

- Selon Jung, le langage symbolique et le langage religieux sont porteurs de sens , comme s'ils émanaient d'un langage "naturel". Par exemple, les rêves bibliques délivrent une vérité à la conscience du rêveur. La religion est l'expression de vérités universelles.

Au XXe apparaît une "science" des religions avec Dumézil, M.Eliade, et P.Ricoeur.

L'on peut étudier la "religion statique" en restant à l'extérieur d'elle-même, et l'analyser comme une institution, ou comme un phénomène social. Mais il est très difficile, voire impossible, de  comprendre la foi religieuse de l'extérieur. A moins que, comme le pense Edgar Morin, tout croyant ne soit porteur d'un "malcroyant" et tout incroyant ne soit porteur d'un croyant. Seule condition pour  rendre possible la rencontre.

Au XXI° le bilan des religions semble négatif. Elles ont toutes échoué à réaliser leur projet d'une fraternité universelle. Mais était-ce bien leur finalité ?

La civilisation évolue vers la désacralisation, et vers le déplacement du sacré. L'argent , le sexe et le pouvoir deviennent les valeurs fondamentales de notre société.

Du coup, par un jeu de bascule (dialectique), le besoin religieux et les sectes de toutes sortes surgissent de partout.

Quand Malraux, agnostique, affirmait : "Le XXI° sera religieux ou ne sera pas", il voulait souligner la nécessité urgente de trouver une valeur universelle qui permette aux hommes de se relier entre eux, à travers un idéal qui ait la  force du sacré. Il prêchait pour un humanisme qui ait valeur de religion.   

Le problème est de savoir si le sacré est la projection de la valorisation de la conscience par elle-même, (= réalité illusoire, psychologique) ou s'il existe indépendamment d'elle, (= réalité ontologique). Cette question n'a toujours pas reçu de réponse.                                                                                                                   

Particulière importance du phénomène religieux en ce début du troisième millénaire !

D. Desbornes. 2010

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  • Dissertation

Introduction d’une dissertation de philosophie

Publié le 19 février 2019 par Justine Debret . Mis à jour le 7 décembre 2020.

L’introduction d’une dissertation de philosophie est différente d’une introduction de dissertation juridique .

Elle doit introduire votre sujet philosophique et intéresser votre lecteur. Elle doit aussi permettre à un lecteur profane de comprendre votre sujet et votre angle d’attaque pour le traiter.

Une bonne introduction de dissertation de philosophie contient :

  • la phrase d’accroche (amorce) ;
  • l’énoncé du sujet ;
  • la définition termes et reformulation du sujet ;
  • la problématique ;
  • l’annonce du plan.

N’oubliez pas non plus que l’introduction et la conclusion de votre dissertation de philosophie doivent se faire écho.

Au fait ! Scribbr peut corriger votre dissertation de philosophie pour vous (ou simplement l’introduction si vous voulez !).

Table des matières

Quand rédiger l’introduction d’une dissertation de philosophie , la structure d’une introduction de dissertation de philosophie, exemple d’introduction de dissertation de philosophie, présentation gratuite.

L’introduction ne se rédige pas directement après la lecture ou le choix du sujet de philosophie.

Nous vous conseillons de commencer par définir les termes du sujet une fois le sujet de la dissertation révélé.

Ensuite, faites un brainstorming , trouvez votre problématique et définissez votre plan.

Une fois votre plan défini et détaillé , vous pouvez rédiger votre introduction entièrement (au brouillon, si vous avez le temps). L’introduction de votre dissertation de philosophie doit être rédigée avant le développement.

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L’introduction d’une dissertation de philosophie est très importante et doit suivre une méthode particulière.

Elle est composée de cinq éléments qui doivent absolument apparaître.

1. La phrase d’accroche (amorce).

Bien que facultative, l’accroche permet de capter l’attention du lecteur et d’introduire le sujet dans l’introduction d’une dissertation de philosophie.

Vous pouvez utiliser un élément qui sort du domaine de la philosophie, comme un fait historique, un événement récent ou une citation. Le but de l’accroche est de ne pas démarrer trop sèchement en donnant simplement une définition des termes du sujet.

Conseil : Faites une fiche avec des citations que vous pourriez mettre en accroche (en fonction des thèmes étudiés en cours).

2. L’énoncé du sujet.

Il est important d ’énoncer  clairement le sujet juste après votre accroche dans l’introduction d’une dissertation de philosophie.

3. La définition termes et reformulation du sujet .

Avec la définition termes et la reformulation  du sujet, i l faut expliciter le sens des mots du sujet en leur donnant une définition précise. La définition que vous choisissez peut donner un angle d’attaque au traitement du sujet, car des termes peuvent avoir plusieurs définitions. Chaque définition doit être détaillée et justifiée.

Normalement, les termes du sujet auront été vus en cours et vous devriez connaître leurs définitions.

Astuce : Nous vous conseillons de partir des racines grecques et latines pour définir les termes du sujet.

4. La problématique.

La définition des termes devrait faire émerger un problème ou paradoxe. C’est la problématique du sujet.

Dans votre introduction de dissertation de philosophie, vous devez expliquer clairement quel est ce problème.

Votre dissertation de philosophie est là pour solutionner ce problème.

5. L’annonce du plan.

Une fois le problème introduit, vous présentez les étapes de sa résolution avec le plan dans l’annonce du plan.

Dans l’introduction d’une dissertation de philosophie, vous donnez ainsi une idée au lecteur de la progression que vous allez suivre.

Sujet  : Être libre, est-ce faire ce que l’on veut ?

« Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux ». C’est ce que promet la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen française établie en 1789, ainsi que la Constitution française de la Vème République de 1958. Ainsi, la « liberté » semble être une vertu naturelle et innée que l’être humain est en droit de posséder dès sa naissance. Être « libre » signifierait « faire tout ce que l’on veut ». Toutefois, comme dans tout texte juridique, ce droit accordé à l’Homme n’est valable que si certains devoirs imposés sont respectés. La « liberté » est donc entourée de normes et de lois qui la définissent au sein d’une société démocratique. On définit communément un être « libre » comme ayant le pouvoir de faire ce qu’il veut, d’agir ou non, et de n’être captif d’aucun devoir moral ou juridique. On peut donc lier la « liberté » à la seule « volonté » du sujet. Cette « volonté » pouvant être décrite comme le fait de « désirer » ou celui de « décider rationnellement » une chose. Toutefois, le « désir » peut sembler posséder un caractère coercitif qui rendrait toute liberté humaine impossible à atteindre. Il est donc nécessaire de se demander si l’Homme est un être libre, capable de faire des choix rationnels, ou s’il est esclave de lui-même et de ses désirs ? Pour répondre à cette question, il est tout d’abord nécessaire de s’interroger sur l’Homme en tant qu’individu considéré comme libre et doté de raison. Puis, il convient d’étudier l’Homme comme un être prisonnier qui subit la contrainte et l’obligation que lui impose sa personne, ainsi que l’environnement qui l’entoure.

Voici une présentation que vous pouvez utiliser pour vous améliorer ou partager nos conseils méthodologiques sur l’introduction d’une dissertation de philosophie. N’hésitez pas à la partager ou à l’utiliser lors de vos cours :).

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Debret, J. (2020, 07 décembre). Introduction d’une dissertation de philosophie. Scribbr. Consulté le 26 avril 2024, de https://www.scribbr.fr/dissertation-fr/introduction-dissertation-philosophie/

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Justine Debret

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Corrigés du bac philo – filière technologique : “Savoir, est-ce ne rien croire ?”

Tout oppose, en apparence, la croyance et le savoir : la première est une conviction non raisonnée, le second doit s’appuyer sur des preuves et des démonstrations. Il y a pourtant, dans toute forme de savoir, de la croyance – des choses que nous tenons pour acquises sans avoir pu les vérifier. Pour résoudre ce paradoxe, proposé comme sujet de dissertation aux élèves de terminale de la filière technologique, le professeur agrégé de philosophie Mathias Roux propose de voir l’histoire de la vérité comme une incessante remise en question de ce que nous tenons pour vrai.

Proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

  • Notion du programme : la vérité
  • Repères utiles du programme pour traiter le sujet : croire / savoir, objectif / subjectif / intersubjectif, vrai / probable / certain, hypothèse / conséquence / conclusion

Introduction / Problématisation

Le savoir et la croyance sont a priori peu compatibles. Posséder une connaissance, c’est être en capacité d’en démontrer ou d’en prouver le bien-fondé et la vérité. À l’inverse, croire en quelque chose suppose qu’il n’est pas possible d’absolument justifier par des raisons ou des preuves ce que l’on affirme. La croyance implique qu’on assume que notre jugement ou notre prise de position repose en partie sur une conviction, une intuition qu’on ne peut pas objectivement fonder.

Cependant, cette opposition entre savoir et croyance n’est pas aussi établie et ferme qu’on ne le pense à première vue. En effet, si l’on définit le savoir comme la connaissance fondée au point de provoquer une certitude absolue imperméable au moindre doute, alors force est de constater qu’un tel savoir n’existe pas. De même, il existe des croyances qui sont assimilables à des savoirs car, même si elles ne reposent pas sur démonstrations complètes ou des preuves irréfutables, elles possèdent néanmoins un caractère objectif qui en rend le contenu très probable, à défaut d’être absolument certain. Ainsi faut-il envisager que le savoir comporte une part de croyance. Au delà de cette question, il faut se demander si cette possibilité est de nature à discréditer le savoir. Si savoir, c’est aussi croire, tout n’est-il alors que croyance ?

Première partie / Le savoir exclut la croyance

Le modèle du savoir objectif est la science qui se caractérise par la recherche de la preuve ou de la démonstration. Dans les deux cas, démontrer (en mathématiques par exemple) et prouver (en sciences physiques) revient à justifier une thèse (affirmation) par des raisons. Quand je soutiens une thèse sur la composition de la matière, par exemple, ce n’est pas à proprement parler moi qui le fais, mais des preuves dont je ne suis que le transmetteur. 

À l’inverse, la croyance suppose toujours une implication du sujet dans son affirmation. Croire en l’existence d’extraterrestres, c’est faire ultimement reposer son avis sur un sentiment, une impression, une intuition qu’il existe d’autres formes de vie dans l’univers. Même si je peux m’appuyer sur des données scientifiques, elles ne sont pas suffisamment complètes pour justifier ma thèse. Autrement dit, je suis obligé de compenser l’écart qui, en l’absence de preuve me sépare de la certitude, par une sorte de saut de mon esprit qui me fait adhérer à l’idée de l’existence d’extraterrestres. 

Deuxième partie / Le savoir inclut des formes de croyance

Mais notre définition du savoir ne fait-elle pas la part trop belle aux sciences dites dures sans prendre en compte d’autres formes de connaissances qui, bien que relevant d’autres modalités de preuve et de validation, sont légitimes à recevoir le nom de savoirs ? Qu’on pense aux sciences humaines et sociales en général, et à l’histoire en particulier. Certes, l’historien ne peut prouver par A+B ou par la présence de traces génétiques que César a bien franchi le Rubicon, mais il s’appuie sur des témoignages de l’époque, des documents historiques, des traces archéologiques qui rendent son travail objectif. Néanmoins, celui-ci comportera toujours une part de croyance au sens défini plus haut car, par exemple, il ne peut pas prouver définitivement la valeur d’un témoignage. Un faisceau d’indices concernant sa validité atteste de sa valeur de vérité mais il subsistera toujours un doute. Doute pouvant être levé par le progrès même de la science historique.

Dans les sciences physiques, aucune théorie n’est jamais définitivement ni absolument considérée comme vraie. Elle l’est tant qu’aucun fait nouveau, aucune découverte ne sont venus la contredire. Pour autant, le savant qui l’adopte et l’utilise fait comme si elle l’était. Autrement dit, faire de la science suppose une forme de croyance dans les pouvoirs de la science comme le formulait bien Nietzsche. 

Troisième partie / L’homme est capable d’accéder à la vérité même en l’absence d’un savoir absolu

Les constats opérés ne doivent pas nous pousser à considérer que, parce que la croyance est constitutive de l’acte même de connaître, les savoirs accumulés par les hommes au cours de leur histoire ne sont que des croyances un peu plus élaborées que la moyenne.

En effet, tout savoir repose à tout le moins sur un ou plusieurs axiomes, qui constituent la condition de possibilité même de toute réflexion. Depuis Euclide, les axiomes sont des principes unanimement considérés comme évidents, qui n’ont donc pas à être démontrés pour être acceptés comme vrais. De ce point de vue, l’on peut considérer que tout l’édifice du savoir humain repose sur un ensemble de croyances partagées. Sans une base de vérités considérées par tous comme absolues, c’est-à-dire évidentes en elles-mêmes (par exemple, l’idée que le monde existe indépendamment de moi, et qu’il s’y déploie certains phénomènes observables que je peux analyser, puisqu’il est acquis que ceux-ci ne sont ni fictifs, ni des frasques de mon esprit), aucune proposition ne pourrait jamais s’élaborer.

La valeur de vérité et d’objectivité de la science reste inchangée à considérer ainsi les choses. Mieux, la croyance comporte toujours une part de doute (croire, c’est aussi nécessairement douter de ce en quoi l’on croit). Or, toujours faire une place au doute est l’une des principales garanties de l’objectivité que recherche tout scientifique digne de ce nom.

Nous venons de le voir : le savoir fait nécessairement place à la croyance. Pour finir, nous pourrions ajouter une remarque concernant le rapport entre le savoir et cette forme particulière de croyance qu’est la foi. 

La foi religieuse se nourrit du sentiment exclusif du croyant. Elle est une adhésion subjective exigeant de rencontrer intimement la présence de Dieu en soi. De ce point de vue, le savoir et la foi sont incompatibles s’ils portent sur les mêmes objets. Par exemple l’existence de Dieu : je ne peux pas savoir qu’Il existe, je peux seulement le croire. Si je pouvais démontrer l’existence de Dieu, je n’aurais plus besoin de croire qu’il existe puisque je le saurais . Néanmoins, ce rappel montre également qu’on peut tout à fait être à la fois savant et croyant, et qu’être un scientifique n’implique pas nécessairement qu’on ne croie en rien au sens religieux du terme. En effet, certains savants sont aussi de grands croyants. Savoir n’est donc ni ne rien croire, ni ne croire en rien. 

Retrouvez l'ensemble des corrigés de l’épreuve du Bac philo 2021 :

➤ filières générales :.

Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?

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Commentaire de texte : De la division du travail social (1893) d’Émile Durkheim.

➤ Filière technologiques :

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L'encyclopédie philosophique

Croyance (gp).

Fassio, David (2022), «Croyance (GP)», dans Maxime Kristanek (dir.), l'Encyclopédie philosophique , consulté le ..., https://encyclo-philo.fr/

Nous attribuons des croyances aux autres aussi bien qu’à nous-mêmes. Par exemple, on peut dire que Macron croit qu’il va gagner les prochaines élections présidentielles, que Pascal croit que Dieu existe et qu’Aristote croyait que la terre était plate. Que voulons-nous dire lorsque nous disons que quelqu’un croit quelque chose ? Qu’est-ce qu’une croyance, et comment pouvons-nous distinguer les croyances des autres attitudes mentales telles que la connaissance, les pensées et l’imagination ? Comme l’a noté le célèbre philosophe David Hume, ces questions font partie des plus difficiles jamais envisagées par les philosophes.

La notion de croyance n’est pas seulement centrale dans notre psychologie et dans nos discours quotidiens. Elle joue également un rôle crucial dans de nombreux domaines de la philosophie. L’une des questions les plus débattues en épistémologie concerne les conditions dans lesquelles une croyance compte comme rationnelle et justifiée. Dans les analyses classiques de la connaissance, la croyance est une condition indispensable du savoir. En philosophie de l’esprit , la croyance est considérée comme l’une des attitudes mentales les plus fondamentales. La théorie psychologique connue sous le nom de belief-desire psychology , qui explique les intentions à partir de l’interaction de croyances et de désirs, a été l’un des modèles de l’action et de la décision rationnelle les plus populaires. Elle reste encore très discutée dans la philosophie de l’action, la théorie de la rationalité, ainsi que dans des domaines externes à la philosophie, tels que la psychologie et l’économie. La notion de croyance joue également un rôle assez important dans de nombreux autres domaines de la philosophie, tels que la philosophie de la religion, la philosophie du langage et l’éthique.

Dans cette brève contribution, je considère d’abord les principales théories philosophiques de la croyance (§1). Après cela, je discute une série de propriétés de la croyance par lesquelles on peut la distinguer d’autres attitudes telles que la connaissance, l’acceptation et l’imagination (§2). Ensuite j’introduis une distinction, très commune en philosophie, entre deux types de croyances : la croyance partielle et la croyance pleine (§3). Je conclus en considérant l’une des questions les plus débattues de la philosophie contemporaine : que doit-on croire ? (§4)

Qu’est-ce qu’une croyance ?

Comprendre ce qu’est une croyance est important pour plusieurs raisons. Nous l’avons vu, la notion de croyance est centrale dans notre compréhension de la psychologie d’un individu. S’interroger sur la nature de la croyance revient donc à s’interroger, de manière plus générale, sur la nature de notre psychologie. Répondre à cette question peut aussi aider à clarifier la façon dont les croyances sont liées aux expériences et aux désirs, et comment elles affectent nos comportements, nos motivations et nos réactions émotionnelles.

A la question de savoir ce qu’est une croyance, les philosophes ont donné différentes réponses. Selon une thèse plutôt populaire, les croyances sont des états représentationnels . Ils sont comme des cartes ou des fichiers informatiques stockés dans notre esprit, représentant la façon dont les choses sont ou pourraient être. Par exemple, lorsque nous apprenons que Genève est en Suisse, nous formons une représentation de ce fait. Cette information reste archivée dans notre mémoire, peut-être pendant une longue période, jusqu’à ce que nous nous la rappelions et l’utilisions comme base pour nos plans et décisions. Un problème pour cette théorie est que, de fait, nous avons un nombre incalculable, peut-être infini, de croyances. Par exemple, on croit que 2 est plus grand que 1, que 3 est plus grand que 1, que 4 est plus grand que 1, et ainsi de suite pour tous les nombres supérieurs à 1. Mais comment stocker un nombre infini de représentations dans une mémoire occupant un espace physique limité ?

Selon une deuxième théorie, les croyances sont des dispositions à agir de certaines manières. Croire qu’il pleut revient à être disposé à réagir de certaines manières et à faire certaines choses dans certaines circonstances. Par exemple, cela revient à répondre « oui » (assentir) à la question de savoir s’il pleut, à être surpris si on découvre qu’il ne pleut pas, à agir et se sentir comme s’il pleuvait (se sentir un peu déprimé, prendre un parapluie avant de sortir, etc.). Cette théorie explique bien pourquoi, souvent, les croyances nous motivent à faire des choses : notre croyance qu’il pleut nous pousse à prendre un parapluie parce que la croyance est en partie notre disposition à prendre un parapluie quand il pleut.

Un problème pour cette théorie est qu’il est difficile de spécifier l’ensemble des dispositions associées à une croyance. Par exemple, deux personnes pourraient avoir exactement les mêmes croyances mais avoir des dispositions très différentes : les deux croiraient qu’il pleut mais l’une prendrait un parapluie, tandis que l’autre danserait sous la pluie. Un autre problème est que cette théorie semble confondre les croyances avec leurs conséquences. On dit qu’on est disposé à prendre un parapluie quand il pleut parce que on croit qu’il pleut. La croyance semble être la raison pour laquelle on est disposé à se comporter comme s’il pleuvait, pas la disposition elle-même.

Une théorie similaire, en partie dérivée de la précédente, soutient que les croyances sont des états fonctionnels , que l’on peut identifier sur la base de leurs relations causales (réelles ou potentielles) avec l’expérience, les comportements et autres états mentaux tels que les désirs et les émotions. Par exemple, la croyance qu’il pleut est un état qui peut être causé par une expérience perceptive de la pluie, et provoquant des réponses telles qu’être triste, prendre un parapluie si l’on veut rester au sec, ou affirmer sincèrement qu’il pleut si on le demande.

Une quatrième théorie, généralement associée au philosophe David Hume, identifie les croyances avec un certain type de sentiments ou d’émotions . La différence entre croire qu’il pleut et l’imaginer, c’est que nous avons un sentiment de confiance, nous nous sentons convaincus, certains ou sûrs qu’il pleut, nous représentons ce fait de manière vive et maintenons stablement cette conviction. Un problème possible pour cette théorie est que les sentiments et les croyances semblent avoir des propriétés différentes. Par exemple, certains philosophes ont soutenu que les deux ne sont pas gradables de la même manière : on peut ressentir peu ou beaucoup de douleur, mais on ne peut pas croire peu ou beaucoup qu’il pleut. Nous reviendrons sur la question de savoir si les croyances sont gradables et, le cas échéant, de quelle façon, dans la troisième section.

Il y a aussi des philosophes qui pensent que les croyances ne correspondent à aucun état réel existant dans le monde. Certains soutiennent que lorsque nous attribuons des croyances à quelqu’un, nous entretenons une sorte de fiction. Nous faisons comme si cette personne avait une croyance afin de donner un sens à ses comportements et prédire ses intentions. Par exemple, on parle et on fait comme si Marie croyait qu’il pleuvait pour expliquer pourquoi elle est un peu triste ce matin et a pris un parapluie avant de sortir. Mais les croyances n’ont pas d’existence au-delà de ces modèles interprétatifs. Certains philosophes, nommés éliminativistes , pensent même que les croyances n’existent pas du tout. Le concept de croyance appartiendrait à une théorie préscientifique de l’esprit (qu’ils appellent « folk psychology ») qui, comme d’autres théories telles que l’alchimie et l’astrologie, serait radicalement fausse et finalement éliminée au profit de nouveaux concepts par une psychologie future plus scientifique fondée sur les neurosciences.

Croyances et autres attitudes de l’esprit

En quoi les croyances diffèrent-elles des autres attitudes mentales telles que la connaissance, l’imagination et l’acceptation, définie comme l’attitude d’adhérer à un certain contenu ? Quelles propriétés de la croyance permettent-elles de la distinguer des autres attitudes ? Répondre à ces questions peut aider à identifier et à mieux comprendre certaines propriétés caractéristiques des croyances. Par exemple, pourquoi on a tendance à croire ce qui est soutenu par des bonnes raisons ou des preuves, et pourquoi normalement on ne peut pas décider de croire ce qu’on veut.

Tout d’abord, les croyances peuvent être tacites ou explicites . Lorsque nous croyons qu’il pleut, nous pouvons consciemment considérer cette croyance dans nos pensées - par exemple, nous pouvons penser explicitement : « Oh non ! Il pleut ! ». Mais nous pouvons également garder cette croyance en mémoire sans nous en rappeler consciemment. Nous pouvons faire et penser à beaucoup de choses pendant la journée, et en même temps toujours croire tacitement et implicitement qu’il pleut dehors. De même, pendant que nous sommes en train de penser à la question de savoir si le temps sera meilleur demain, nous continuons à croire tacitement à beaucoup d’autres choses, telles que 2+2=4 et que notre nom est tel ou tel. Selon les psychologues, nous avons aussi des croyances dont nous n’avons aucune idée que nous les avons, et qui sont particulièrement difficiles à rendre conscientes et explicites. Toutes nos attitudes mentales ne peuvent pas être tacites comme les croyances. Par exemple, lorsque nous imaginons quelque chose, notre imagination est toujours explicite. Il n’y a pas d’imagination tacite.

En deuxième lieu, les croyances ne sont pas sous notre contrôle volontaire direct . On ne peut pas simplement décider volontairement de croire que la lune est faite de fromage comme on peut décider de lever une main. De même, si l’on nous présente des preuves qu’il pleut dehors (par exemple, nous voyons qu’à l’extérieur la rue est mouillée et que tout le monde a ouvert son parapluie), nous ne pouvons pas décider de croire qu’il fait beau. Il ne peut y avoir qu’un contrôle volontaire indirect de nos croyances, dans la mesure où l’on peut se forcer à croire quelque chose, par exemple au moyen de techniques d’auto-persuasion comme l’hypnose. Cette propriété distingue les croyances de la plupart des autres attitudes mentales. Par exemple, accepter, supposer et faire des hypothèses admettent un contrôle volontaire. On peut décider arbitrairement d’imaginer ce que l’on veut, par exemple que la lune est faite de fromage. De même, un scientifique peut accepter ou présumer qu’une certaine théorie est vraie dans le contexte d’une expérience scientifique, même s’il ne croit pas en cette théorie.

A la différence d’autres attitudes telles que savoir, se souvenir et regretter, croire n’est pas factif . Les attitudes factives impliquent que leur contenu est vrai. Si vous savez qu’il pleut, alors il est vrai qu’il pleut. Mais vous pouvez croire à des faussetés. Par exemple, dans l’Antiquité beaucoup croyaient que la terre était plate, et en 2016 beaucoup croyaient que Donald Trump allait perdre les élections présidentielles américaines. Cependant, si on croit quelque chose, on tient cela pour vrai et on est convaincu de sa vérité. On considère les croyances fausses comme erronées et défectueuses. Croire que la lune est faite de fromage est sans doute erroné. Il s’agit d’une différence importante par rapport à d’autres attitudes qui ne sont pas factives, telles que l’imagination ou l’hypothèse. Il n’y a ainsi rien de mal ou d’erroné à imaginer que la lune est faite de fromage.

La relation entre la croyance et la vérité n’est donc ni aussi faible que celle entre la vérité et d’autres attitudes comme l’imagination, ni aussi forte que celle qui implique la connaissance. Sur la base de ces considérations, à la suite de Bernard Williams, de nombreux philosophes affirment que la croyance vise la vérité . Cette expression exprime l’idée que croire quelque chose comporte une sorte d’engagement envers la vérité de ce que l’on croit. Si nous croyons qu’il pleut, nous tenons pour vrai qu’il pleut et nous en sommes convaincus. Notre croyance peut être fausse, mais elle est appropriée ou correcte seulement si elle est vraie.

L’idée que la croyance vise la vérité pourrait expliquer plusieurs propriétés des croyances. Par exemple, cela pourrait expliquer pourquoi les personnes raisonnables ont tendance à éviter de croire quelque chose en l’absence de bonnes raisons ou de preuves que cette chose est vraie, et pourquoi il est si difficile de croire ce qu’on veut, en particulier les choses qui ne sont pas vraies. Cela pourrait aussi expliquer pourquoi, comme G.E. Moore l’a observé, il semble étrange de dire « je crois qu’il pleut mais il ne pleut pas » : ce type d’affirmation implique un double engagement simultané envers la vérité et la fausseté d’une même chose. Le fait que la croyance vise la vérité pourrait également aider à distinguer les croyances des autres types d’attitudes mentales, car aucune autre attitude ne semble entretenir le même type de relation à la vérité.

Quelle est la relation entre la croyance et la connaissance ? Selon une théorie très populaire au 20e siècle, la connaissance est une espèce de croyance. Une personne sait qu’il pleut si et seulement si elle croit qu’il pleut, il est vrai qu’il pleut et elle est justifiée à croire qu’il pleut. Récemment cette idée a été de plus en plus contestée en raison d’une série de contre-exemples suggérés par le philosophe Edmund Gettier. Alors que de nos jours beaucoup essaient encore d’analyser le concept de connaissance en termes de croyance et d’autres propriétés, plusieurs philosophes, à la suite de Timothy Williamson, ont suggéré que la connaissance n’était pas une sorte de croyance et ne devrait pas être analysée en ces termes. Nous devrions plutôt comprendre la croyance en termes de connaissance, comme un état indiscernable de la connaissance du point de vue interne, ou comme l’attitude de faire comme si l’on savait.

Croyance pleine et degrés de croyance

En philosophie, on distingue communément deux types de croyances. Il y a d’un côté la croyance pleine (en anglais, ‘full’, ‘outright’ ou ‘flat out belief’). On la considère comme un état catégorique, que l’on a ou que l’on n’a pas : soit on croit pleinement qu’il pleut, soit on ne le croit pas. La croyance pleine implique une disposition à tenir pour acquis ce que l’on croit dans son raisonnement et à l’affirmer sincèrement. De l’autre côté, il y a la croyance partielle (en anglais, ‘credence’). Les croyances partielles ont des degrés qui mesurent la confiance du sujet. Marie croit à la fois qu’il pleut et que 2+2=4, mais elle a plus confiance en la seconde croyance. Ces degrés sont communément représentés par des probabilités (par exemple, Marie est confiante à 70 % qu’il pleuvra demain).

Un débat important dans la philosophie contemporaine concerne la question de savoir si ces deux types de croyances existent réellement et, si oui, quelle relation les unit. Ce débat a des conséquences importantes pour l’épistémologie traditionnelle et formelle et pour la théorie de la décision. Les enjeux de ce débat sont, par exemple, de déterminer quel type de croyance est le plus fondamental dans notre psychologie, et sur quel type de croyance on devrait fonder nos décisions. 

Selon une théorie populaire appelée théorie du seuil (‘Threshold View’ en anglais), les croyances partielles sont plus fondamentales que les croyances pleines. On ne croit pleinement quelque chose que si on a une confiance qui dépasse un certain seuil. Tandis que quelques philosophes soutiennent que ce seuil nécessite une confiance maximale (100 %), selon une thèse plus courante le seuil se trouve quelque part entre 50 % et 100 %. Cela capture l’intuition que pour avoir une croyance pleine nous devons être assez confiants, mais qu’il n’est pas nécessaire que nous soyons absolument certains. La théorie du seuil est parfois comprise comme une thèse réductionniste : les croyances pleines n’ont pas d’existence indépendante, mais sont complètement réductibles à des croyances partielles suffisamment élevées.

À l’inverse, un certain nombre de philosophes nient l’existence des croyances partielles. Ils soutiennent que nous n’avons que des croyances pleines. Ces croyances n’ont pas de degrés, bien qu’elles puissent concerner des propriétés gradables telles que des probabilités : Marie pourrait avoir une croyance pleine qu’il y a 70 % de chances qu’il pleuvra demain.

Selon une troisième théorie, qu’on appelle dualisme des croyances et des croyances partielles, ces deux types d’états mentaux sont considérés comme indépendants et irréductibles l’un à l’autre, chacun jouant des rôles différents dans notre raisonnement.

L’éthique de la croyance

Une autre série de questions philosophiques à propos de la croyance concerne la question de savoir ce qu’on devrait croire ou ce qu’il est raisonnable de croire. En supposant qu’il existe des normes régissant les façons dont nous formons, maintenons et abandonnons nos croyances, qu’est-ce que ces normes recommandent ? L’« éthique de la croyance » est censée aborder ces questions et d’autres similaires. Le débat moderne sur ce sujet remonte à la fin du 19e siècle, à un débat opposant deux philosophes célèbres, William K. Clifford et William James.

Selon Clifford, on ne devrait croire une chose que si cela est soutenu par des preuves suffisantes. Le principe de Clifford dit qu’il est toujours mal, en tout lieu et pour quiconque, de croire quoi que ce soit sur la base de preuves insuffisantes . Clifford nous invite à considérer l’histoire d’un armateur qui réalise que son navire est branlant. Cependant, sachant que les réparations seraient coûteuses, il écarte ses inquiétudes et forge la conviction que le navire est sûr et en état de naviguer. Sur la base de cette croyance, il vend des billets aux passagers. Selon Clifford, l’armateur n’a pas le droit de croire que le navire est sans danger en l’absence de preuves et il est blâmable pour cette croyance.

James n’est pas d’accord. Il pense qu’il est parfois permis de former une croyance même si nous n’avons pas de preuves suffisantes. Il soutient même que, parfois, nous sommes obligés de croire sans preuves suffisantes. Par exemple, si une personne reçoit un diagnostic de cancer et apprend dans la littérature psychologique que les malades sont beaucoup plus susceptibles de survivre à cette maladie s’ils croient fermement qu’ils survivront, alors elle devrait le croire, même si les preuves dont elle dispose sont insuffisantes.

Bibliographie

Engel, Pascal  (1995)  “Les croyances”. D. Kambouchner (ed.), Notions de philosophie , vol. 2, Paris : Gallimard , pp. 9-101.

L’une des meilleures introductions en français à la notion de croyance. L’article donne une présentation synthétique et historiquement informée des principaux problèmes dans la philosophie de la croyance.

Cohen, L., Jonathan (1992). An Essay on Belief and Acceptance . Oxford: Oxford University Press.

Une introduction à la distinction entre croyance et acceptation et à sa pertinence pour diverses questions philosophiques.

Williams, B. (1973) “Deciding to Believe”. Dans Problems of the Self . Cambridge: Cambridge University Press.

Un texte classique sur la question de savoir si la croyance est involontaire. Ce texte introduit pour la première fois dans la littérature contemporaine l’idée que la croyance vise la vérité.

Fassio, Davide (2015). “The Aim of Belief”. Dans Internet Encyclopedia of Philosophy . https://iep.utm.edu/beli-aim/

Une introduction récente au débat contemporain sur l’idée que la croyance vise la vérité.

Jackson, Elizabeth G. (2020). “The Relationship Between Belief and Credence”.  Philosophy Compass  15 (6):1–13.

Une introduction brève et accessible à la distinction entre croyance pleine et croyance partielle. L’article explore les relations possibles entre ces attitudes, tant du point de vue descriptif que normatif, et il explique la portée de cette distinction dans les débats philosophiques contemporains.

Gaultier, Benoit (2018) L’immoralité de la croyance religieuse : "L’éthique de la croyance" de William Clifford suivi de "La volonté de croire" de William James . Banc d’essais.

Une nouvelle traduction en français des deux textes classiques de Clifford et de James sur l’éthique de la croyance. Dans l’introduction, Gaultier discute les deux textes dans une perspective religieuse : est-il permis de croire que Dieu existe, même si l’on n’en possède pas de preuves suffisantes ?

Pouivet Roger (2003). Qu’est-ce que croire ? Paris : Vrin.

Une introduction en français centrée sur des questions normatives et d’éthique de la croyance. Un ouvrage court et accessible aux étudiants universitaires et au grand public. Il est accompagné d’un commentaire de textes de Thomas Reid et Ludwig Wittgenstein.

Titre de l'article

Date de publication, other media.

Fassio, David. 2022. « Croyance (GP) ». Maxime Kristanek, L'encyclopédie philosophique , consulté le 26 avril 2024, https://encyclo-philo.fr/

Tutoriel n°8 (dissertation/Terminale) : le plan de la dissertation de philosophie (2/2)

Dans ce nouveau tutoriel sur la dissertation de philosophie, je vous montre comment transformer votre esquisse de plan (cf. Tutoriel n°7 ) en un plan détaillé et quasi définitif, que vous n’aurez plus qu’à développer, pour constituer votre devoir rédigé.

Je vous donne également un exemple de plan, construit sur la deuxième problématique au sujet : « Y a-t-il un devoir de mémoire ? » Mon but est de bien vous montrer qu’il existe différentes manières de réfléchir sur un même sujet de dissertation de philosophie (en partant justement d’une problématique différente), et que vos correcteurs ne s’attendent absolument pas à ce que vous suiviez un chemin tout tracé !

1) Conseils pour présenter votre plan sur votre brouillon

Rédigez les grands titres de vos différentes parties (I, II, III). Puis numérotez les idées qui correspondront à vos paragraphes (§1, §2 …)

Il est important que le grand titre soit rédigé en une phrase ou une question et ne se réduise pas à un simple mot. En effet, cette courte rédaction va guider avec précision votre réflexion : voilà ce que je veux montrer dans mon « grand I », ou ce sur quoi précisément je me questionne. Au contraire, si vous vous contentez d’un mot (« la liberté », « la société »), vous saurez certes de quoi vous allez parler, mais non ce que vous allez dire dessus !

Rédigez, à la fin de chaque grande partie, un paragraphe de transition qui : – récapitule ce qui vient d’être trouvé et apporte une réponse provisoire à votre problématique; – fait rebondir la réflexion par une question, dont la réponse sera l’enjeu de la partie suivante.

IMPORTANT : je rappelle que tous ces titres et toute cette numérotation devront disparaître, dans la rédaction au propre de votre devoir.

2) Quelques astuces, pour vous aider à trouver un plan

1) Si l’un des termes du sujet a des sens différents, vous pouvez construire les parties de votre développement, sur ces différents sens, à condition bien sûr de trouver une progression logique, entre chacun de ses sens, pour éviter la juxtaposition; (cf. mon plan sur la problématique n°1 de « Y a-t-il un devoir de mémoire ? » 2) De même, si le sujet contient un terme interrogateur, qui a plusieurs sens. 3) Vous pouvez penser à une structure « oui, mais… » ou « non, mais… ». Cependant, ne la présentez jamais, sous cette forme (cf. plus bas,mon plan sur la problématique n°2 de « Y a-t-il un devoir de mémoire? »)

3) Le plan finalisé de mon esquisse de plan (sur la problématique n°1)

Si vous n’avez pas lu cette esquisse de plan, lisez-là d’abord dans le Tutoriel n°7

Problématique n°1 : Comment est-il possible de s’obliger à se souvenir de faits passés, alors que notre mémoire semble échapper au contrôle de notre volonté ?

I Il semble impossible de s’obliger à se souvenir de faits passés, parce que la mémoire est tout d’abord une fonction psychologique, liée à ce qui est utile pour nous.

§1 Définition de la mémoire, au sens psychologique : capacité de produire des images mentales de faits passés, auxquels nous avons assisté ou dont nous avons été les auteurs.

§2 Définition du devoir : obligation ou interdit, établi en fonction de la valeur du bien, dans le but de respecter la dignité d’autrui et de soi-même.

§3 L’expression « devoir de mémoire » désigne l’obligation de se souvenir de certains faits historiques, parce que les acteurs de ces faits ont su faire preuve de hautes valeurs morales (sacrifice de soi) ou ont été victimes de comportements inhumains (génocides).

§4 Cependant, il semble doublement paradoxal de parler de « devoir de mémoire », au sens propre du terme : l’obligation de se souvenir de quelque chose. Argument : il semble plus exact de dire qu’il existe une nécessité de mémoire (pour notre survie et notre utilité).

§5 De plus, peut-on s’obliger à se souvenir, si on n’en a pas d’abord la capacité ? (cf. oublis)

§ de transition : Ainsi, il semble que s’obliger à se souvenir soit impossible, parce que la mémoire est une fonction qui nous permet de nous souvenir de ce qui est nécessaire ou utile pour nous et parce qu’elle nous trahit souvent. Mais les faits marquants sont plus facilement mémorisés que les autres ! Or, le devoir de mémoire porte justement sur des faits marquants.

II Pourtant, notre volonté nous oblige bien à un devoir de mémoire, envers certains faits et leurs acteurs, parce que c’est ainsi que nous exprimons notre propre humanité .

§1 Le terme « mémoire » est pris ici au sens moral : commémorations, reconnaissance, réflexion (rendre hommage à la mémoire de). Ce n’est pas la simple restitution d’un souvenir, mais une reconnaissance envers, une réflexion sur : ceux dont on se souvient et, indirectement, la société à laquelle nous appartenons.

§2 Il est possible de nous obliger à nous souvenir : c’est notre volonté elle-même qui nous oblige. Argument : c’est de cette manière que nous exprimons notre propre humanité. Et nous pouvons utiliser des supports matériels, pour nous y aider (archives, témoignages)

§3 Difficulté : le devoir de mémoire ne doit pas se limiter à un simple cérémonial, mais doit s’accompagner de sentiments de reconnaissance ou d’authentique compassion. Or, est-il possible de s’obliger à ressentir de la reconnaissance ou de l’empathie ? Discussion : savoir si le devoir moral doit ou non s’accompagner de sentiments moraux (cf. thèse de la morale kantienne sur les particularités du sentiment de respect moral).

§ de transition. Le devoir de mémoire existe bien, en tant que vrai devoir moral. Un tel devoir marque le respect vis-à-vis de certaines personnes, pour ce qu’elles ont fait ou subi. Cependant, comment faire pour que ce devoir de mémoire ne soit pas dénaturé, pour servir les intérêts de ceux qui gouvernent ?

III Cependant, il faut rester vigilant, afin que le devoir de mémoire reste un vrai devoir moral et ne serve pas les intérêts de ceux qui gouvernent.

§1 Le devoir de mémoire semble d’abord servir les intérêts des dirigeants. Premier argument : commémorations d’événements choisis par les gouvernants et situés plutôt dans un passé récent (on ne commémore pas les morts de la guerre de Cent Ans !)

§2 Deuxième argument : commémorations qui donnent lieu à de grands spectacles, dans lesquels les gouvernants actuels se montrent. Or, l’aspect spectaculaire des commémorations ne doit pas occulter la réflexion sur les causes des faits que l’on commémore. Vrai devoir moral de mémoire passe d’abord par une vraie connaissance historique.

§3 Par conséquent, pour que ce soit notre volonté qui nous oblige, et non les Etats qui conditionnent notre mémoire, il faudrait que chacun institue des commémorations « en privé » (pour ne pas être poussé à faire « comme tout le monde »)

§4 De plus, ces commémorations devraient avoir une portée universelle : elles ne porteraient pas nécessairement sur des événements liés à notre propre pays, mais à la dignité du genre humain. Ex : devoir de mémoire, envers les victimes d’Hiroshima et de Nagasaki ou du génocide rwandais.

4) Le plan finalisé correspondant à la problématique n°2

Rappel de la Problématique n°2 : Y a-t-il un sens à faire porter une obligation morale sur le souvenir de faits passés ?

Mon objectif de réponse en conclusion : je veux montrer que oui, cela a un sens, à condition que ce devoir reste bien un devoir moral et non un prétexte politique.

Rappel des idées trouvées dans le Tutoriel n°6 et ébauche de plan

L’ébauche de plan a été ajoutée en italique.

Idées qui montrent que non, cela n’a pas de sens (Attention ce n’est pas le titre définitif !)

– Une obligation morale porte sur une action en général (ex : « Je ne dois pas voler ») et donc détermine mes actions futures. En effet, elle m’ordonne que mes actions respectent la personne d’autrui. – Faire porter une obligation morale sur un souvenir paraît absurde, car la représentation d’une image mentale ne semble pas avoir d’incidence sur le respect de la personne d’autrui. De plus, elle porte sur la représentation d’un fait passé, que l’on ne peut plus changer (alors que l’action morale que je dois faire a la capacité de modifier la réalité extérieure).

Idées qui montrent que oui, cela a un sens (Attention ce n’est pas le titre définitif !)

– Quelles sont les conséquences morales du devoir de mémoire ? Ce devoir reconnaît la valeur morale des actions faites par d’autres êtres humains (les Résistants, les Justes, etc.), et il s’accompagne de sentiments moraux, comme la reconnaissance ou l’empathie pour ceux qui ont souffert. – Si le devoir de mémoire se limite à un simple cérémonial, il perd sa moralité. – Le devoir de mémoire porte sur des êtres humains qui n’ont pas fait simplement leur devoir moral, pour aider leurs contemporains, mais aussi pour permettre aux générations futures de rester libres, donc pour l’humanité entière. – Ces actions ont une valeur d’exemplarité (« je ferai la même chose, si une situation identique se présente ») – Le devoir de mémoire renforce la mémoire collective et donc la vigilance par rapport à des opinions prônant la violence ou l’intolérance.

Idées montrant les limites du devoir moral de mémoire (Attention ce n’est pas le titre définitif !)

– Limites du devoir de mémoire ? Il peut favoriser une lecture unilatérale de l’histoire (les « bons » dans un camp et les « méchants » dans un autre). Il peut être récupéré par des régimes totalitaires, pour justifier leur politique (ex : Siège de Stalingrad devenu symbole de la lutte contre le nazisme, pour un régime lui-même totalitaire !)

Les grands axes de mon plan

L’esquisse de plan m’a permis de rassembler les idées semblables entre elles, mais l’annonce de chaque partie reste trop formelle. Il faut que je les transforme en intitulés, qui tiennent bien compte du libellé de ma problématique.

Par exemple :

I. L’obligation morale semble n’avoir de sens que si elle porte sur une action et non sur un souvenir. II. Cependant, le devoir de mémoire se présente comme un cas particulier : il s’agit d’un devoir de reconnaissance envers des personnes, dont les actes ont une haute valeur morale. III. Toutefois, ce devoir de mémoire qui est nécessaire, dans toute société, peut être récupéré, pour servir des fins politiques.

Plan détaillé proposé

I. L’obligation morale semble n’avoir de sens que si elle porte sur une action et non sur un souvenir.

§1 Définition de la morale, comme domaine qui juge de la valeur de nos actions, selon les valeurs du bien et du mal et qui nous commande de faire le bien, c’est-à-dire de respecter, dans nos actions, la dignité des autres personnes et de nous-mêmes.

§2 Définition du devoir de mémoire comme devoir qui porte sur le souvenir d’actions faites par d’autres êtres humains, ayant risqué ou sacrifié leur vie, pour sauver d’autres hommes, ou ayant eu à subir des souffrances inhumaines.

§3 Conséquence : le devoir est une obligation qui porte sur une action, parce qu’elle a des conséquences physiques ou psychologiques sur autrui, et non sur un simple souvenir du passé. Argument : la morale a pour rôle du nous faire agir, selon la valeur du bien. Si elle nous ordonne de nous rappeler nos faits passés, c’est pour les juger et nous faire éprouver, soit de la bonne conscience, soit de la mauvaise conscience.

§4 De plus, il semble inutile de nous obliger à nous souvenir d’actes, dont nous ne sommes pas les auteurs. Un tel souvenir ne peut modifier l’action passée. Argument : A contrario, le devoir moral peut me permettre de modifier mon comportement futur, si je décide de lui obéir.

§ transition : Un devoir moral de mémoire semble ne pas avoir de sens, car le propre de la morale est de nous obliger à respecter la personne d’autrui, dans nos actions. Cependant, le devoir de mémoire porte sur des actions qui ont elles-mêmes une haute valeur morale. Ne serait-il pas alors un devoir de connaissance et de reconnaissance envers celles et ceux qui ont accompli ces actions ?

II. Cependant, le devoir de mémoire se présente comme un cas particulier : il s’agit d’un devoir de reconnaissance envers des personnes, dont les actes ont une haute valeur morale.

§1 Le devoir de mémoire nous ordonne de nous souvenir d’actions, commises par des personnes qui ont risqué ou sacrifié leur vie pour d’autres, ou bien de personnes qui ont été victimes d’actes inhumains. En nous souvenant de ces faits et en les commémorant par des cérémonies, nous faisons nous-mêmes preuve de respect, envers ses personnes et leur mémoire.

§2 A l’inverse, rester dans la simple ignorance de ces faits reviendrait à manquer de respect, envers ces personnes. Argument : la morale nous interdit d’utiliser autrui comme un simple objet, un simple moyen. Mais ici, en ignorant l’existence de ces personnes et de ce qu’elles ont fait ou subi, ce serait les considérer comme des « rien ».

§3 Ce devoir de mémoire s’accompagne de sentiments moraux : empathie, pitié, reconnaissance envers des personnes qui nous ont permis aujourd’hui de vivre dans un pays libre (ex : Résistants)

§4 De plus, ce devoir de mémoire a un rôle éducatif : ces personnes « héroïques » et pourtant ordinaires sont pour nous des modèles. Elles peuvent nous inciter à faire nous-mêmes de tels actes, si des circonstances identiques se représentaient.

§5 De même, en renforçant la mémoire collective, le devoir de mémoire rend chacun plus vigilant, par rapport à des faits qui prôneraient l’intolérance.

§ Transition. Ainsi, le devoir de mémoire a bien un sens moral, même s’il porte sur des faits passés et leurs acteurs. Il est d’abord un devoir moral envers ces acteurs et permet de renforcer nos propres exigences morales. Cependant, si le devoir de mémoire est nécessaire à une société, ne peut-il pas être récupéré, pour servir des fins politiques, comme l’histoire le montre ?

III. Toutefois, ce devoir de mémoire qui est nécessaire, dans toute société, peut être récupéré, pour servir des fins politiques.

§1 Le devoir de mémoire, plutôt que d’être au service de fins morales, peut au contraire servir des fins nationalistes. Ex. des années 1920 : devoir de mémoire envers les morts de la Première Guerre Mondiale, pour renforcer la croyance, selon laquelle l’Allemagne était le seul pays responsable de la guerre.

§2 Le devoir de mémoire peut aussi être un outil efficace de propagande, pour des régimes totalitaires. IL permet en effet de détourner l’attention de pratiques peu morales (exécutions, internements dans les goulags en ex-URSS), pour la porter vers l’exaltation des héros de la grande histoire (ex. héros de la victoire de Stalingrad)

§3 Le devoir de mémoire peut aussi être récupéré par des partis politiques (ex. du souvenir de Jeanne d’Arc), pour chercher à légitimer leurs idéaux politiques.

§4 Dans tous ces cas, le devoir de mémoire repose sur une lecture de l’histoire qui n’est pas objective. Il faut donc, pour éviter toute récupération de ce devoir, le faire reposer sur une bonne connaissance des faits historiques (cf. rôle à jouer ici des historiens)

5) Remarques sur la construction de la dissertation de philosophie

Vous voyez donc qu’une dissertation de philosophie s’esquisse et se construit petit à petit. Elle ne consiste pas à attendre que l’inspiration arrive ! Au contraire, c’est en mettant en application de multiples points de méthodologie, que vous parviendrez à la susciter ! Le travail préparatoire (« le brouillon ») sert justement à cela.

Nous en avons fini maintenant, avec le travail de construction, le « gros oeuvre », si je puis m’exprimer ainsi, de votre dissertation. Il nous restera à voir dans les prochains tutoriels des points de détail, « les finitions », qui correspondent à la manière dont vous allez développer votre plan détaillé, pour en faire votre devoir entièrement rédigé : comment développer un argument, comment analyser un exemple et comment utiliser un auteur ?

Mais avant cela, je vous conseille de bien assimiler les consignes vues jusqu’à maintenant et bien sûr de vous exercer ! N’hésitez pas à utiliser la zone de commentaires, plus bas, si vous avez des questions à me poser ou des suggestions à faire !

Voir le sommaire de l’ensemble des tutoriels sur la dissertation de philosophie (en Terminale)

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Croire / Savoir - fiche de philo

Comment expliquer l'opposition entre le savoir et la croyance ? La réponse est dans cette fiche de philo ! 👇

Publié le 16/11/2023 • Modifié le 18/01/2024

Écrit par Julien Valette, professeur de philosophie

plan dissertation philo croyance

Il n’y a pas de Lumniz à gagner car tu as déjà consommé cet élément. Ne t'inquiète pas, il y a plein d'autres contenus intéressants à explorer et toujours plus de Lumniz à gagner.

L'exemple concret

Fama a affirmé sur Instagram que le prof de philo est un infiltré reptilien extraterrestre venu pour espionner les humains. Devant ce post, Kamel demande à Cindy : « tu crois vraiment à ces salades ? » « Je ne le crois pas, je le sais », rétorque la jeune fille. Quelle est la différence ?

Deux modes opposés de relation à la vérité

La philosophie à sa naissance antique se présente elle-même comme logos , discours rationnel en opposition au mythos , croyance mythique . Elle veut comprendre le monde – aussi bien naturel que politique – à partir de ses éléments naturels ou humains, sans recourir à l’action arbitraire des dieux. Ce ne sont pas les dieux qui causent l’orage ou l’arc-en-ciel, mais les nuages ou la diffraction de la lumière dans les gouttes d’eau en suspension dans l’air. Les lois auxquelles les citoyens doivent obéir ne leur sont pas dictées par les dieux, mais viennent du débat public, donc de la raison humaine.

Comment distinguer la croyance du savoir ?       

  • La croyance consiste à accepter de façon immédiate une vérité révélée .
  • Le savoir, au contraire, exige de toute vérité qu’elle soit fondée sur des preuves , c’est à dire qu’elle découle de la médiation   du discours rationnel, d’arguments .

📌Subjectivité de la croyance

Aux preuves rationnelles de l’existence de Dieu, proposées au Moyen Âge par les théologiens Thomas d’Aquin ou Anselme de Cantorbery, Blaise Pascal oppose que la croyance ne peut pas être un savoir : elle repose sur des mécanismes subjectifs, propres à chacun, relevant des sentiments et des émotions . À ce titre, elle demeure inexplicable et incommunicable, sinon par le biais de la persuasion . Kant , lui, établit que les dogmes de la foi ne peuvent être considérés comme des connaissances : ils ne sont pourtant pas étrangers à la raison, puisqu’ils sont des postulats moraux. Il est vain par exemple d’essayer de convaincre un athée, par une démonstration, que Jésus est le fils de Dieu. Cette difficulté de discuter des croyances est la raison pour laquelle elles peuvent parfois conduire à l’intolérance et à la violence.

📌Objectivité du savoir

Le savoir , lui, prétend à l’objectivité  : l’explication rationnelle a pour résultat l’accord des consciences, l’acceptation commune d’une conclusion à valeur universelle . On peut donc être convaincu, par le raisonnement, que la somme des angles du triangle est égale à l’angle plat, quelle que soit notre culture, notre époque, notre sensibilité. ► Ainsi, pour la raison , une croyance ne peut pas être un savoir. On attend donc les preuves de Cindy pour que ce qu’elle affirme soit autre chose qu’une simple opinion, même s’il se peut qu’elle soit vraie...

👉 Retrouve aussi toutes les vidéos sur les notions philosophiques avec la série Les clés de la philo .

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Comment faire un plan de dissertation ?

Comment faire un plan de dissertation de philosophie ? Comment construire une grande partie, une sous partie ou une transition ? Cet article explique la méthode et les erreurs à éviter.

Scan d'une vieille page de cahier lignée, vierge et légèrement rosée

La base : 3 parties, 3 sous-parties

Un plan de dissertation a toujours la même structure : 3 grandes parties, qui contiennent chacune 3 sous parties. C’est le plan le plus courant et bien souvent le seul enseigné. Si en théorie on peut s’en écarter, en pratique ce n’est presque jamais une bonne idée.

Certains professeurs évoquent des plans en 2 ou en 4 parties, mais il est rare qu’ils aillent jusqu’à les utiliser couramment ou à proposer une méthode les concernant. Le plan 3×3 est de fait celui auquel s’attend votre correcteur et le seul vraiment en usage.

Une dissertation de philo contient donc 9 sous-parties. Chacune d’elle contient une idée, quelque chose que vous allez affirmer. Retenez donc que vous n’avez besoin que de 9 idées pour faire une dissertation. C’est à la fois très peu et beaucoup.

Si vous vous préparez un concours comme le CAPES de philosophie, votre plan sera plutôt un 3x3x2. Chaque sous-partie aura alors des sous-sous-parties et il vous faudra 18 idées pour remplir votre devoir.

Construire une grande partie

Voir aussi → Comment trouver la problématique ?

Une grande partie est une section de la dissertation qui étudie le problème posé et tente d’y répondre. Chaque grande partie a une unité, c’est-à-dire une cohérence interne : elle ne part pas dans toutes les directions.

Cette unité s’appuie sur un des points suivants (au moins) :

  • l’aspect étudié dans la partie (moral, esthétique, etc.)
  • la façon dont on l’étudie (point de vue collectif, individuel, etc.)
  • le sens des mots employés

Exemple . En philosophie, on peut aborder l’idée de temps dans son aspect scientifique ou son aspect métaphysique . On peut parler du temps vécu individuellement ou du temps collectif, celui de l’ Histoire . On peut s’intéresser au temps mesuré par les montres… ou au temps comme timing , comme bon moment pour agir.

Si l’on veut que tout ça reste compréhensible, il ne faut parler que d’une seule chose à la fois. Votre grande partie va donc choisir un axe qui fera son unité. Au sein de cette partie, vous ne parlerez que du temps en « ce sens là », et les autres sens seront abordés ailleurs dans la copie. Votre plan étudiera donc 3 axes afin de résoudre le problème posé.

Là encore, les choses sont plus complexes si vous préparez un concours. Vous pourrez choisir un sens du mot pour faire l’unité de la grande partie, et travailler ce sens sous différents points de vue (collectif, individuel) au sein des sous-parties (par exemple).

Construire une sous-partie

Article détaillé → Comment faire une sous-partie ?

Une sous-partie contient 2 éléments : une idée et une raison d’accepter cette idée. C’est la brique de base de votre propos et de votre plan : elle doit affirmer quelque chose clairement, sans détour, et donner une raison de vous croire. En pratique, on commence toujours par trouver des idées et des arguments. C’est seulement après qu’on les range dans des grandes parties. D’où l’importance d’avoir le plus d’idées possibles, pour ne garder que les plus solides philosophiquement.

Ce que vous affirmez dans une sous-partie doit avoir « quelque chose de vrai » auquel vous ne renoncerez pas, même à la fin de votre devoir. Vous ne devez jamais poser une idée et la rejeter complètement trois paragraphes plus loin.

Vous pouvez la nuancer, la préciser ou la critiquer, mais pas l’abandonner à 100%. Une dissertation ne contient que 9 idées : ne perdez pas de temps à parler d’une chose pour dire ensuite que c’était complètement faux.

Construire une progression

Une dissertation de philo est en partie notée sur sa progression. Votre réflexion doit progresser : votre point d’arrivée doit être plus abouti intellectuellement que votre point de départ. Ce que vous affirmez au début va être nuancé, complété et enrichi tout au long du devoir.

Une méthode facile pour créer de la progression est de critiquer ce qu’on a dit plus tôt dans la copie. On s’aperçoit que ce qu’on a affirmé :

  • était un peu trop simple
  • ne prenait pas en compte un point important
  • utilisait un argument insuffisant
  • ou toute autre limite…

Il ne s’agit pas de rejeter ce qu’on a dit, mais de reconnaître que ça n’était pas suffisant, que ça avait des limites. Ce n’était pas faux ou absurde, c’était imprécis ou valable uniquement dans certains contextes, etc.

Un moyen très mécanique de créer de la progression est d’organiser chaque grande partie de la façon suivante :

  • une critique de cette idée
  • une nouvelle idée ou version plus riche de l’idée de départ

Avec cette méthode, vous êtes certain que votre copie progresse. Votre plan est toujours le même, quel que soit le sujet. Vous savez toujours quelle est la structure interne de vos grandes parties.

Bien sûr, cela peut conduire à des copies plus pauvres, car vous n’avez pas autant d’idées originales et variées. Mais pour débuter en dissertation, ça mérite d’être essayé. Vous pourrez ensuite vous améliorer.

Encore une fois, les plans de concours de philo sont un peu différents. Dans un 3x3x2, chaque sous-partie est composée de 2 idées : 1 idée originale (c’est la 1re sous-sous-partie) et 1 critique de l’idée de départ (la 2e sous-sous-partie ).

Faire une transition

La transition est la dernière étape de certaines grandes parties. Après avoir fini la 3e sous-partie, on présente une limite qui justifie qu’on change d’axe, qu’on aborde un nouvel aspect du sujet ou qu’on l’étudie sous un angle différent.

La transition n’est utile qu’à la fin de la 1re et de la 2e grande partie. En fin de 3e grande partie, il n’y en a pas besoin. À ce stade, vous avez déjà tout dit et il n’y a pas de nouvelle grande partie à annoncer. Passez directement à la conclusion .

Notez qu’il n’y a pas besoin de transitions entre les sous-parties d’une même grande partie. Avec la méthode ci-dessus, on passe d’une idée à sa critique, puis au dépassement de cette critique. Il n’est pas utile d’expliquer ce passage au moyen d’une transition : c’est le contenu même de la sous-partie qui fournit l’explication.

Les erreurs à éviter

Ne pas faire de plan . Une dissertation de philo doit résoudre un problème intellectuel. Le plan est le descriptif de chacune des étapes qui mènent cette résolution. Pas de plan = pas résolution.

Travailler sans brouillon . Vous avez un brouillon avec la problématique, les idées, les arguments et les transitions. Vous ne pouvez pas rédiger un texte qui articule clairement 9 idées si vous n’avez pas déjà tous les éléments à portée de main dans un plan détaillé.

Faire un plan de dissertation à 2 ou 4 parties. Ces plan font appel à une méthode profondément différente. Ce ne sont pas des variations du « 3×3 » avec juste une partie de moins ou de plus. Ils sont à proscrire si vous ne connaissez pas leurs méthodes.

Penser en « thèse / antithèse / synthèse » . On résume souvent la structure de la dissertation par cette formule célèbre. La 1re grande partie serait la thèse : on y affirme une idée principale. La 2e partie s’opposerait à cette idée : ce serait l’antithèse. Enfin, le dernier temps réconcilierait les deux en dépassant la contradiction.

Oubliez ce modèle : il est caricatural et empêche de réfléchir sérieusement. Il laisse croire que la dissertation consiste à dire une chose, puis son contraire, et à ensuite bricoler un mélange des deux. Ce n’est pas un hasard si on le ridiculise en disant « thèse / antithèse / foutaise » ou en le réduisant à « oui / non / peut-être ».

De plus, une grande partie n’a pas d’idée principale, de thèse qui ferait l’unité de la partie et qu’on défendrait tout du long des 3 sous-parties. On l’a vu, une grande partie a un axe qui permet d’organiser les idées, pas une sorte de « super-idée » qui serait à la fois partout et nulle part dans la partie.

Donner un titre à ses grandes parties au brouillon . Quand on fait un plan détaillé, on est tenté de donner un titre à ses grandes parties. Ça donne l’impression d’avancer, mais pas du tout. Un titre n’est pas une idée.

Un bon plan détaillé, c’est une phrase qui exprime une idée et en dessous plusieurs phrases qui expliquent pourquoi cette idée est bonne. Quand vous avez ça pour chaque sous-partie, tout est fait.

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Comprendre la notion de laïcité

  • La laïcité, principe inscrit dans la Constitution française, implique la liberté de culte de chacun et la neutralité de l'État vis-à-vis des religions.
  • Elle donne la liberté de conscience, de culte, l'égalité, la fraternité et reconnait le pluralisme.
  • Le principe de laïcité, particulièrement à l'école, est encore aujourd'hui débattu.

La laïcité est, comme l’explique Jean Baubérot :

Si la laïcité, dans son principe, n’est pas hostile aux religions, elle est cependant résolument anticléricale . Victor Hugo oppose, dans son discours à l’Assemblée nationale contre la loi Falloux (1850) la religion (si elle correspond à une option ou à une démarche personnelle et spirituelle) au cléricalisme (qui tend à s'instaurer comme mode de vie) : « je veux la surveillance de l'État, et comme je veux cette surveillance effective, je veux l'État laïque, purement laïque, exclusivement laïque ». Le cléricalisme, selon Victor Hugo, est le parti de « l’ignorance » et de « l’erreur »

C’est encore lui qui « fait défense à la science et au génie d’aller au-delà du missel, et qui veut cloîtrer la pensée dans le dogme ». Victor Hugo s’en prend encore aux clercs, pour avoir persécuté Harvey, parce qu’il avait « prouvé que le sang circulait ». Bodadilla, au nom de saint Paul, emprisonne Christophe Colomb, sous le motif qu’il a « trouvé un monde ». Le 26 août 1789, l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame la liberté religieuse , en stipulant que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi ». Le processus de laïcisation se confirme, avec la proclamation, par la Constitution de 1791, de la liberté de culte (catholique, protestant et judaïque). Est créé le mariage civil . En 1881 et en 1882, les lois établies par Jules Ferry rendent l’instruction obligatoire, instituant l’école publique, gratuite et laïque. La loi de 1905 instaure le principe de séparation de l’État et des églises. Elle assure la liberté de conscience. « La République ne reconnaît, ne finance ni ne subventionne aucun culte », stipule la loi. En 1946, le principe de laïcité est inscrit dans le Préambule de la Constitution. Il consacre à la fois le principe de séparation des pouvoirs politique et religieux, et le respect de toutes les croyances (principe de neutralité de l’État). La laïcité de l’État est confirmée par la Constitution du 4 octobre 1958, dont l’article 1 er stipule que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale (…). Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». On peut noter que la volonté d’inscrire la laïcité dans la Constitution est une spécificité française. En France, l’idée de laïcité reste liée à celle des droits de l’homme, et à celle selon laquelle tout être humain doit être respecté en lui-même , indépendamment de la communauté culturelle, linguistique, ethnique, sexuelle ou religieuse à laquelle il appartient.

La liberté de conscience est l’un des piliers essentiels de la laïcité. Chacun doit pouvoir avoir son opinion, aussi bien d’un point de vue religieux que d’un point de vue politique ou philosophique. Il s’agit, comme le souligne Jean Baubérot, « de concilier les principes de la séparation des églises et de l’État avec la protection de la liberté d’opinion, que garantit en outre la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». C’est donc en premier lieu le libre exercice du culte que garantit le principe de la liberté de conscience. La neutralité de l’État est tout aussi fondamentale. La France ne reconnaît pas, par exemple, de religion particulière, même si le catholicisme est prédominant dans l’histoire et dans la culture françaises. La France, aujourd’hui, l’un des pays les moins religieux d’Europe, se sécularise de plus en plus. Elle doit en outre tenir compte du fait qu’elle abrite la première population musulmane (cinq millions de personnes). Le principe de neutralité implique notamment que toute manifestation d’une conviction religieuse dans le cadre d’un service public soit interdite. Le principe de neutralité implique celui d’ égalité , dans la mesure où, comme nous l’avons déjà signalé, la Constitution affirme l’« égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de race, d’origine ou de religion ». La reconnaissance du pluralisme par l’État laïc, implique que celui-ci assure la protection des cultes minoritaires ; est par conséquent incluse dans le concept de laïcité l’idée que soient reconnus ces cultes. Cela implique le devoir, pour l’État, de les protéger contre toute forme de discrimination. On comprend ainsi que certaines municipalités financent l’établissement de mosquées, de temples ou de synagogues. En contrepartie, les cultes considérés reconnaissent, bien entendu, le droit commun du pays dans lequel ils se trouvent. Le principe de fraternité est censé privilégier ce qui unit et non ce qui divise. Henri Pena-Ruiz écrit :

Toujours selon le même auteur, la laïcité n’est pas une « option spirituelle parmi d’autres ». Sa neutralité doit être positive ; en ce sens, elle ne doit pas être comprise comme « non-croyance », mais comme ce qui permet la coexistence de toutes les religions. C’est en ce sens qu’elle représente la conception dominante des républiques laïques occidentales. Henri Pena-Ruiz affirme que « la perte de sens » qu’elles auraient générées, et que l’on déplore généralement, n’est qu’un prétexte fallacieux, qui permettrait que soient réintroduites les religions dans l’espace public.

L’école laïque répond en premier lieu à l’exigence des Lumières, celle de former et d’ éduquer le citoyen . L’instruction joue à ce titre un rôle politique, puisqu’il s’agit de rendre l’individu autonome, en lui apprenant à penser par lui-même, et en exerçant son esprit critique, ce que Kant met en évidence dans l’opuscule intitulé : Qu’est-ce que les Lumières ? (1784). La laïcité s’est peu à peu imposée dans le cadre de l’ école publique , même si la loi Falloux (1850), a consacré l’existence d’ écoles privées . En 1959, la loi Debré crée les écoles privées sous contrat, ce qui constitue une sorte d’aménagement de la loi Falloux. Les rapports entre le système des écoles privées et l’État sont ainsi encadrés, à travers des obligations réciproques. Le financement de ces écoles est organisé par L’État. Les écoles privées sont, de leur côté, tenues de respecter les mêmes programmes que ceux des écoles publiques ; le respect du principe de la liberté de conscience est obligatoire dans l’enseignement privé. Le projet de nationalisation de l’enseignement, présenté en 1984 par Alain Savary, alors ministre de l’Éducation nationale, est un échec. Les Français se sont montrés particulièrement attachés à ce qu’on appelait « l’école libre » (les écoles privées). Les débats qui ont eu lieu, à la fin des années 80, sur le port de signes religieux à l’école (l'affaire dite du « foulard islamique ») a introduit un débat plus général sur la place de l’islam dans la société française. A été votée en mars 2004, une loi interdisant le port de « signes religieux ostensibles » à l’école. Il faut comprendre qu’il s’agit d’une manière de réaffirmer le principe de laïcité, à travers les principes républicains qui la sous-tendent (parmi lesquels, essentiellement, celui la séparation des pouvoirs politiques et religieux). Pour que la laïcité ne soit pas mise en danger, la religion doit continuer d’appartenir au domaine privé . L’école représente en outre une institution publique nationale fondamentale. Le Conseil d’État, dans un avis de 1989, estime que si le port de signes religieux n’est pas en lui-même incompatible avec le principe de laïcité, il l’est en revanche s’il constitue un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, ou s’il entrave les activités de l’enseignement. La circulaire Bayrou, en 1994, avait établi que « les signes ostentatoires sont des éléments de prosélytisme ». Un décret de 1999 impose que les têtes soient nues sur les photos des pièces d’identité. Le débat sur la laïcité, on le constate, dépasse le cadre de l’école. Un autre principe essentiel est constitutif d’une République : celui de l’ unité de la nation . Pour maintenir le lien qui unit les citoyens d’un même pays, il faut que celui-ci se constitue, à travers ce qui les rassemble ; l’unité ne pourrait être maintenue si chacun revendique que l’on s’attache avant tout à ses particularités ou à la reconnaissance de ses différences. S’il peut être exigé que la diversité des cultures soit respectée, il ne peut être question que les valeurs universelles sur lesquelles l’école est fondée soient niées. L’enseignement du fait religieux à l’école a également, dans un autre registre, suscité de nombreuses polémiques (Régis Debray remet en 2003 un rapport sur « l’enseignement du fait religieux à l’école »). Pour certains, il constitue une négation du principe de laïcité ; pour d’autres, cet enseignement est nécessaire, dans la mesure où l’histoire des religions fait partie de notre culture, et permet de comprendre certains événements historiques, aussi bien que les productions littéraires, philosophiques ou artistiques d’époques données. En fait, il s’agit de savoir, comme se le demande Henri Pena-Ruiz, si on désire faire connaître les « faits », ou valoriser les croyances religieuses.

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La foi religieuse exclut-elle tout recours à la raison ?

Corrigé fait par l'élève. De bonnes idées et références même si les transitions et certains points d'argumentation sont à revoir (notamment pour la conclusion).

Kierkegaard (philosophe danois) pense que c’est la foi, plus que la raison, qui est essentielle. Pascal lui ne voyait d’entrée en religion que par une humiliation de la raison : « c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison ». On connaît aussi la formule de Kant dans la Critique de la raison pure : « j’ai du abolir le savoir pour lui substituer la croyance ». Mais faut-il nécessairement paralyser la raison pour justifier la démarche de la foi religieuse ? Nier la raison, c’est justifier aussi le fanatisme, ce qui est socialement impossible. Il n’est pas nécessaire de concevoir une opposition aussi radicale entre raison et religion. Personne ne peut accepter de remettre son esprit à l’arbitraire. Il faut bien que l’intelligence ait part à l’acte de la foi et que la religion garde un sens aux yeux de la raison. De ce point de vue, la foi religieuse exclut-elle tout recours à la raison ?

I. Foi et raison s'opposent par leur mode de pensée

La foi et la raison sont deux modes de pensée totalement antagoniste. « Qu'est-ce que la foi ? C'est de croire fermement ce que l'on ne comprend pas. » (Marie du Deffand). Ici, nous nous limiterons à la foi religieuse. La religion permet de justifier l’inexplicable pour l’homme et le système logique grâce aux croyances. Par exemple, la Bible explique le commencement de la terre, ce qu'il y a après la mort… La foi religieuse c’est croire en un ou plusieurs êtres suprêmes sans émettre un seul doute. L’ignorance inquiète l’homme, surtout ce qu'il y a après la mort. De ce fait, croire en une religion est rassurant pour ce dernier. Cela est relaté dans l’épitre : « La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. ». Aussi, dans le sens profane, le mot veut dire confiance. Or quand on a confiance en une personne, c’est qu’on est rassuré auprès d’elle. Enfin, la foi religieuse permet à l’homme de continuer à vivre, car si on ne croit en rien, on a plus lieu d’exister. Comme le dit Robert Hossein : « Il faut croire en Dieu pour avoir foi dans les hommes. ».

La raison, elle est une manière de penser précise et non personnelle. Nous considérerons le mot raison dans le sens philosophique. Nous lui donnerons comme synonyme : l’entendement, la logique, l’intelligence, la compréhension…ou comme le dit Descartes « le bon sens ». Cette faculté de l’esprit humain a différent emplois : scientifique, technique et éthique. La raison, c’est le pouvoir de bien juger, c’est-à-dire de distinguer le bien du mal et le vrai du faux grâce a des critères de vérité et d’erreur. Comme le dit Antoine Gombaud, chevalier de Méré dans Maximes, sentences et réflexions morales et politiques : « C'est la raison qui persuade les vertus, comme la foi établit la religion, et la loi le devoir ». De plus selon Leibniz ," Rien n'arrive sans qu'il soit possible à celui qui connaîtrait assez les choses de rendre une raison qui suffise pour déterminer pourquoi il en est ainsi et non autrement. " ( Principes de la nature et de la grâce ). Ce qui nous ramène à dire que le principe de raison, c’est que tout est intelligible. Donc tout ce qui est, a sa raison d'être, tout est réel, tout est rationnel; tout a sa raison suffisante. Leibniz dit aussi que " Jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante qui puisse rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon » ( Théodicée ). La raison est donc suffisante à elle-même car elle réunit la causalité et la finalité. Nous pouvons ajouter que le mot raison vient du latin ratio, traduction problématique du concept grec de logos. Le mot grec et le mot latin signifie parole, discours, théorie, raison …Mais logos est aussi un nom donné à Dieu (L'évangile de Jean dit " Au commencement était le logos "). Donc nous pouvons nous demander si il n’y a pas un lien entre la raison et la foi religieuse.

II. Foi et religion s'opposent sur leur raison d'être

La foi religieuse exclut tout recours à la raison. Par exemple, faire usage de sa raison, c’est tourner le dos à la croyance. La religion est totalement à part de la raison, car ceux sont deux conceptions qui s’opposent. La science et la religion n'abordent pas les mêmes questions : La science décrit les phénomènes, les mécanismes, les principes auxquels nous sommes soumis, en un mot le " comment " de notre existence. La foi, de son coté, s'intéresse aux questions existentielles concernant le sens de notre vie ici-bas et dans l'au-delà, l'existence de Dieu, notre relation avec Lui, en un mot le " pourquoi " de notre existence. Ceci est transcrit dans l’Épitre : « La science et la religion vivent sur deux planètes différentes. L’une appartient à la raison; et pour l'autre, c'est le sentiment... »

La foi religieuse est une confiance absolue qu’on accorde à Dieu, même lorsque la raison n’y saurait donner quelconque appui. Comme le dit Pascal : « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » ou encore Nietzsche : « Quand on a la foi on peut se passer de la vérité. » Or le cœur est le moyen de croire dans la foi religieuse. Aussi, d’après Kierkegaard, la foi est une confiance au delà de ce que la raison peut calculer ou démontrer, a la limite de l’absurde. Benjamin Franklin, nous le dit « le moyen de voir par la foi, c’est de fermer les yeux a la raison »Nous pouvons donc penser comme Blaise Pascal que « C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison. ».

Mais est ce que la foi religieuse et la raison ne sont pas étroitement liées ?

III. La foi religieuse et la raison sont néanmoins complémentaires

La foi religieuse et la raison même, si elles sont parfois opposées, sont souvent réunies. Il y a des fois des possibilités de recours à la raison par la foi. Ceci nous est illustré dans l’exemple des anciens érudits latins. A l’époque latine, les religieux étaient les scientifiques, et la science reliée obligatoirement à la religion. Ou encore, au moyen âge, les mouvements intellectuels et les universités sont entre-tissés avec la vie de l'Église. Les universités sont tenues par des religieux et les penseurs sont aussi théologiens (voir scolastique 1228-1274). Mais encore, pour ce qui est de la vie intellectuelle, n'oublions pas que l'accès au savoir repose sur les lieux d'enseignements et sur les livres recopiés par les clercs. La religion et la foi sont aussi liées par le fait qu’elles ont le même but expliquer le monde. Comme le disait Jean-Paul II : « La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. » ( Fides et ratio, 14 septembre 1998 ).

S'il n'y aurait qu’un seul mode de pensée, c’est-à-dire qu’on penserait que par la religion ou que par la raison on irait à des extrêmes inimaginables. Comme le dit Martin Luther King : Il peut y avoir des conflits entre hommes de religion à l'esprit fragile et hommes de science à l'esprit ferme, mais non point entre science et religion. Leurs mondes respectifs sont distincts et leurs méthodes différentes. La science recherche, la religion interprète. La science donne à l'homme une connaissance qui est puissance ; la religion donne à l'homme une sagesse qui est contrôle. La science s'occupe des faits, la religion s'occupe des valeurs. Ce ne sont pas deux rivales. Elles sont complémentaires. La science empêche la religion de sombrer dans l'irrationalisme impotent et l'obscurantisme paralysant. La religion retient la science de s'embourber dans le matérialisme suranné et le nihilisme moral.

La religion est la raison sont liées car l’une ne peut exister sans l’autre. Samuel Butler le dit dans Extrait de Carnets : « La foi n'est pas une fonction, car en dernière analyse, elle repose sur la raison. La raison n'est pas une fondation, car elle repose sur la foi ». Aussi si il n’y aurait pas la raison nous n’avions pas adhéré à la religion. Spinoza, nous le démontre dans le Traité théologico-politique :" Que si la Raison, en dépit de ses réclamations contre l'Ecriture, doit cependant lui être entièrement soumise, je le demande, devons nous faire cette soumission parce que nous avons une raison, ou sans raison et en aveugle ? Si c'est sans raison, nous agissons comme des insensés et sans jugement; si c'est avec une raison, c'est donc par le seul, et donc si elle contredisait à la raison, nous n'y adhérerions commandement de la raison que nous adhérons pas à l'écriture ." La foi religieuse est donc très liées a la raison, et donc la foi religieuse n’exclut pas tout recours à la religion.

La foi religieuse ne peut exclure la raison, car sans la raison elle n’existerait pas. Mais elle réclame le fait que se sont deux conceptions différentes : l’une fonctionne par la vérité, l’autre grâce aux sentiments. Aussi, pouvons-nous nous demander si la raison peut exister sans la foi religieuse ? Selon moi, non ; car la première cause de tout, la cause absolue est unique et c’est dieu. Comme le dit Saint-Augustin (l’un des pères de l’Eglise) : « credo ut intelligam » (« je crois pour comprendre »)

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La  vérité  (du latin  veritas , « vérité », dérivé de  verus , « vrai ») est la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle cette proposition réfère - La première définition de la vérité repose sur la correspondance entre un énoncé, qui est dit « vrai », et la réalité. La vérité = adéquation entre la réalité et l'homme qui la pense.  Un énoncé est vrai seulement s'il correspond à la chose à laquelle il réfère dans la réalité.

Spinoza Pensées métaphysiques ,  trad. R. Caillois, Gallimard, La Pléiade, pp. 316-317.

La première significatiion de  vrai  et de  faux  semble avoir son origine dans les récits; et l'on a dit vrai un récit quand le fait raconté était réellement arrivé; faux, quand le fait raconté n'était arrivé nulle part. Plus tard, les philosophes ont employé le mot pour désigner l'accord d'une idée avec son objet; ainsi, on appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même; fausse, celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en réalité. Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l'esprit. Et de là on en est venu à désigner de la même façon, par métaphore, des choses inertse; ainsi, quand nous disons de l'or vrai ou de l'or faux, comme si l'or qui nous est présenté racontait quelque chose sur lui-même, ce qui est ou n'est pas en lui.

Qu'est-ce qu'une vérité de fait? 

Hume prend l'exemple du lever du soleil pour établir sa distinction entre vérités de fait et vérités de raison: 

" Les vérités de fait ne sont pas aussi certaines que les vérités de raison :  il n'est donc pas absolument certain que le soleil se lèvera demain, car le contraire n'est pas contradictoir e ." Hume. 

 les vérités de fait sont contingentes et leur opposé est possible

 "Je distingue entre les vérités de fait et les vérités de raison. Les vérités de fait ne peuvent être vérifiées que par leur confrontation avec les vérités de raison, et par leur réduction aux perceptions immédiates qui sont en nous, et dont S. Augustin et M. Descartes ont fort bien reconnu qu'on ne saurait douter ; c'est-à-dire, nous ne saurions douter que nous pensons, et même que nous pensons telles ou telles choses. Mais, pour juger si nos apparitions internes ont quelque réalité dans les choses, et pour passer des pensées aux objets ; mon sentiment est, qu'il faut considérer si nos perceptions sont bien liées entre elles et avec d'autres que nous avons eues, en sorte que les règles des mathématiques et autres vérités de raison y aient lieu : en ce cas, on doit les tenir pour réelles; et je crois que c'est l'unique moyen de les distinguer des imaginations, des songes, et des visions. Ainsi la vérité des choses hors de nous ne saurait être reconnue que par la liaison des phénomènes. Le  critérion  des vérités de raison, ou qui viennent des  conceptions , consiste dans un usage exact des règles de la Logique."

Leibniz ,  Essais de Théodicée , 1710, "Remarques sur le livre de l'origine du mal", GF-Flammarion, 1969, p. 390-391.

Une vérité de raison

Elle est nécessaire et non contingente - un e?nonce? est vrai par ses relations logiques internes. Ex 2+2=4

La raison et la vérité = Le rationalisme : Le rationalisme cartésien « Je pense donc je suis » = cogito ergo sum -

Le rationalisme :

• Définition : c’est une doctrine qui pose que la connaissance relève de la raison. On peut illustrer cette idée avec Brunschvicg : « l’intelligence humaine peut tout comprendre » ou encore, Hegel : « Tout ce qui est réel et rationnel et tout ce qui est rationnel est réel ».

• Le principe de raison suffisante : le rationalisme considère que la raison peut tout comprendre, on peut alors poser une intelligibilité universelle et affirmer que :

1. Tout fait a une cause : principe de causalité.

2. Tout fait a une loi : Principe de déterminisme.

3. Tout fait a une fin : Principe de finalité.

4. Impossible qu’1 chose soit et ne soit pas : Principe de contradiction.

Ainsi Belon le rationalisme, la raison peut tout comprendre selon la cause, le déterminisme, la finalité et la non-contradiction. Le principe de raison suffisante permet de rendre compte de tout et élimine le hasard et la contingence et l’irrationnel.

L’irrationnel :

On définit l’irrationnel comme ce qui est contraire ou inaccessible à la raison. On peut considérer qu’un phénomène qui échappe à la raison comme « les miracles » est un phénomène irrationnel. Nous pouvons élargir la définition et affirmer que l’irrationnel est ce dont la raison ne peut rendre compte à un moment donné comme par exemple le tonnerre dans l’antiquité. Les irrationnels obligent l’homme à reconnaître les limites de la raison et de ce fait, la finitude de l’homme. Si les irrationnels existent alors, la connaissance est relative, la raison ne pouvant comprendre que ce qui lui est accessible. L’irrationnel peut aussi être « ce qui ne procède pas de la raison » comme, l’imagination, la passion.

Le rationalisme cartésien :

Descartes veut fonder une mathématique universelle et cherche en philosophie une vérité dont la certitude serait égale à celle des mathématiques. Il suit le raisonnement mathématique, appelé un raisonnement discursif qui comprend l’intuition et la déduction :

• L’intuition : Selon Descartes suppose l’évidence, c’est une notion simple qui n’est pas déduite mais qui va permettre de déduire les autres notions. L’évidence renvoie chez Descartes à la vérité et la vérité suppose la clarté et la distinction : « ce qui est clair et distinct, ce qui est conçu clairement et distinctement ne peut être faux ». L’intuition est donc claire et distincte donc vraie car les critères de vérité sont selon Descartes la clarté et la distinction : l’évidence.

• La déduction : la déduction par opposition à l’intuition n’est pas évidente. La vérité de la déduction n’est pas immédiate. Elle suppose la certitude de la mémoire. On déduit, on infère une chose d’une autre à partir d’un premier principe connu par intuition donc vrai. Les conclusions sont donc tirées d’autres choses connues avec certitude. Cependant, le premier principe est toujours connu par intuition tandis que les conclusions le sont par déduction.

Comment ce schéma s’applique t’il à la philosophie ? Comment le philosophe peut-il atteindre la certitude mathématique ?

Descartes nous dit que le point de départ en philosophie est le doute qui doit être méthodique, il faut suspendre son jugement et hyperbolique, poussée à l’extrême.

Dans la 2e?me Me?ditation Descartes e?crit : « Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais e?te? de tout ce que ma me?moire remplie de mensonges me repre?sente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra e?tre estime? ve?ritable ? Peut-e?tre rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain. »

D’où l’hypothèse d’un dieu trompeur chez Descartes doublée de la fiction d’un malin génie qui emploierait toute son énergie à nous tromper. Il représenterait donc l’illusion, source d’erreurs pour l’homme qui prend les fictions pour des réalités. L’homme doute et suspend son jugement et c’est dans l’acte de douter que s’affirme le sujet pensant. Ainsi, le malin génie peut me tromper autant qu’il voudra, s’il me trompe, c’est que je suis. « Je doute mais tandis que je doute je ne peux douter que je pense et si je pense, je suis car pour penser, il faut être ».

« Je pense donc je suis » = cogito ergo sum

Nous retrouvons la notion simple, non déduite qu’est l’existence et qui sert à déduire la pensée connue par déduction. Il y a donc une conjonction nécessaire entre ma pensée et mon existence. L’existence est première, « pour penser, il faut être ». L’existence relève de l’intuition et la pensée de la déduction.

L’esprit triomphe du doute. La première certitude est donc « je suis », « j’existe » et à partir de l’existence, on peut déduire la pensée. L’esprit sort du doute. On retrouve donc en philosophie une certitude égale à la certitude mathématique. On peut donc appliquer la déduction à la philosophie.

Ainsi, a? cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu’il n’y avait aucune chose qui fu?t telle qu’ils nous la font imaginer. Et parce qu’il y a des hommes qui se me?prennent en raisonnant, me?me touchant les plus simples matie?res de ge?ome?trie, et y font des paralogismes, jugeant que j’e?tais sujet a? faillir, autant qu’aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j’avais prises auparavant pour de?monstrations. Et enfin, conside?rant que toutes les me?mes pense?es, que nous avons e?tant e?veille?s, nous peuvent aussi venir, quand nous dormons, sans qu’il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me re?solus de feindre que toutes les choses qui m’e?taient jamais entre?es en l’esprit n’e?taient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais, aussito?t apre?s, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout e?tait faux, il fallait ne?cessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette ve?rite? : je pense, donc je suis, e?tait si ferme et si assure?e, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’e?taient pas capables de l’e?branler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.

Descartes , Discours de la me?thode (1637), quatrie?me partie

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A voir également

Le Scepticisme :

Le scepticisme est un courant philosophique du 4ème siècle avant J.C. Le représentant est Pyrrhon, il est impossible d’atteindre une certitude. Rien n’est juste ou injuste, beau ou laid, rien n’existe du point de vue de la vérité… Chaque chose n’est pas plus ceci que cela ». Il n’existe donc que des apparences, c'est-à-dire des phénomènes. Le Doute est donc un point de départ de la sagesse sceptique mais l’homme ne sort pas de ce doute puisqu’il ne peut rien dire sur rien, une chose par exemple n’est pas plus juste qu’injuste, pas plus ceci que cela. Le doute = point de départ + point d’arrivée. Le doute fait que l’homme ne sort pas des apparences ou des phénomènes. A la différence de : Descartes = Doute = point de départ hyperbolique, méthodique mais le doute n’est pas un point d’arrivée. L’homme sort du doute par la vérité indubitable : Il ne doute plus de son existence : « Pour penser il faut être ». • L’existence est première = je ne doute plus de l’existence, c’est une évidence • La pensée, je ne doute plus de ma pensée car elle est déduite de mon existence. Cogito = Vérité indubitable = Point d’arrivée. Selon les sceptiques, il est impossible d’établir une certitude. Les arguments sceptiques : L’argument de la discordance : On ne peut ni approuver, ni réfuter une proposition car les opinions sont variées et en constante opposition. Régression à l’infini : Pour poser une preuve, elle doit être justifiée à partir d’une autre preuve et ainsi de suite à l’infini. L’argument de la relation : il n’y a pas de vérité que relative, les choses en effets ne sont pas appréhendées par elles-mêmes mais relativement à autre chose, la grandeur par rapport à la petitesse.

 La raison ne peut pas tout connaître : un nouvel ordre de connaissance, le cœur 

Pascal oppose la raison, un autre ordre de connaissance : le Cœur. Nous retrouvons dans ses citations la tendance à valoriser le cœur par rapport à la raison : « le cœur a des raisons que la raison ignore ».

Les pensées.

Le penseur affirme qu’il existe une connaissance par les sentiments. La connaissance ne suppose pas seulement la raison, il faut intégrer toutes les puissances de la vie. Il faut admettre une pensée irrationnelle. La rationalité a des limites et se laisse dépasser en particulier par la spiritualité. « La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent » ? Le principe de raison suffisante est donc sacrifié au profit des raisons du cœur.

Dissertation = Y a-t-il un sens à débattre de la vérité ?

Distinctions conceptuelles :

Sens : direction / but, finalité

Vérité / certitude

Débat / doute

Le raisonnement s’organise autour de la relation entre la vérité et la certitude

Reformulation : le débat peut-il aider à trouver la vérité ?

Problématisation : le sujet suggère d’une part qu’il est inutile de débattre de la vérité, car si on a déjà la vérité, à quoi bon la remettre en question dans le débat ? Mais d’autre part il suggère que la discussion philosophique peut permettre de se rapprocher de la vérité, qui est très différente de la certitude.

Plan possible :

I- Il n’y a pas de sens (direction) à débattre de la vérité puisque débattre revient à douter : le débat c’est presque la marche arrière de la vérité, il n’a pas de sens puisqu’il va dans la mauvaise direction

A/ Lorsqu’il y a un débat c’est qu’il n’y a pas certitude. Or la vérité se doit d’être certaine ; donc il n’y a pas de sens à débattre de la vérité puisqu’on sait déjà que ce qui est vrai est certain et ne peut être remis en question. Il est absurde d’en douter.

B/ En effet le doute nous éloigne de la certitude, c’est-à-dire de la vérité. On peut voir avec Descartes, dans ses  Méditations Métaphysiques , qu’il y a en nous des idées nécessairement vraies, innées, telles le « je pense donc je suis ». Or le débat nous éloigne de ces vérités en les remettant en question.

C/ La Vérité se connaît comme Vérité. Pour Hegel, l’Idée absolue est la Vérité, qui se sait telle, toute Vérité ; la vérité qui doute n’est déjà plus vérité, elle est errance, illusion, erreur. La Vérité est ce qui nous éloigne du doute. Débattre nous éloigne de la vérité et nous rapproche du doute.

II- La vérité reste subjective, et différente de la certitude : débattre permet donc de parvenir à une vérité commune grâce aux vertus du dialogue. Il peut y avoir un sens (direction) à débattre de la vérité car, pour utiliser une métaphore géographique, le débat nous  rapproche  de la vérité

A/ le chemin à la vérité est tortueux ; la doute méthodique est une bonne manière d’y accéder. Descartes propose ainsi de douter, non pas de tout, mais de tout sauf des idées claires et distinctes. Méthodiquement rétablir la connaissance en partant du seul postulat que « je pense donc je suis », et voir comme dépasser l’erreur grâce au doute, en ne rétablissant que ce dont je suis absolument certain. Cela peut donc se faire par exemple par un débat suivant une méthode rigoureuse.

B/ Pour Merleau-Ponty, le dialogue est un acte philosophique et phénoménologique très fort par lequel on peut créer un « être-à-deux », c’est-à-dire : une union langagière et intellectuelle de deux êtres qui se rapprochent par là-même d’une vérité plus forte que leurs vérités individuelles, car la vérité du dialogue devient transcendante, surplombante.

C/ le débat contient certes intrinsèquement une forme d’erreur, d’incertitude, de doute, d’errance, etc. Mais on peut trouver la vérité par l’erreur encore mieux que par la certitude. Pour Bachelard, c’est en revenant sur un passé d’erreurs que nous trouvons la vérité. Le doute se fait rétrospection pour mieux nous voir nous-mêmes dans notre vérité.

III- La vérité est contenue dans le fait même de débattre : le débat est non seulement utile mais aussi nécessaire à la vérité. Il y a donc un sens (but, finalité) au fait de débattre de la vérité, puisque c’est précisément la manière par laquelle on peut la trouver.

A/ On peut ici distinguer vérité et certitude. La certitude est connaissance figée ; la vérité quant à elle se situe dans le mouvement perpétuellement renouvelé de la vie. On peut voir avec Bergson que chercher à figer le monde, à lui apposer des grilles de lectures sûres d’elles-mêmes, prédéfinies, ce n’est pas mieux le connaître dans sa vérité mais lui faire défaut. La vérité n’est pas certitude mais débat, elle n’est pas figée mais en perpétuel mouvement.

B/ La vérité est recherche de vérité : en débattant, en discutant, en dialoguant, en partageant les expériences ! Pour Spinoza, l’erreur provient d’un manque de connaissance. On peut alors tenter de définir la vérité dans ce chemin pour combler le manque de connaissance d’où surgit l’erreur. La vérité est quête de soi et de l’autre dans le geste intersubjectif du débat, et non pas certitude de son existence.

C/ Le privilège attribué à la clarté est un préjugé moral, nous dit Nietzsche. Tout se passe comme si le débat était dévalué dans son potentiel créateur, alors même que sans lui, il n’y aurait pas de vérité. Observer le monde dans un filtre clair, sûr, « vrai », c’est se bercer d’illusions et non pas trouver la vérité mais s’en éloigné. Ce n’est pas le débat qui éloigne de la vérité, mais la certitude elle-même.

Faut-il démontrer pour savoir ?

La démonstration est un raisonnement qui permet d’établir la nécessité d’une vérité, elle procède par un enchaînement logique. .

Notre sujet se pose en fait la question de savoir s'il exisste une connaissance fiable? Qu'est-ce qui rend une connaissance fiable? Le savoir est-il le résultat d'une démonstration? Certaines connaissances s'obtiennent elles autrement que par démonstration? Est-ce un passage obligatoire pour connaître? Certaines vérités échappent-elles à la science?

La démonstration : un passage obligatoire pour connaître

La démonstration confère une valeur universelle. Une connaissance est vraie dans tous les cas. Descartes : dans sa quête de vérité propose pour s'élever à une certitude égale à la certitude mathématique, de suivre le modèle scientifique et de s'appuyer sur une méthode mathématique. Il part d'une notion simple et déduit à partir d'une évidence. Il obtient ainsi un savoir clair et distinct qui par définition ne peut-être faux. Le cogito est ainsi le fruit d'un savoir déduit. Pour penser il faut être. L'existence est la notion première non déduite tandis que la pensée en découle. L'existence est la notion simple. Ce qui confère au cogito la vérité indubitable. La démonstration est donc le meilleur moyen d’étendre les connaissances à partir de quelques vérités premières.

La démonstration nous éloigne et nous protège des pseudo-savoirs

Syllogisme : raisonnement logique basé sur trois propositions. Le savoir donné par ce raisonnement est toujours vrai d'un point de vue formel

Tous les hommes sont mortels

Or Socrate est mortel

Donc Socrate est mortel

Même s'il peut-être dans certains cas de figure faux d'un point de vue matériel, il est toujours vrai d'un point de vue formel.

Les limites de la démonstration

L'ascension vers le savoir ne relève pas forcément de la démonstration. On peut citer l'exemple de Platon avec dans la République la visée de l'anhypothétique (savoir qui échappe à la démonstration)

La rigueur mathématique peut avoir quelques limites ainsi que le suggèrent les sceptiques. On parle de pétition de principe, de paralogisme, de régression à l'infini. La faiblesse de la démonstration serait ainsi démontrée.

La démonstration ne serait pas le critère exclusif du savoir, il y a l'expérience.

= savoirs qui, par essence, ne relèvent pas de la démonstration = l'art, la métaphysique, la religion (dans ce cas précis, on parle de vérité révélée). On peut développer avec Pascal pour qui Dieu est caché à la raison et se dévoile au coeur, autre ordre de connaissance.

LE MENSONGE EST-IL ADMISSIBLE EN CERTAINES CIRCONSTANCES ? Faut-il toujours dire la vérité?

LE MENSONGE EST-IL ADMISSIBLE EN CERTAINES CIRCONSTANCES ?  

Qui dit mensonge dit vérité, et qui dit vérité dit mensonge. Ainsi, les deux vont de paires. Le mensonge altère la vérité, trompe l'autre tout en sachant pertinemment que ce qui est énoncé est faux. Le mensonge est donc différent de l'erreur, car celui qui la commet n'a pas conscience de la fausseté de son acte, de sa parole ou de son jugement. Après tout, si nous mentons n'est-ce pas autrement que par choix ? Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances ? Même si le mensonge et la vérité sont liés, ils s'opposent en tous points et ne peuvent coexister ensemble. Est-ce que le mensonge est préférable ou bien est-ce que l'on se doit de dire la vérité ? Nous verrons donc dans une première partie, que parfois le mensonge nous semble être une bonne solution, puis nous montrerons qu'il faut toujours dire la vérité et enfin nous tenterons de trouver un semblant de réponse dans une troisième partie.

 Lire la dissertation

Emmanuel KANT

La ve?racite? dans les de?clarations que l’on ne peut e?viter est le devoir formel de l’homme envers chacun, quelque grave inconve?nient qu’il en puisse re?sulter pour lui ou pour un autre(…). Il suffit donc de de?finir le mensonge, une de?claration volontairement fausse faite a? un autre homme (…) Il est possible qu’apre?s que vous avez loyalement re?pondu oui au meurtrier qui vous demandait si son ennemi e?tait dans la maison, celui-ci en sorte inaperc?u et e?chappe ainsi aux mains de l’assassin, de telle sorte que le crime n’ait pas lieu ; mais, si vous avez menti en disant qu’il n’e?tait pas a? la maison et qu’e?tant re?ellement sorti (a? votre insu) il soit rencontre? par le meurtrier, qui commette son crime sur lui, alors vous pouvez e?tre justement accuse? d’avoir cause? sa mort. En effet, si vous aviez dit la ve?rite?, comme vous la saviez, peut-e?tre le meurtrier, en cherchant son ennemi dans la maison, eu?t-il e?te? saisi par des voisins accourus a? temps, et le crime n’aurait-il pas eu lieu. Celui donc qui ment, quelque ge?ne?reuse que puisse e?tre son intention, doit, me?me devant le tribunal civil, encourir la responsabilite? de son mensonge et porter la peine des conse?quences, si impre?vues qu’elles puissent e?tre. C’est que la ve?racite? est un devoir qui doit e?tre regarde? comme la base de tous les devoirs fonde?s sur un contrat, et que, si l’on admet la moindre exception dans la loi de ces devoirs, on la rend chancelante et inutile.

C’est donc un ordre sacre? de la raison, un ordre qui n’admet pas de condition, et qu’aucun inconve?nient ne saurait restreindre, que celui qui nous prescrit d’e?tre ve?ridiques (loyaux) dans toutes nos de?clarations.

Emmanuel Kant, D’un pre?tendu droit de mentir par humanite?, 1797

Raison, vérité, croyance et opinion - L'allégorie de la caverne Platon la République

“L’opinion  est quelque  chose d’intermédiaire  entre la  connaissance  et l’ignorance” -

L'allégorie de la caverne

 Le monde sensible :

– Maintenant repre?sente toi de

la fac?on que voici l’e?tat de notre nature relativement a? l’instruction et a? l’ignorance.

Figure toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entre?e ouverte a? la lumie?re; ces hommes sont la? depuis leur enfance, les jambes et le cou enchai?ne?s, de sorte qu’ils ne peuvent ni bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chai?ne les empe?chant de tourner la te?te; la lumie?re leur vient d’un feu allume? sur une hauteur, au loin derrie?re eux; entre le feu et les prisonniers passe une route e?leve?e : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux et au dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. Figure toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui de?passent le 

mur, et des statuettes d’hommes et d’animaux, en pierre en bois et en toute espe?ce de matie?re; naturellement parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent. – Voila?, s’e?cria Glaucon, un e?trange tableau et d’e?tranges prisonniers. – Ils nous ressemblent; et d’abord, penses-tu que dans une telle situation ils n’aient jamais vu autre chose d’eux me?mes et de leurs voisins que les ombres projete?es par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?

– Et comment, observa Glaucon, s’ils sont force?s de rester la te?te immobile durant toute leur vie Et pour les objets qui de?filent, n’en est-il pas de me?me ?

–  Sans contredit.

–  Si donc ils pouvaient s’entretenir ensemble ne penses-tu pas qu’ils prendraient pour des objets re?els les ombres qu’ils verraient ?

– Assure?ment.

Platon. La Re?publique, Livre VII

Le monde de la caverne : un monde d’illusions.

Le monde de la caverne, c’est le monde sensible. Ces prisonniers  ne connaissent que « les ombres des choses » Ils prennent le reflet des choses pour les choses elles-mêmes.  Ils sont donc persuade?s qu’il n’existe rien d’autre et que ce qu’ils voient autour d’eux est la re?alite?. Ils vivent dans l’illusion.

=Illusions = ignorances du prisonnier, c'est l'obscurité.

Les prisonniers ne voient que ce qu'il y a en face d'eux, dans le fond de la caverne.

Ils y sont enfermés depuis leur enfance.

Ils ne voient que les ombres des objets sur la paroi de la caverne.

Platon nous parle des prisonniers = les hommes en général

Ils sont enfermés dans l'ignorance. Ils ne voient que les ombres, ils vivent dans l'illusion. Les prisonniers pensent que le monde est le reflet des choses sur la paroi de la caverne. Ils prennent les ombres des choses pour les choses elles-mêmes. Ils n'ont que des apparences.

Ils pensent que ces ombres sont les vérités et pensent qu'il n'existe pas autre chose que ces ombres.

Il en va de même pour les hommes, ils vivent dans l'illusion et prennent les apparences pour les choses elles-mêmes.

Un état d'illusion et d'ignorance = assimilé à une maladie, une souffrance pour le prisonnier.

Libération du prisonnier = Souffrance

Voir la réalité, vérité = sortir de l'illusion Pour Platon le reme?de consiste a? « sortir de la caverne » donc de l’illusion.

La sortie de la caverne ou la de?couverte de la ve?rite?

– (…) Conside?re maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les de?livre de leurs chai?nes et qu’on les gue?risse de leur ignorance. Qu’on de?tache l’un de ces prisonniers, qu’on le force a? se dresser imme?diatement, a? tourner le cou, a? marcher, a? lever les yeux vers la lumie?re : en faisant tous ces mouvements, il souffrira et l’e?blouissement l’empe?chera de distinguer ces objets dont tout a? l’heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu’il re?pondra si quelqu’un lui vient dire qu’il n’a vue jusqu’alors que de vains fanto?mes, mais qu’a? pre?sent, plus pre?s de la re?alite? et tourne? vers des objets plus re?els, il voit plus juste ? Si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l’oblige a? force de questions, a? dire ce que c’est ? Ne penses- tu pas qu’il sera embarrasse?, et que les ombres qu’il voyait tout a? l’heure lui parai?tront plus vraies que les objets qu’on lui montre maintenant ? Et si on le force a? regarder la lumie?re elle me?me, ses yeux n’en seront-ils pas blesse?s? N’en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu’il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernie?res sont re?ellement plus distinctes que celles qu’on lui montre?

– Assure?ment ! – Et si on l’arrache de sa caverne par force, qu’on lui fasse gravir la monte?e rude et escarpe?e, et qu’on ne le la?che pas avant de l’avoir trai?ne? jusqu’a? la lumie?re du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences? Et lorsqu’il sera parvenu a? la lumie?re, pourra-t-il, les yeux tout e?blouis par son e?clat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ? – Il ne le pourra pas, du moins de?s l’abord.

– Il aura je pense besoin d’habitude pour voir les objets de la re?gion supe?rieure. D’abord, ce seront les ombres (…)A la fin j’imagine, ce sera le soleil – non ses vaines images re?fle?chies dans les eaux ou en quelque autre endroit – mais le soleil lui-me?me a? sa vraie place, qu’il pourra voir et contempler tel qu’il est.

– Ne?cessairement ! – Apre?s cela, il en viendra a? conclure au sujet du soleil, que c’est lui qui fait les saisons et les anne?es, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui, d’une certaine manie?re est la cause de tout ce qu’il voyait avec ses compagnons dans la caverne. Or donc, se souvenant de sa premie?re demeure, de la sagesse que l’on y professe, et de ceux qui furent ses compagnons de captivite?, ne crois-tu pas qu’il se re?jouira du changement et plaindra ces derniers? – Si, certes.

Platon. La Re?publique, Livre VII.

Sortir de la caverne va e?tre douloureux et temporairement aveuglant. Il faut se libe?rer des pre?juge?s, des ide?es rec?ues, des illusions qui nous bercent depuis notre enfance. Quand on quitte l’obscurite?, il est impossible de regarder le soleil (la ve?rite?) en face. Il faut une « accoutumance ». Et il s’agit bien su?r d’une me?taphore du chemin que l’homme doit parcourir pour arriver a? sortir de l’illusion et a? acce?der a? la ve?rite?-re?alite?. Au de?part donc, les prisonniers continuent a? conside?rer comme plus re?el les ombres pluto?t que ce qu’ils de?couvrent. Est vrai ce qu’ils ont l’habitude de voir. Idem pour les hommes.

Ainsi a? chaque e?tape de la sortie de la caverne correspond une e?tape du cheminement humain pour atteindre la ve?rite?.

Le passage d'une étape à une autre se fait par la dialectique. Dialogue. La vérité se trouve à deux.

Le retour dans la caverne : le ro?le du philosophe

– Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s’asseoir a? son ancienne place : n’aura-t-il pas les yeux aveugle?s par les te?ne?bres en venant brusquement du plein soleil? Et s’il lui faut entrer de nouveau en compe?tition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n’ont point quitte? leurs chai?nes, dans le moment ou? sa vue est encore confuse et avant que ses yeux ne se soient remis (or l’accoutumance a? l’obscurite? demandera un temps assez long), n’appre?tera-t-il pas a? rire a? ses de?pens, et ne diront-ils pas qu’e?tant alle? la?-haut, il en est revenu avec la vue ruine?e, de sorte que ce n’est me?me pas la peine d’essayer d’y monter? Et si quelqu’un tente de les de?lier et de les conduire en haut, et qu’ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ?

Pourquoi retourner dans la caverne ? A priori cela n’a aucun inte?re?t puisque celui qui en est sorti : – n’est plus dans l’illusion puisqu’il est devenu philosophe (il a de?couvert la ve?rite?) – ne partagera plus la me?me re?alite? avec les prisonniers et ceux-ci ne le croiront pas, le prendront pour un fou ou voudront le tuer. (allusion a? Socrate qui fut condamne? au suicide en buvant la cigue? car ses juges conside?raient que ses ide?es menac?aient la Cite?).

Le prisonnier est devenu philosophe, il contemple le soleil donc il détient les idées elles-mêmes. Il a subi une transformation.

Il est à présent déshabitué à l'obscurité, il vit dans la lumière des idées mais il doit retourner dans la caverne pour guider et aider les autres prisonniers. Il faut libérer les autres = rôle du philosophe = dialoguer (dialectique) avec les hommes prisonniers pour les amener à la lumière.

Examiner philosophiquement l'opinion avec Descartes

Descartes, les Règles pour la direction de l'esprit, III

Problème

Critères de la vérité?

La question de la vérité et de son critère de référence

La vérité est-elle légitime ?

Les problèmes posés :

L'opinion = Doxa. Connaissance dont on ne peut rendre compte

Qu'envisage donc Descartes ?

Il examine tout simplement la possibilité de se référer à un critère qualitatif pour discerner le vrai du faux

Question du relativisme =

A chacun sa vérité ou à chacun son opinion = connaissance relative.

Idée d'un relativisme illustrée par Protagoras, un sophiste « l'homme est mesure de toutes choses », cela signifie que les vérités dépendent des perceptions, des sentiments ou opinions de chacun.

le même vent, qui semble à l'un glacial, peut apparaître tiède à un autre, de sorte qu'il serait à la fois vrai de dire que ce même vent est glacial et, tout à la fois, qu'il est tiède.

Conséquence =

vérité = subjective, relative

Opinions = relativisme du vrai car ce qui est vrai pour moi ne l'est pas nécessairement pour les autres = Scepticisme car dans ces conditions, il est impossible de découvrir une connaissance authentique.

La question du fondement de la vérité ne légitime pas l'opinion et la formule « A chacun sa vérité » qui est un énoncé illégitime.

La vérité doit-être universelle. Chacun ne peut pas avoir sa propre définition du triangle.

Descartes pense que la diversité des opinions est le signe d'un MANQUE DE CONNAISSANCE CERTAINE.

Texte : « chaque fois que sur le même sujet [deux savants] sont d'un avis différent, il est certain que l'un des deux au moins se trompe ; et même aucun d'eux, semble-t-il, ne possède la science : car si les raisons de l'un étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l'autre de telle manière qu'il finirait par le convaincre à son tour ».

Sortir des opinions pour atteindre la science

L'opinion est subjective + incertaine

La science doit-être universelle + démontrée + certaine

«On ne peut rien fonder sur l'opinion», disait Bachelard, mais «il faut d'abord la détruire». L'opinion est, pour la science, «le premier obstacle à surmonter».

Ce sont nos affirmations qui sont vraies ou fausses, mais comment le vérifier ? Suffit-il d’éprouver une certitude pour être dans le vrai ? La certitude est-elle un critère de l’idée vraie ? Comment discerner entre une simple opinion subjectivement certaine, et une véritable idée de la raison ?

Existe-t-il un critère qui permette de différencier un discours vrai d’un discours faux? Et si ce critère n’existe pas, cela nous reconduit-il fatalement au scepticisme ?

La certitude est l’état d’esprit de celui qui se pense en possession de la vérité. Mais  cet état d’esprit est d’autant plus intense que la personne qui l’éprouve est ignorante  ! Mon sentiment de certitude peut découler de mon aveuglement. Il faut dégager un autre critère, moins subjectif.

Elle désigne une disposition de l’esprit. C’est la marque d’un esprit qui adhère sans réserve à une idée, en affirmant sa vérité ou sa fausseté. Dire?: «?je suis certain qu’il ment?» ou «?je suis certain qu’il dit vrai?», est identique, au sens où dans les deux cas tout doute est exclu. La certitude est donc une conviction subjective.

Descartes : l’évidence comme critère du vrai

Si le sentiment de certitude est peu fiable, cherchons un autre critère. Lorsqu’il nous arrive de douter de la vérité d’une idée, nous questionnons assez naturellement les autres. L’opinion d’autrui doit confirmer ou infirmer la mienne. Lorsque je veux être sûr d’avoir raison,lorsque je n’en crois pas mes yeux,  j’interroge ceux du voisin. Le critère de la vérité serait l’accord des esprits.

Qu’est-ce que cela signifie? Quand on questionne les autres, on présuppose implicitement que la vérité est la même pour moi et pour autrui, donc unique.

C’est en creusant ce caractère d’unicité de la vérité que Descartes dégagera le critère de l’évidence, qui englobe alors l’unicité et l’universalité de la notion de vérité.

L’unicité de la vérité

Descartes :

« Dans les sciences, en effet, il n’y a peut-être pas une question, sur laquelle les savants n’aient été souvent en désaccord. Or, chaque fois que sur le même sujet deux d’entre eux sont d’un avis différent, il est certain que l’un des deux au moins se trompe ; et même aucun d’eux, semble-t-il, ne possède la science : car, si les raisons de l’un étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l’autre de telle manière qu’il finirait par le convaincre à son tour.»

« Nous voyons donc que, sur tout ce qui ne donne lieu qu’à des opinions probables, il est impossible d’acquérir une connaissance parfaite, parce que nous ne pouvons sans présomption espérer de nous-mêmes plus que les autres n’ont fait, en sorte que, si notre raisonnement est juste, il ne reste de toutes les sciences déjà connues que l’arithmétique et la géométrie, auxquelles l’observation de cette règle nous ramène. »

Descartes,  Règles pour la direction de l’esprit

Descartes affirme ici le présupposé de l’unicité de la vérité: si deux esprits dotés de raison ne parviennent pas à tomber d’accord, c’est qu’aucun des deux ne possède la vérité. En même temps il affirme l’universalité de la raison: « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée».

La seule chose que l’on puisse établir, c’est que le désaccord, et donc la multiplicité des « vérités », est un indice qui parle en faveur de l’absence de vérité, la vérité étant à même de convaincre tous les hommes capables de raisonner. Descartes réserve la notion de vérité aux mathématiques, modèle de toute vérité.

Mais si l’unicité de la vérité est un  caractère de la vérité , ce n’est pourtant  pas un critère : la vérité est unique, mais tout ce qui est unique n’est pas vrai.

foi, opinion savoir, objectivité et subjectivité ;conviction et persuasion. Kant Critique de la Raison Pure -Alain sur la croyance

« Tenir quelque chose pour vrai [la croyance] est un fait de notre entendement qui peut reposer sur des principes objectifs, mais qui suppose aussi des causes subjectives dans l’esprit de celui qui juge. Quand cet acte est valable pour chacun, pour quiconque du moins a de la raison, le principe en est objectivement suffisant, et c’est alors la conviction. Quand il a uniquement son principe dans la nature particulière du sujet, on le nomme persuasion. La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement, qui réside simplement dans le sujet, est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n’a-t-il qu’une valeur individuelle, et la croyance ne s’en communique-t-elle pas. Mais la vérité repose sur l’accord avec l’objet, et par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tous les entendements doivent être d’accord. La pierre de touche servant à reconnaître si la croyance est une conviction ou une simple persuasion est donc extérieure : elle consiste dans la possibilité de la communiquer et de la trouver valable pour la raison de chaque homme ; car alors, il est au moins présumable que la cause qui produit l’accord de tous les jugements, malgré la diversité des sujets entre eux, reposera sur un principe commun, je veux dire sur l’objet, et que, tous s’accordant ainsi avec l’objet, la vérité sera prouvée par là même. La persuasion ne peut donc pas se distinguer subjectivement de la conviction, si le sujet ne se représente la croyance que comme un phénomène de son propre esprit ; l’épreuve que l’on fait sur l’entendement d’autrui des principes qui sont valables pour nous, afin de voir s’ils produisent sur une raison étrangère le même effet que sur la nôtre, est un moyen qui, bien que purement subjectif, sert, non pas sans doute à produire la conviction, mais à découvrir la valeur toute personnelle du jugement, c'est-à-dire à découvrir en lui ce qui n’est que simple persuasion. Si nous pouvons en outre expliquer les causes subjectives du jugement, que nous prenons pour des raisons objectives, et par conséquent expliquer notre fausse croyance comme un phénomène de notre esprit, sans avoir besoin pour cela de la nature de l’objet, nous découvrons alors l’apparence, et nous ne serons plus trompés par elle, bien qu’elle puisse toujours nous tenter jusqu’à un certain point, si la cause subjective de cette apparence tient à notre nature. Je ne saurais affirmer, c'est-à-dire exprimer comme un jugement nécessairement valable pour chacun, que ce qui produit la conviction. Je puis garder pour moi ma persuasion, quand je m’en trouve bien, mais je ne puis ni ne dois vouloir la faire valoir hors de moi. La croyance, ou la valeur subjective du jugement par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l’opinion, la foi et le savoir. L’opinion est une croyance qui a conscience d’être insuffisante subjectivement aussi bien qu’objectivement . Quand la croyance n’est suffisante que subjectivement, et qu’en même temps elle est tenue pour objectivement insuffisante, elle s’appelle foi. Enfin celle qui est suffisante subjectivement aussi qu’objectivement s’appelle savoir. La suffisance subjective s’appelle conviction (pour moi-même), la suffisance objective, certitude (pour chacun). »

  Kant – Critique de la Raison Pure – Méthodologie Transcendantale, Canon de la raison pure.

Croyance : c’est le mot qui de?signe toute certitude sans preuve. La foi est la croyance volontaire. La croyance de?signe au contraire quelque disposition involontaire a? accepter soit une

doctrine, soit un jugement, soit un fait. On nomme cre?dulite? une disposition a? croire dans ce sens infe?rieur du mot.

Les degre?s du croire sont les suivants. Au plus bas, croire par peur ou par de?sir (on croit aise?ment ce qu’on de?sire et ce qu’on craint). Au- dessus, croire par coutume et imitation (croire les rois, les orateurs, les riches). Au-dessus, croire les vieillards, les anciennes coutumes, les traditions. Au-dessus, croire ce que tout le monde croit (que Paris existe me?me quand on ne le voit pas, que l’Australie existe quoiqu’on ne l’ait jamais vue). Au-dessus, croire ce que les plus savants affirment en accord d’apre?s des preuves que la terre tourne, que les e?toiles sont des soleils, que la lune est un astre mort, etc.). Tous ces degre?s forment le domaine de la croyance. Quand la croyance est volontaire et jure?e d’apre?s la haute ide?e que l’on se fait du devoir humain, son vrai nom est foi

Alain sur la croyance

L’expérience peut-elle être trompeuse ? Peut-elle alors conduire à une vérité scientifique ?

Distinctions conceptuelles:

Expérience / connaissance

Vérité / erreur

Pouvoir / devoir

Le raisonnement s’articule autour de la possibilité (ou non) d’accéder à la connaissance par les sens.

Reformulation :  peut-on connaître par l’expérience ?

Problématisation :  le sujet suggère d’une part que l’expérience ne permet pas d’accéder à la connaissance. Mais d’autre part il semble dire qu’elle est au moins en un sens nécessaire.

I- L’expérience n’est pas trompeuse : elle est notre première manière d’appréhender le réel

A/ Pour Locke, la première source de connaissance est la sensation. C’est la philosophie empirique : l’expérience est ma porte d’entrée dans le réel, que je connais pas la vue, le toucher, le goût, l’odorat… par l’expérience sensible et physique que j’en fais

B/ Spinoza, qui distingue les différentes formes de connaissance, inclut l’expérience parmi elles. C’est une manière (comme une autre?) de percevoir le monde.

C/ L’expérience peut être considérée comme la  seule  manière de connaître le monde. C’est la pensée de Berkeley, philosophie immatérialiste : l’expérience sensible est la seule manière certaine d’appréhender le réel.

II- Toutefois l’expérience peut-être trompeuse. Elle nous donne des clés pour comprendre le monde mais ne permet pas la certitude. Il faut dépasser l’expérience.

A/ L’expérience est certes nécessaire, mais elle n’apporte pas les idées. Il faut donc la dépasser. C’est ce que propose Leibniz.

B/ Nos sens peuvent nous donner l’illusion d’être source de certitude, mais en fait ils sont trompeurs. C’est ce que propose de voir Descartes dans ses  Méditations Métaphysiques.

C/ Platon, philosophe antique, propose de s’affranchir des apparences pour atteindre la vérité. Il y a une vérité (la seule vérité possible) au-delà du sensible, qui nous trompe. Cf le mythe de la caverne et les ombres sur les murs, qui sont une expérience trompeuse, fausse, qui induisent en erreur.

III- Toutefois on peut réhabiliter l’expérience : elle est trompeuse mais demeure nécessaire. On ne peut atteindre la vérité avec la seule certitude : il faut lui ajouter le doute, l’hésitation, l’expérimentation.

A/ Pour Bachelard par exemple, le fait scientifique est entièrement théorique. L’expérience joue un rôle très important dans l’accès à la vérité scientifique. L’expérimentation scientifique ne peut se faire sans erreur. C’est par l’erreur que je progresse.

B/ Les idées jouent un rôle régulateur. Autrement dit elles sont nécessaires mais l’expérience aussi. L’une comme l’autre ne peuvent exister seules. Pour Husserl les idées doivent guider la théorie. Ainsi l’expérience peut-être trompeuse, certes ; et c’est pour cette raison qu’il faut lui adjoindre les idées.

C/ Même Descartes, qui critique l’expérience, en fait son point de départ pour construire sa théorie de la vérité : la première certitude c’est l’expérience que je fais de mon existence. Cogito ergo sum, je pense donc je suis. A partir de cette certitude on peut refonder la connaissance du monde. L’expérience et la part de doute qui lui est intrinsèque sont trompeurs, mais nécessaires pour accéder à la vérité.

Lecture d'un texte de Hume

Pour Hume la connaissance se construit sur le fait que nous ge?ne?ralisons ce que nous observons (C‘est une de?marche inductive) Toutes nos ide?es simples sont la copie d’une impression ; elles proviennent donc toutes de l’expe?rience :

“Ce qu’on n’a jamais vu, ce dont on n’a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir; et il n’y a rien au-dessus du pouvoir de la pense?e, sauf ce qui implique une absolue contradiction.

Mais, bien que notre pense?e semble posse?der cette liberte?, nous trouverons, a? l’examiner de plus pre?s, qu’elle est re?ellement resserre?e en de tre?s e?troites limites et que tout ce pouvoir cre?ateur de l’esprit ne monte a? rien de plus qu’a? la faculte? de composer, de transposer, d’accroi?tre ou de diminuer les mate?riaux que nous apportent les sens et l’expe?rience. Quand nous pensons a? une montagne d’or, nous joignons seulement deux  ide?es compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant. Nous pouvons  concevoir un cheval vertueux; car le sentiment que nous avons de nous-me?mes nous  permet de concevoir la vertu; et nous pouvons unir celle-ci a? la figure et a? la forme d’une cheval, animal qui nous est familier. Bref, tous les mate?riaux de la pense?e sont tire?s  de nos sens, externes ou internes ; c’est seulement leur me?lange et leur composition qui  de?pendent de l’esprit et de la volonte?. Ou, pour m’exprimer en langage philosophique , ainsi toutes nos ide?es ou perceptions plus faibles sont des copies de nos impressions, ou   perceptions plus vives."  

David Hume, Enque?te sur l’entendement humain (1748), section II 

 Si « toute notre connaissance de?bute par l’expe?rience, cela ne prouve pas qu’ « elle de?rive toute de l expe?rience »  Kant

Que toute notre connaissance commence avec l’expe?rience, cela ne soule?ve aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connai?tre pourrait-il e?tre e?veille? et mis en action, si ce n’est par des objets qui frappent nos sens et qui, d’une part, produisent par eux-me?mes des repre?sentations et d’autre part, mettent en mouvement notre faculte?

intellectuelle, afin qu’elle compare, lie ou se?pare ces repre?sentations, et travaille ainsi la matie?re brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu’on nomme l’expe?rience ? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissance ne pre?ce?de en nous l’expe?rience, c’est avec elle que toutes commencent.

Mais si toute notre connaissance de?bute avec l’expe?rience, cela ne prouve pas qu’elle de?rive toute de l’expe?rience, car il se pourrait bien que me?me notre connaissance par expe?rience fu?t un compose? de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connai?tre (simplement excite? par des impressions sensibles) produit de lui-me?me.

Emmanuel Kant, Critique de la Raison pure, 1787

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Date de dernière mise à jour : 01/08/2023

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La Croyance. Dissertation Philosophique

Par Hytra   •  30 Mars 2015  •  2 317 Mots (10 Pages)  •  5 039 Vues

La croyance, une science aveugle, ou source de connaissances ? Ce fait de croire se traduit par plusieurs définitions, mais dans le cas du sujet de cette dissertation, nous retiendrons une seule définition. Une croyance reste essentiellement un acte de tenir pour vrai une quelconque information affirmative, principale point commun avec le savoir. Mais ce point commun suffit-il afin de les placer sur la même ligne d’horizon ?. Ils apparaissent comme contradictoires, semblable mais tellement différent, un vrai paradoxe.

Nous verrons donc s’il y a un intermédiaire, c'est-à-dire un événement qui est placé entre deux termes, donc qui occupe une situation moyenne entre ignorer et savoir. Pourtant si la croyance s'oppose au savoir, elle ne s'oppose pas moins à l'ignorance. Mais la croyance est une ignorance qui s’ignore, donc elle n'est pas une ignorance.

Si on définit l'ignorance comme une absence de savoir alors on doit donc en déduire que la croyance n'est pas une complète absence de savoir. Elle serait plus qu'une ignorance et moins qu'un savoir, comme un centre entre deux points diagonalement opposés.

Ou bien, la croyance constituerait un intermédiaire, voir un degré pour accéder au savoir ? Car elle n'est pas une ignorance. Ou bien la croyance ne sera jamais un intermédiaire mais un obstacle à abattre pour accéder au savoir. Plateforme d’accès où mur infranchissable ?

Dans une première partie, nous verrons que la croyance est un intermédiaire, voir un degrés entre l'ignorance et le savoir, puis dans une deuxième partie, nous expliquerons en quoi la croyance est un obstacle à éradiquer pour parvenir au savoir. Finalement, nous démontrerons qu'aucune croyances ne peut-être le milieu entre l'ignorance et le savoir.

Rien de ce qui relève de la croyance ne relève du savoir. La croyance est extérieur à ma raison donc elle constitue le premier obstacle pour accéder au savoir mais elle ne s'oppose pas moins à l'ignorance, qui elle, est une absence totale de savoir. Donc la croyance à quelques connaissances, elle pourrait alors devenir un degré, voir un moyen pour accéder au savoir.

Le mouvement, qui se définit par le fait d'être ce qu'il est et ce qui n'est plus ce qu'il est, un acte flou qui dès qu’il atteint son point disparait aussitôt. La science est en mouvement, donc elle est un savoir. Elle l'est et à la fois elle ne l'est plus.

Dieu est totalement ce qu'il est de manière absolu donc il n'est pas en mouvement alors que le soleil est en mouvement mais il constitue une science certaine et indubitable.

Le philosophe est clairement définit par celui qui recherche ardemment la sagesse et c'est parce qu'il recherche celle-ci, qu'on dit qu'il recherche la vérité. Alors que les hommes qui recherche le divertissement ou qui recherchent des choses qu'ils perçoivent avec leur sens, qui nous trompent car ils reposent seulement sur une certitude sensible, alors ils croient.

Le philosophe, lui, observe , contemple mais reste en retrait, il garde de la distance par rapport à ce qu'il contemple, alors il peut prétendre au savoir. Selon Pythagore, il y a trois sortes d'hommes qui vont aux jeux olympiques, mais nous nous pencherons seulement sur un cas. Il y a le spectateur, qui recherche la contemplation, l'admiration et le philosophe, qui fait partie des spectateurs mais qui garde de la distance sur ce qu'il contemple. Le spectateur recherche le beau spectacle, c'est-à-dire les belles choses alors que le philosophe recherche la vérité et la sagesse, c'est-à-dire le beau-lui-même, qui ne peut pas être contemplé par le moyen des sens.

Alors le spectateur reposerait sur les choses sensibles donc sur des croyances et le philosophe, sur des choses intelligibles, qui mèneraient au savoir.

Le spectateur prétend aux sciences de ce qui semble donc à des croyances et le philosophe pourra prétendre au savoir de ce qui est réellement. La thèse centrale serait: ce qui est totalement est totalement connaissable alors que ce qui est aucunement est totalement inconnaissable.

Si l'on divise cette thèse, elle se transformerait en 3 petites thèses. La première serait, connaître est toujours la connaissance de quelque chose, la deuxième serait, connaître c'est connaître quelque chose qui est et la troisième, c'est connaître quelque chose qui est mais qui pour cette raison est absolument connaissable.

Être signifie toujours exister, pour les grecs. Plus quelque chose existe, plus elle est réel et plus elle sera connaissable.

Dans ce cas-là, être serait du côté du réel et le savoir serait du côté du discours. L’existence est donc une connaissance par sa seule présence.

Selon Platon, on ne pourrait pas connaître quelque chose qui ne serait pas réel. On peut croire qu'on sait mais ce n'est pas savoir que l'on sait. L'étude de l'être est appelée l'ontologie et celle du savoir s'appelle l'épistémologie. Il y a plusieurs degrés d'être, et pour chaque degré d’être, il y a un degré de savoir correspondant. Le savoir varie en fonction directe de l'existence. La science physique étudie les êtres qui sont en mouvement, selon Platon, ils ne pourront jamais devenir une science et le mouvement correspond, dans le régime épistémologique, à une croyance.

Mais si la croyance est un degré pour aboutir au savoir, elle serait donc un intermédiaire entre ignorer et savoir. Mais l'opinion est un type de croyance, qui est reçu de l'extérieur dont l'origine est extérieure à la raison.

Ces opinions font obstacle à la recherche du savoir, alors la croyance serait un obstacle à éliminer pour accéder au savoir.

La recherche du savoir va passer au travail du doute, car douter c'est arriver à outrepasser et défaire des opinions qui habitent l'esprit et qui on était forgés sans le consentement de la raison.

Le temps de la méditation va engager trois ruptures de la vie ordinaire. La première c'est le lien social, car on est soumis à la pression du milieu.

Ces règles sont toujours là avant nous, ça s'appelle la culture, ce sont nos droits subjectifs. Le temps du doute c'est la solitude, le retrait vis-à-vis du monde.

La deuxième rupture est l'action, car dans la vie ordinaire, l'esprit est toujours accaparé, capté et absorbé par ce que l'on

COMMENTS

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    Elle permet de définir les termes du sujet et d'annoncer le plan. Dans l'introduction d'une dissertation de philosophie, on retrouve ces éléments : la phrase d'accroche (amorce) ; l'énoncé du sujet ; la définition termes et reformulation du sujet ; la problématique ; l'annonce du plan.

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  3. Cours de philosophie sur la Croyance

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  9. Introduction d'une dissertation de philosophie

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    Accueil. Philosophie niveau bac 2024. La connaissance, bac de philosophie 2024= La raison - Démonstration-Interprétation- Matière,esprit- Vérité, science. La connaissance. La raison,la vérité = Le rationalisme- Croyance et opinion- L'empirisme-Dossier le réel et le virtuel. La connaissance.

  22. La science fait-elle disparaître les croyances

    La science semble s'opposer à la croyance. En effet, lorsque l'homme possède une croyance, il adhère à une explication que la raison ne peut justifier. La croyance repose sur une insuffisance de preuve et conduit à affirmer quelque chose dont nous ne sommes pas certains. En ce sens, la science aurait pour effet indirect de faire ...

  23. La Croyance. Dissertation Philosophique

    Recherche parmi 298 000+ dissertations. Par Hytra • 30 Mars 2015 • 2 317 Mots (10 Pages) • 5 022 Vues. La croyance, une science aveugle, ou source de connaissances ? Ce fait de croire se traduit par plusieurs définitions, mais dans le cas du sujet de cette dissertation, nous retiendrons une seule définition.